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À Paris, Saïed a une occasion en or pour impulser la diplomatie économique

Seconde visite officielle de Saïed à Paris après celle de juin 2020.

La participation de Kaïs Saïed au sommet sur les économies africaines, qui se tiendra à Paris, le 18 mai 2021, à l’initiative du président français Emmanuel Macron, soucieux de préparer la relance de l’économie mondiale après la pandémie de la Covid-19, pourrait être utile pour la Tunisie, mais le locataire du Palais de Carthage ira-t-il à Paris avec une vision et un plan clairs pour sortir la Tunisie de la crise où elle se morfond depuis 2011 ?

Par Imed Bahri

Le président de la république tunisienne n’est pas, on le sait, très porté sur les questions économiques, et on l’a rarement entendu en parler dans ses discours et interventions publiques, or, un chef d’Etat ne peut rester longtemps indifférent aux questions économiques, qui finissent toujours par s’inviter à sa table. Et à Paris, M. Saïed aura l’opportunité de s’entretenir avec le président Macron et d’autres responsables français, qui s’inquiètent à juste titre de la situation financière difficile de la Tunisie, pays où vivent quelques 20.000 citoyens français et où la France possède des intérêts économiques importants à travers notamment les milliers d’entreprises françaises et mixtes qui y opèrent, sans parler des échanges commerciaux tout aussi importants entre les deux pays.

Le soutien de la France déterminant en vue d’un nouvel accord avec le FMI

Il reste cependant à espérer que M. Saïed, dont le pays négocie depuis le 3 mai un nouvel accord de financement avec le Fonds monétaire international (FMI) et espère mobiliser, suite à cet accord, des financements extérieurs pour boucler son budget pour l’exercice en cours, va présenter une approche réaliste de la manière dont son pays entend régler la triple crise économique, sociale et sanitaire. Le soutien de la France, on le sait, sera déterminant en vue d’un accord avec le FMI, mais aussi avec les autres éventuels bailleurs de fonds, comme l’Union européenne (UE). Ira-t-il jusqu’à préconiser le gel de cette dette pour une durée de 5 ans ou, plus encore, son annulation, pour permettre aux pays très affectés par la crise de la Covid-19 de faire face à leurs engagements sociaux (réforme du système de la santé publique, vaccination massive es populations, etc.) et relancer leurs économies exsangues, comme le soutiennent de nombreuses voix autorisées à travers le monde ?

Au sommet de Paris consacré essentiellement à la dette des pays africains, M. Saïed aua aussi l’occasion de partager ses vues sur un possible règlement du problème de la dette tunisienne, dont la part du PIB a triplé en 10 ans, passant de 35% à près de 100%. «La Tunisie n’avait pas participé à l’appel d’avril 2020 qui visait à suspendre le service des dettes souveraines en raison de la pandémie, lancé par Emmanuel Macron et qui a permis d’alléger la dette de plus de 40 pays», rappelle Africa Intelligence, en précisant que cet appel avait permis de poser les bases du sommet du 18 mai.

Sortir la Tunisie de son isolement international

À Paris, M. Saïed, qui aura des entretiens en tête-à-tête avec les représentants du FMI – avec qui la Tunisie cherche à négocier un nouveau prêt de 4 milliards de dollars (11 milliards de dinars tunisiens), de la Banque mondiale et de la Banque africaine de développement (BAD), a une bonne occasion pour faire exister la diplomatie économique, un serpent de mer dont tout le monde parle mais que personne, à Tunis, n’a encore vu.

Enfin, la Tunisie, qui doit abriter le sommet de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), sur l’île de Djerba en novembre 2021, pourra utiliser cette carte pour se replacer dans l’espace francophone et renforcer ses relations avec les pays membres de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), dont il rencontrera à Paris la secrétaire générale Louise Mushikiwabo.

Il reste à espérer que le Palais de Carthage a réellement avancé dans les préparatifs de ce sommet et que ceux-ci ne se sont pas enlisés dans les méandres des considérations politico-idéologiques, qui infestent le débat national et accentuent l’isolement international de notre pays, en sacrifiant aux discours populistes, souverainistes, pan-arabes ou pan-islamistes, et au final isolationnistes.

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