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Tunisie : Les islamistes préfèrent le désordre à un nouvel ordre échappant à leur emprise

Dans un entretien, hier, vendredi 18 juin 2021, sur la chaîne Zitouna TV, Abdelkrim Harouni, président de Majlis Choura, le politburo du parti islamiste Ennahdha, a déclaré que l’initiative de dialogue national lancée par l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) n’est pas morte et que ce dialogue est encore possible, même s’il faut le tenir sans le président de la république Kaïs Saïed. Vidéo.

Par Imed Bahri

Réagissant aux réserves exprimées par le président Saïed, lors de sa réunion, mardi 15 juin, au Palais de Carthage, avec d’anciens chefs de gouvernement, disant accepter l’idée de présider un dialogue national, mais qui ne soit pas une occasion pour donner une légitimité aux parties qui n’en ont pas et pour blanchir les personnes soupçonnées de corruption et de complot contre l’Etat, le chef islamiste a dit que la solution d’élections présidentielles et législatives anticipée est envisageable.

Les islamistes ne veulent pas reconnaître leur échec

«C’est une solution constitutionnelle et démocratique, mais nous ne nous y résignerons qu’en dernier recours. Car l’organisation d’élections anticipées veut dire que nous avons échoué à régler la crise politique par le dialogue. Or, nous estimons que nous n’avons pas échoué et Ennahdha appelle l’UGTT à avancer dans son initiative de dialogue national avec les partis et les organisations nationales, même sans la participation du président de la république. Si ce dernier veut se joindre ensuite au dialogue, il serait le bienvenu et sa place serait garantie», a expliqué M. Harouni. Et d’ajouter : «Nous ne pouvons pas attendre encore plus longtemps. Car l’échec du dialogue signifie l’échec de toute la classe politique. Et que ferions-nous après un tel échec ? Irions-nous vers l’affrontement ? Le président ne pourra pas nous imposer de force un système politique qui ouvre la voie au désordre.»

M. Harouni fait ici allusion à la proposition du président Saïed de réformer d’abord la constitution et la loi électorale qui sont à l’origine du système politique en place depuis 2015, qui se caractérise par un blocage total des institutions. Et d’aller ensuite vers des élections législatives anticipées, qui éviteraient au pays de se retrouver dans la configuration politique actuellement en vigueur et dont tout le monde déplore le blocage.

Ennahdha œuvre pour le maintien du statut-quo

Ennahdha, principal bénéficiaire du système politique en place, qui lui permet de gouverner derrière les rideaux, en utilisant des pions ou des marionnettes, sans assumer directement et pleinement ses responsabilités, est, bien entendu, opposé à toute réforme constitutionnelle qui ne préserverait pas ses intérêts et ses privilèges. Et pour cause…

Pour le parti islamiste, qui est surtout soucieux de préserver sa mainmise sur les rouages de l’Etat, le maintien du statut-quo est une assurance-vie et tout changement profond pouvant le chasser du devant de la scène ou lui faire assumer ses responsabilités devant l’opinion publique pourrait aboutir à une exigence de reddition des comptes. Et c’est là un cauchemar pour Rached Ghannouchi et sa bande, qui préféreraient l’anarchie à un ordre où ils ne seraient pas les principaux acteurs sinon les ordonnateurs.

Vidéo.

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