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Covid-19 : Un mois après, la situation en Tunisie reste fragile

Attroupement, hier, devant les bureaux de poste.

Le premier cas de coronavirus (Covid-19) en Tunisie a été signalé le 4 mars 2020, il y a donc 30 jours. Le bilan de ces 30 jours demeure mitigé, malgré les mesures prises plus précocement que la plupart des pays européens.

Par Faouzi Addad *

Nous allons dépasser, aujourd’hui, les 500 cas détectés, soit pour 100.000 habitants, c’est 5/1000, cela représente un taux de contamination de 0,5% en Tunisie (contre 5,96 cas en Chine et 89,98 cas en France). Mais, par ailleurs, nous notons une accélération de la mortalité (4 nouveaux décès en 24h), sur un total de 18 décès (paix à leurs âmes).

Cela montre que nous sommes encore dans une situation fragile malgré le confinement total décrété le 22 mars. Les 10 prochains jours pourrait basculer vers une mortalité exponentielle si nous ne renforçons pas les mesures de confinement.

L’image des foules devant les bureaux de poste hier, vendredi 3 avril, ne peut que nous inspirer des inquiétudes quant au risque d’une flambée de nouveaux cas dans les 8 prochains jours. Mais je ne voudrais pas blâmer ces personnes qui sont dans des conditions très précaires et qui risquent de mourir de faim plus que du Covid-19 (qui n’est pas vraiment leur souci).

On risque de perdre la 2e bataille

Cette foule était prévisible et des mesures de distanciation auraient pu être imposées par les forces de l’ordre avec la distribution systématique de masques ou une distribution des aides sociales à domicile ou par quartier. Si on ne renforce pas la présence des forces de l’ordre sur les routes et les sanctions en cas d’infractions, on risque malheureusement de perdre la 2e bataille.

Il ne faut pas oublier aussi que 40 Tunisiens sont officiellement décédés (paix à leurs âmes) par le Covid-19 en France. Je pense que ces Tunisiens résidant à l’étranger sont oubliés dans nos communiqués officiels et cela m’attriste.

Une pensée également pour notre ancien ministre du Tourisme et de l’Artisanat, René Trabelsi, hospitalisé il y a 3 jours à Paris, à qui je souhaite un prompt rétablissement.

Assurer une meilleure protection aux soldats en blouses blanches

Enfin, un effort supplémentaire des différents intervenants est nécessaire pour protéger nos soldats en blouses blanches car, pour eux, la bataille vient juste de commencer. Le travail sur le terrain est très astreignant sur le plan des nerfs et chacun apprend une nouvelle médecine avec de nouveaux réflexes à acquérir sur un terrain semé de difficultés administratives.

Nous serons peut-être dans quelques jours dans une course contre la montre. Une solidarité de tous le corps médical est nécessaire sans aucune distinction entre le public, le privé et les différentes spécialités. Nous gagnerons cette bataille ensemble et personne ne détient la solution miracle.

Que Dieu protège notre Tunisie !

* Professeur en cardiologie.

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