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Abir Moussi et les intellectuels progressistes : Le débat nécessaire

Faut-il tirer à boulets rouges sur Abir Moussi, présidente du Parti destourien libre (PDL) parce que, selon certains, elle veut soi-disant restaurer le pouvoir d’avant le 14 janvier 2011 ? Une partie de la frange «bien-pensante» tunisienne le croit et le fait…

Par Adnane Belhajamor *

Au-delà du vrai faux débat entretenu par les hooligans des deux côtés, «abiristes» déchaînés d’une part et anti-PDL épidermique de l’autre, il y a une surface pour des échanges intelligents entre gens un peu plus cortiqués.

Les grandes questions à poser et à traiter dans ce cadre devraient à mon sens tourner autour de deux axes :

Un – Jusqu’où Mme Moussi peut elle aller dans son acceptation de la démocratie et du pluralisme ? On doit pouvoir être édifié d’une façon précise et définitive sur cette question. C’est un point important et qui nécessite des engagements fermes. Vouloir systématiquement présenter le parti de Mme Moussi comme une copie fidèle de l’ancien régime dix ans après l’extinction de ce régime n’a pas de sens.

Après la chute du mur de Berlin, la plupart des partis communistes d’Europe de l’est ont revu leurs choix et se sont mus en partis de type social-démocrate. Certains ont vite été adoptés par les peuples qui s’étaient soulevés contre eux dans leur version initiale et qui leur ont permis de revenir au pouvoir par les élections. Naturellement, ils ne sont plus retournés à leurs visions d’antan et ils continuent d’évoluer en fonction des données des nouveaux temps, essentiellement sur le chapitre libertés et pluralisme, ainsi que sur celui de l’économie libérale.

Le PDL s’inscrit peut-être dans ce genre de démarche. Il est vital que nous le sachions une fois pour toutes.

Deux . Quel modèle socio-économique ou de développement le PDL compte-t-il adopter, s’il venait à gouverner ? Il est temps que le débat autour de ce genre de préoccupations s’installe. On discute de tout dans notre pays depuis une décennie, sauf de cela. Or, c’est justement un problème majeur et ce n’est pas parce que la médiocrité et l’opportunisme ont pris une aussi grande place dans la vie publique qu’on doit se résigner à ce qu’ils y perdurent.

Les sondages créditent aujourd’hui le parti d’Abir Moussi de plus d’un tiers des suffrages et ce chiffre va probablement monter dans les semaines et mois à venir. De deux choses l’une, soit continuer à dénoncer une prétendue volonté «estibdadiste» (autoritariste) de ce parti, ou alors interférer avec Mme Moussi de façon moins suspicieuse et essayer d’instaurer un débat à thèmes entre le PDL et la frange éclairée de la société.

De toute manière, anciens Rcdistes pour anciens Rcdistes, il est plus honorable de traiter avec ceux qui n’ont pas honte de dire qu’ils l’ont été, plutôt que d’avoir à faire à ceux qui se sont vite empressés de s’en cacher après le 14-Janvier et de rejoindre des partis soi-disant révolutionnaires.

* Activiste politique.

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