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Pollution particulaire et transmission du Covid-19 appliquée à la Tunisie

Y a-t-il un lien organique entre la pollution particulaire et la contamination par le Covid-19 ?

Une étude de la concentration du Coronavirus (Covid-19) dans l’air selon le taux de pollution régionale et dans l’entourage proche de personnes atteintes pourrait nous éclairer sur la possibilité de transport de ce virus par les particules de poussière. Et nous éclairer sur la stratégie de dé-confinement adaptée aux caractéristiques des régions selon l’évolution dans le temps de leur pollution particulaire.

Par Dr Heykal Bedioui *

Le monde est bouleversé depuis quelques mois par une pandémie meurtrière au Covid-19 et le confinement est presque la règle dans tous les pays afin de réduire la propagation de ce virus. Les mesures d’hygiène draconienne sont en vigueur ainsi que la distanciation sociale.

En menant une étude des différentes régions au sein d’un même pays et avec la même politique de lutte contre la propagation de la maladie qui est standardisée, nous remarquons que la répartition des cas de Covid-19 est superposable au taux de pollution particulaire dans ces régions. Ce constat est fait en Italie, en France, en Angleterre, aux Etats Unis d’Amérique, en Allemagne et en Suisse.

En comparant ces mêmes répartitions à la carte de la densité de population, il apparaît que les régions surpeuplées sont souvent les plus touchées par le Covid-19 du fait probablement de la pollution et de la promiscuité.

Cependant certaines régions peu peuplées sont parfois très touchées par la maladie et il s’avère que ces régions sont à haut taux de pollution particulaire comme c’est le cas des régions de Cornwall et Devon en Angleterre (flèche sur la Figure 1).

À l’inverse, des régions à haute densité de population et peu polluées peuvent comporter un faible taux d’infestation virale et on citera l’exemple de la région de Campagnie (incluant la ville de Napoli) en Italie située au sud (flèche sur la Figure 2).

Figure 1 :

Figure 2

Il existerait une corrélation étroite entre le taux de pollution particulaire et la progression de l’épidémie. Les particules pourraient servir de vecteur ou transporteurs du virus Sars-Cov2 qui est un virus très résistant à la chaleur, à l’humidité et au froid.

En étudiant le modèle tunisien, il n’existe aucune corrélation entre la répartition géographique du Covid-19 et la densité de population selon les régions et ceci se remarque essentiellement au sud tunisien. Cette région comporte une faible densité de population, seulement la maladie y est assez répandue. Les régions du nord-ouest et du centre-ouest, malgré des densités de population parfois élevées, sont assez épargnées par cette maladie et ce grâce à une qualité de l’air assez bonne dans ces régions (Figure 3).

Figure 3

Les régions du sud, malgré l’absence d’une surpopulation, l’absence de pollution aux hydrocarbures et l’absence d’industries polluantes (sauf à Gabès et Sfax), peut observer parfois une importante pollution particulaire en rapport avec les vents de poussière fréquents durant cette période du printemps. Les gouvernorats de Tataouine, Médenine, Kébili, Tozeur Gafsa, Gabès et Sfax sont les plus concernés (Figure 4).

Figure 4

Dans le cadre de la pollution atmosphérique, on distingue généralement deux granulométries de particules : les PM10 (moins de 10 µ) et les PM2.5. Les particules inférieures à 2,5 micromètres peuvent pénétrer dans les poumons lors des inspirations.

D’une façon hypothétique, si le virus s’accroche sur une particule de poussière, il peut facilement entrer dans les poumons et entrainer une pneumonie.

Par ailleurs, cette hypothèse implique que la propagation virale peut se faire dans l’air et sur plusieurs mètres voire dizaines de mètres ce qui expliquerait par exemple le nombre assez élevé d’infections à Kébili et à Médenine malgré la faible densité de population.

Conclusion

Une étude de la concentration du virus dans l’air selon le taux de pollution régionale et dans l’entourage proche de personnes atteintes de Covid-19 pourrait nous éclairer sur la possibilité de transport du Sars-Cov2 par les particules de poussière. Cette hypothèse aurait de grandes répercussions sur les moyens de protection et sur la stratégie de dé-confinement adaptée aux caractéristiques des régions selon l’évolution dans le temps de leur pollution particulaire.

* Professeur en chirurgie générale.

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