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Vote de confiance au gouvernement Mechichi : La position des partis

Hichem Mechichi, chargé de former le prochain gouvernement, devrait soumettre son équipe à l’Assemblée, mardi 25 août 2020, pour le vote de confiance. Des partis ont officiellement annoncé leur position dans la soirée du dimanche, d’autres ont préféré des déclarations évasives de leurs dirigeants, laissant ainsi planer le doute avant de se prononcer.

Par Yüsra Nemlaghi

La coalition Al-Karama et Attayar, qui dès le début avaient annoncé leur opposition à la formation d’un gouvernement de compétences indépendantes, ont affirmé qu’ils ne voteront pas la confiance au gouvernement Mechichi, tout en indiquant qu’ils préfèrent la dissolution de l’Assemblée et la tenue d’élections anticipées.

Pour Attayar, la décision a été difficile à prendre et à Ghazi Chaouachi de commenter : «Le moindre mal c’est de se diriger vers des élections anticipées, plutôt que de se risquer à accorder la confiance à un gouvernement sans aucune identité», a-t-il écrit sur son compte Facebook, feignant d’oublier que les gouvernements précédents, constitués de partis, n’avaient aucune identité eux non plus et ont échoué lamentablement dans leur mission de sortir le pays de la crise. Au contraire, ils l’y ont enfoncé un peu plus.

Les anti-Saïed ne savent plus sur quel pied danser

Pour Yosri Daly, député Al-Karama, son bloc parlementaire ferait barrage à ce qu’il a qualifié de «gouvernement du président» : «Les députés qui voteront la confiance au gouvernement Mechichi prétendent chercher la stabilité politique mais en réalité, ils ont peur des élections anticipées, ce que nous ne craignons pas et nous allons nous opposer à ce gouvernement, pour protéger la démocratie», a dit l’ancien fonctionnaire de police sous Ben Ali devenu hyper-révolutionnaire, dans une déclaration rapportée par Mosaïque FM.

Un avis que partage l’Union populaire républicaine (UPR), selon une déclaration de son porte-parole, Mariem Ferchichi, qui a déploré «l’absence de représentants des partis politiques au sein du prochain gouvernement et leur diabolisation», laissant entendre que la suspicion dans laquelle sont tenus aujourd’hui les partis est inspirée par le président Saïed, réputé pour son opposition à la partitocratie, et non au spectacle désolant que donnent quotidiennement les dirigeants de ces partis à l’Assemblée et dans les médias.

De son côté, Qalb Tounes a laissé entendre qu’il dévoilera sa position lorsque M. Mechichi fera connaître la composition de son équipe gouvernementale, attendant probablement de connaître la position officielle du parti de Rached Ghannouchi pour s’y aligner… Même si, selon toute vraisemblance, le parti de Nabil Karoui pourrait être amené à voter la confiance au gouvernement Mechichi pour éviter le risque de dissolution de l’Assemblée et d’élections législatives anticipées, car il a, au cours des derniers mois, perdu une grande partie de son électorat au profit du Parti destourien libre (PDL) présidé par la tonitruante Abir Moussi. C’est, en tout cas, ce que les derniers sondages d’opinions ont montré.

Oussama Khelifi, porte-parole du bloc parlementaire Qalb Tounes, a publié un statut Facebook, où il a écrit : «Le Palais de Carthage œuvre pour la chute du gouvernement à travers sa politique de provocation et en nous emmenant vers l’inconnu. Nous protégerons l’État de cette falsification». Comment va-t-il protéger l’Etat, sa mandature et celle de ses collègues étant à la merci d’une décision présidentielle ? Mystère et boule de gomme…

Pour rester dans les déclarations évasives, nous citerons celle de Rached Ghannouchi, qui préfère botter en touche en évoquant la réforme de la loi électorale, affirmant que celle en vigueur ne permet pas d’obtenir une majorité confortable pour gouverner.

«Il faut changer la loi pour éviter la dispersion et rompre avec le tourisme politique» a-t-il lancé, en marge de sa visite aujourd’hui à Gabès, où on notera, au passage, qu’il a été reçu aux cris de «Dégage!», par des jeunes ayant manifesté devant la délégation d’El-Hamma. Ces derniers ont jugé la visite du chef islamiste tardive et l’ont accusé de récupération politique.

Mechichi peut compter sur ces partis

Quant au Mouvement du Peuple (Al-Chaab), il a annoncé via une déclaration d’Oussama Aouidet, membre de son bureau politique, qu’il se dirige vers le vote de confiance au prochain gouvernement, souhaitant cependant examiner son programme politique et économique avant d’annoncer sa position finale.

On rappellera d’autre part, que les blocs de la Réforme, National et Tahya Tounes avaient précédemment affirmé qu’ils sont en voie d’octroyer leur confiance au prochain gouvernement.

Le Parti destourien libre (PDL) a, quant à lui, salué la démarche de Hichem Mechichi consistant à composer un gouvernement de compétences nationales totalement indépendantes des partis, tout en affirmant que si ce gouvernement rompt avec l’islam politique, il pourrait lui accorder sa confiance.

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