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Cinéma : ‘‘Un divan à Tunis’’, une comédie sociale drôle et juste

Golshifteh Farahani et Majd Mastoura.

‘‘Un divan à Tunis’’, premier long-métrage de la jeune cinéaste franco-tunisienne Manele Labidi est en moment dans les salles de cinéma tunisiennes. Une comédie sociale subtilement critique et délicieusement drôle, avec l’immense star internationale Golshifteh Farahani.

Par Fawz Ben Ali

Le film était d’abord sorti en France le 12 février 2020 et au bout de deux semaines seulement a pu attirer plus de 200.000 spectateurs. «Le film est très bien accueilli en France», confirme l’ambassadeur français Olivier Poivre d’Arvor lors d’une première projection à l’Institut français de Tunisie (IFT) ; «J’ai d’ailleurs eu du mal à trouver une place quand je suis allé le voir à Paris», souligne-t-il.

Un premier film et déjà dans la cour des grands

‘‘Un divan à Tunis’’ avait été projeté dans la sélection parallèle «Diaspora» lors des dernières Journées cinématographiques de Carthage (JCC 2019) et dans de nombreux festivals internationaux comme la Mostra de Venise où il avait décroché le Prix du public. Une belle consécration pour une jeune cinéaste qui début avec un tout premier film fortement acclamé par la critique et les médias étrangers, d’autant plus que Manele Labidi a réussi à inviter sur son plateau de tournage la sublime actrice iranienne à la renommée internationale Golshifteh Farahani que les cinéastes s’arrachent et qui a vite accepté ce rôle, séduite par le scénario écrit par la jeune cinéaste franco-tunisienne.

Après avoir longtemps vécu en France, Salma -jeune femme moderne et intellectuelle- rentre à Tunis pour ouvrir un cabinet de psychanalyse, mais la pression de sa famille et les interminables procédures administratives ne lui facilitent pas la tâche.

Nous sommes au lendemain de la révolution du 14 janvier 2011; Salma, la trentaine, au visage ténébreux et à l’attitude désinvolte, fille de parents immigrés décide de faire le voyage à l’envers et de renouer avec son pays natal qu’elle avait quitté à l’âge de 10 ans, dans l’espoir de retrouver un sens à sa double identité et de retrouver un semblant d’ancrage social, face à l’accueil sceptique de ses proches. «Qu’est-ce-que tu reviens faire ici alors que tout le monde rêve de foutre le camp ?», lui-lance-t-on.

Un film d’auteur et grand public

Incarnant cette jeunesse pleine d’espoir, Salma est prête à tout pour réaliser son rêve, quitte à ouvrir son cabinet avec le peu de moyens qu’elle a, sur le toit d’un vieil immeuble dans un quartier populaire d’Ezzahra, dans la banlieue sud de Tunis. Mais la réalité s’avère beaucoup plus compliquée qu’elle ne l’avait imaginée; la jeune psychanalyste est vite confrontée à un système administratif défaillant et corrompu et des fonctionnaires oiseux. Salma tombe de haut, elle devra suspendre ses activités jusqu’à ce qu’elle puisse avoir son autorisation de libre pratique, chose qui s’avérera de l’ordre du quasi impossible.

‘‘Un divan à Tunis’’ est un film d’auteur mais grand public, drôle et intelligent à la fois, car Manele Labidi réussit aussi bien au niveau de l’écriture que de la réalisation à maintenir un juste équilibre entre l’humour et la critique, toujours sur un ton léger. Les situations et les dialogues véhiculent subtilement des messages forts et des critiques sous-texte, ce qui ne nous empêche pas de rire quasiment du début à la fin du film.

Salma est là pour écouter au moment où la parole vient de se libérer après des décennies de silence sous la dictature. La réalisatrice tend un miroir à une société pleine de contradictions à travers une panoplie d’acteurs (Majd Mastoura, Feriel Chamari, Jamel Sassi, Aïcha Ben Miled, Ramla Ayari, Najoua Zouhair, Hichem Yacoubi…) qui donnent de l’étoffe et du relief à des personnages intelligemment construits, usés par les traditions et la crise économique, qui viennent raconter sur ce divan leurs peines, leurs doutes et leurs aspirations.

Sur fond d’une Tunisie en quête d’un équilibre politique et identitaire, ‘‘Un divan à Tunis’’ est une immersion dans l’intimité d’hommes et de femmes de tous les horizons et de toutes les classes sociales, apportant chacun un bout d’histoire qui vient compléter un tableau global et coloré de la société tunisienne post-révolution.

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