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Dogmatisme, quand tu nous tue !

Emile Zola engagé dans l’affaire Dreyfus (caricature d’époque).

Aujourd’hui, en Tunisie, l’opinion publique est submergée par une vague des plus funestes à la liberté en général et à la liberté d’opinion en particulier. Sartre est excommunié. Goebbels est ressuscité. Le dogmatisme est sacré roi, alors «qu’il fallait douter même de ce qui paraît évident, et non accepter pour vérité ce dont il serait évident de douter.»

Par Mounir Chebil *

Pourtant, après les événements du 14 janvier 2011, tous estimaient que la Tunisie devait entrer de plain pied dans l’ère de la liberté et de l’épanouissement de l’être. Au lieu de cela, des sectes se sont formées et chacune a pu embrigader et fanatiser une clientèle qui ne pense que par la pensée du gourou de la secte à laquelle elle s’est aliénée. Chaque secte refuse toute critique à son encontre. La devise de ces sectes: tu n’es pas aveuglément avec moi, tu es donc contre moi. Chaque secte a ses sorcières à pourchasser. Des médias et des plumes complaisants ou vendus, ou se cachant derrière une objectivité stérile, sont appelés à la rescousse pour veiller à l’esthétique de telle ou telle secte. Les réseaux sociaux sont soudoyés par telle ou telle partie pour la propagande, les calomnies et la diffamation. Dans ce monde où la bêtise est reine, ces réseaux font l’opinion. Pire même, les réseaux islamistes appellent à l’épée. Les réseaux du PDL ont déjà monté les potences. Les enragés du comité du salut public commencent à dresser les guillotines.

Le bourdonnement des guêpes

Dans cette atmosphère où la bêtise humaine a supplié à la raison, il s’est trouvé que des personnes, libérées du joug du conformisme, du dogmatisme et du servage, ont choisi la liberté et le chemin de la vérité quitte à «crier malheur sur les contemporains». Évidemment, elles s’étaient mis tout le monde sur le dos, y compris les affluents «démocrates» qui alimentaient le fleuve islamo-fasciste.  Même s’il leur arrivait d’être crucifiées, on ne saurait jamais qui en serait l’auteur.

Insouciantes au bourdonnement des guêpes, et ne cherchant pas à plaire à qui que ce soit, ces personnes continuent à marcher sur le dur chemin de la vérité. Pourquoi cet engagement indéfectible pour la liberté et pour la vérité? Par respect à l’intelligence humaine et par amour de la patrie pour laquelle le poète Mohamed Sghaïer Ouled Ahmed a écrit: «Je t’aime ! ô pays, plus fort encore que nul autre pareil.»

Des plumes pour gueuler

A ces personnes qui ne connaissent ni le conformisme, ni la complaisance, ni la prostitution, et qui n’ont que leur plume pour gueuler, Henri Bèreau** à écrit ce merveilleux texte : «Il est évident que la carrière de polémiste est infiniment moins capitonnée que celle de poète élégiaque ou de romancier mondain. Le pamphlet conduit rarement à la fortune, encore moins aux honneurs. Son plus clair bénéfice est une suite de démêlés avec la justice et avec l’opinion. De manière invariable, l’écrivain de combat doit subir le reniement de ceux qu’il croit défendre, et qu’en fait les défend, quels que soit son temps, son parti, qu’il s’appelle Marat, Courrier, Carrel, Veuillot, Valles, Drumont, Bloy, Tailhade, Zola, Cassagnac, Jouvenel, Daudet, Maurras, son sort est réglé, plus ou moins tragiquement, également ingrat.

«D’où vient que toujours, en dépit de tout et de tous, il se trouve des hommes qui, dédaigneux de la facilité de la vie, se consacrent en connaissance de cause à la plus redoutable des tâches humaines, qui est de jeter l’alarme au jour du grand péril, et, s’il le faut, de crier malheur sur les contemporains?

«C’est que le monde littéraire n’est pas entièrement composé de littérateurs… Il se trouve des hommes qui ne se réfugient pas dans leurs œuvres… Ces hommes se battent. Ils se battent parce que s’ils ne se battaient plus, nul ne se battrait à leur place. Et pourquoi se battent-ils? Par devoir critique, assurément, mais encore et surtout pour l’honneur de leur profession. Seuls et désarmés, ils vont au cœur de la bataille parce qu’ils obéissent à leur mission. Ils se mentiraient à eux-mêmes, s’ils renonçaient au combat.»

* Fonctionnaire à la retraite.

** Henri Bèreau, romancier et journaliste français de l’entre-deux-guerres, cité par Alain Soral, in  »Comprendre l’empire », édition Blanche, 2011, pages 4 et 5.

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