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Le poème du dimanche: ‘‘Refus’’ d’Hermann Hesse

Hermann Hesse est un poète et homme de lettres suisse d’origine allemande né le 2 juillet 1877 à Calw, en Allemagne, et décédé le 9 août 1962 à Montagnola en Suisse. Il reçut, en 1946, le prix Goethe et le prix Nobel de littérature. Dans ce poème ‘‘Refus’’, Hesse exprime son refus catégorique des idéologies et des dogmatismes à savoir le communisme et le fascisme à l’époque et de servir de chaire à canon des tyrans de ces régimes idéologique.

Hermann Hesse est né en Allemagne à Calw, dans le royaume de Wurtemberg qui faisait partie de l’Empire allemand à l’époque, dans une famille de missionnaires protestants. Son grand-père, le patriarche, était médecin et conseiller régional. Fin 1892, il entre au lycée de Bad Cannstatt, à Stuttgart. L’année suivante, il obtient son diplôme probatoire de première année mais interrompt ses études. Il travaille à partir d’octobre 1895 dans la librairie Heckenhauer à Tübingen. En 1898, il devient assistant libraire et son salaire lui assure une indépendance financière.

En 1901, il peut ainsi réaliser son rêve de voyage: il part pour alors pour l’Italie. À la même époque, il commence à publier quelques poèmes et textes littéraires dans des revues. Il publie dès 1904 son premier roman intitulé ‘‘Peter Camenzind’’ et peut dès lors vivre de sa plume.

Durant la Première Guerre Mondiale, ses prises de positions pacifistes génèrent une rupture avec son lectorat et lui valent de violentes attaques de la presse allemande ainsi que des menaces. C’est en 1911 qu’il entame un long périple vers l’Inde et émigre en Suisse, à Berne puis à Montagnola dès 1919. Il vit aussi des crises familiales et rédige frénétiquement son roman ‘‘Demian’’ qu’il publie après la guerre sous le pseudonyme d’Emil Sinclair. En 1922, paraît le roman ‘‘Siddhartha’’ où s’exprime son amour de la culture indienne et des sagesses orientales. Un an après, Hesse obtient la nationalité suisse.

Les œuvres suivantes sont ‘‘Le curiste’’ en 1925 et ‘‘Voyage à Nüremberg’’ en 1927 : il s’agit de récits autobiographiques annonciateurs de son roman le plus célèbre Le ‘‘Loup des steppes’’ paru en 1927. En 1930, il publie ‘‘Narcisse et Goldmund’’ et débute en 1931 la rédaction sa dernière grande œuvre, ‘‘Le Jeu des perles de verre’’. Il publie en 1932 un récit préparatoire intitulé ‘‘Le Voyage en Orient’’.

Son refuge spirituel contre les querelles politiques et plus tard contre les nouvelles terribles de la Seconde Guerre mondiale est le travail sur son roman ‘‘Le Jeu des perles de verre’’. À partir de 1937, les ouvrages de Hesse ne sont vendus que précautionneusement et aucun journal allemand ne publie ses articles.

Imprimé en Suisse en 1943, c’est en grande partie pour ‘‘Le Jeu des perles de verre’’ que lui est décerné en 1946 le Prix Nobel de littérature. Il reçoit la même année le prix Goethe. Après la fin de la guerre, la créativité de Hesse déclina, il écrivit encore des nouvelles et des poèmes, mais plus aucun roman. Il était par ailleurs sollicité par un flot intarissable de lettres, ce qui était le prix de sa gloire renouvelée auprès d’une nouvelle génération de lecteurs allemands, qui cherchaient aide et conseil auprès du «vieux sage» de Montagnola. Hermann Hesse mourut le 9 août 1962.

Plutôt être tué par les fascistes
Que d’être fasciste moi-même!
Plutôt être tué par les communistes
Que d’être communiste moi-même!

Nous n’avons pas oublié la guerre. Nous savons
Comme l’on se grise quand on frappe sur un tambour et des timbales.
Nous sommes sourds et nous ne nous enthousiasmons pas
Quand vous débauchez le peuple avec votre vieille drogue.
Nous ne sommes plus ni soldats ni redresseurs de torts,
nous ne croyons pas que «le monde doive guérir
Au contact de notre nature».
Nous sommes pauvres, nous avons souffert un naufrage,
Nous ne croyons plus à toutes ces jolies phrases,
Avec lesquelles à coups de fouet, à cheval, on nous a envoyés à la guerre –
Les vôtres aussi – frères rouges, sont des magiciens qui conduisent à la guerre et au gaz!
Vos chefs aussi sont des généraux,
Ils commandent, crient et organisent.
Nous ne buvons plus leur tord-buyaux,
Nous ne voulons perdre ni notre cœur ni notre raison,
Ne voulons marcher ni sous de drapeaux rouges ni sous des drapeaux blancs,
Nous préférons pourrir en «rêveurs», solitaires,
Ou mourir sous vos poings fraternels et sanglants
Que de jouir d’un quelconque bonheur belliqueux et partisan
Et, au nom de l’humanité, tirer sur nos frères!

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