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L’Office de l’ifta se vante de son «exploit» : convertir 160 individus à l’islam en 2020

Alors que la religion est devenue, depuis des siècles, une affaire strictement personnelle dans les pays développés – ou du moins dans ceux qui respectent la liberté de conscience de leurs citoyens -, dans le monde arabo-islamique, les États se mêlent toujours des croyances des gens, et pratiquent une discrimination, plus ou moins importante, basée sur la religion. C’est notamment le cas en Tunisie.

Bien entendu, en comparaison avec la majorité écrasante des pays arabo-islamiques, la discrimination religieuse en Tunisie est assez minime. Néanmoins, plusieurs données montrent que l’État tunisien est loin d’être laïque et que, de ce fait, ce type de discrimination y est encore présent.

A titre d’exemples, rappelons que dans notre pays, on ne peut pas se présenter à l’élection présidentielle si l’on n’est pas de confession musulmane ; que les femmes héritent la moitié de ce que héritent les hommes conformément à un verset coranique ; ou que de temps en temps, des jeunes sont condamnés à la prison pour avoir exprimé des opinions «offensant le sacré», à l’instar de Ghazi Béji et Jabeur Mejri en 2012, ou encore Emna Charki, cette année.

En Tunisie, l’État se vante, également, de convertir les individus non-musulmans à l’islam, comme si cela avait une quelconque importance, qu’il s’agissait d’un exploit, et que le fait d’être musulman (plutôt que chrétien, bouddhiste ou athée) constituait une sorte de supériorité… Ou encore, comme si la conversion à une religion nécessitait l’intervention d’un organisme ou d’une personne autre que le converti lui-même.

Dans un communiqué publié sur Facebook, ce jeudi 3 décembre 2020, l’Office de l’ifta s’est, en effet, félicité d’avoir réussi à convertir, «grâce à la facilité des procédures et aux valeurs de tolérance et de modération dont fait preuve notre pays», 160 personnes à l’islam.

En revanche, ce que ne dit pas le communiqué c’est que la majorité de ces «nouvelles recrues» sont des étrangers qui ont pris cette décision uniquement pour contourner la condition hypocrite, imposée par la société et la religion, selon laquelle il faut être musulman pour pouvoir se marier à une musulmane.

Le communiqué ne dit rien, non plus, sur le nombre de Tunisiens musulmans ayant apostasié en 2020, bien que celui-ci devrait être nettement supérieur à 160. En effet, il n’est désormais un secret pour personne que le monde islamique traverse, depuis quelques années, une vague d’athéisme, principalement chez les jeunes, sans précédent. Néanmoins cette réalité demeure trop taboue pour être abordée par l’État ou dans les médias.

Cherif Ben Younès

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