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Le poème du dimanche: ‘‘Été’’ de Cesare Pavese

Cesare Pavese, né le 9 septembre 1908 à Santo Stefano Belbo et mort le 27 août 1950 à Turin, est l’un des plus importants écrivains et poètes italiens du XXe siècle.

Cesare Pavese étudie la littérature anglaise à Turin et écrit une thèse sur le poète américain Walt Whitman en 1930. En outre, il traduit en italien ‘‘Moby Dick’’ d’Herman Melville en 1932 (pour son plaisir, dit-il), ainsi que des œuvres de John Dos Passos, William Faulkner, Daniel Defoe, James Joyce ou encore Charles Dickens.

Il collabore à la revue ‘‘Culture’’ dès 1930, publiant des articles sur la littérature américaine, et compose son recueil de poèmes ‘‘Travailler fatigue’’, qui paraît en 1936, année où il devient professeur d’anglais.

Il s’inscrit de 1932 à 1935 au Parti national fasciste, sous la pression, selon lui, des membres de sa famille. En conformité avec le régime, il est choisi en 1934 comme directeur de la revue ‘‘Culture’’ éditée par Einaudi et tribune de ses amis de «Giustizia e Libertà», groupe anti-fasciste. En 1935, Pavese est arrêté pour activités anti-fascistes. Exclu du parti, il est exilé en Calabre à Brancaleone pour huit mois. En 1939, il écrit le récit ‘‘Le Bel Été’’ qui ne paraît qu’en 1949, accompagné de deux autres textes : ‘‘Le Diable sur les collines’’ et ‘‘Entre femmes seules’’.

Après la Seconde Guerre mondiale, Cesare Pavese adhère au Parti communiste italien, s’établit à Serralunga di Crea, puis à Rome, à Milan et finalement à Turin, travaillant pour les éditions Einaudi. Il ne cesse d’écrire durant ces années, notamment en 1949 un roman : ‘‘La Lune et les Feux’’. Le rythme, soutenant les contenus, a toujours été sa préoccupation d’écrivain et de poète.

Cesare Pavese se suicide le 27 août 1950 dans une chambre de l’hôtel Roma, place Carlo-Felice à Turin, laissant sur sa table un mot : «Je pardonne à tout le monde et à tout le monde, je demande pardon. Ça va ? Ne faites pas trop de commérages.» Il y laisse aussi un dernier texte, ‘‘La mort viendra et elle aura tes yeux’’, lequel se termine par : «Assez de mots. Un acte !»

Il aura aussi tenu un journal intime, paru sous le titre ‘‘Le Métier de vivre’’, de 1935 à sa mort. Il s’achève lui aussi sur ces mots : «Tout cela me dégoûte. — Pas de paroles. Un geste. Je n’écrirai plus».

ll est un jardin clair, herbe sèche et lumière,
Entouré de murets, qui réchauffe sa terre
Doucement. Lumière qui évoque la mer.
Tu respires cette herbe. Tu touches tes cheveux
Et tu en fais jaillir le souvenir.

J’ai vu
Bien des fruits doux tomber sourdement sur une herbe
Familière. Ainsi tressailles-tu toi aussi
Quand ton sang se convulse. Ta tête se meut
Comme si tout autour un prodige impalpable avait lieu
Et c’est toi le prodige. Dans tes yeux,
Dans l’ardent souvenir, la saveur est la même.

Tu écoutes.
Les mots que tu écoutes t’effleurent à peine.
Il y a sur ton calme visage une pensée limpide
Qui suggère à tes épaules la lumière de la mer.
Il y a sur ton visage un silence qui oppresse
Le cœur, sourdement, et distille une douleur antique
Comme le suc des fruits tombés en ce temps-là.

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