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Bernard Bajolet parle de la déroute de l’Occident et de l’Otan en Afghanistan

Bernard Bajolet en mars 2013 en Afghanistan.

Diplomate français, spécialiste du renseignement, expert du monde arabo-musulman et ancien directeur général de la Sécurité extérieure (DGSE), Bernard Bajolet a été ambassadeur en Jordanie, en Syrie, en Irak et en Afghanistan de février 2011 à avril 2013. Il livre ici, dans un entretien à Marianne, son analyse de la reprise du pouvoir à Kaboul par les Talibans. Extraits…

* «Un sentiment de grand fiasco. Le mot est faible. Je pense à nos morts. En treize ans, nous avons eu là-bas quatre-vingt-dix morts français. J’ai personnellement assisté à la levée de 54 corps de nos soldats, tombés en terre afghane. Qu’allons-nous dire aux familles ? Pourquoi sont-ils morts là-bas ?»

* «Avant tout la marque du déclin américain et de sa capacité à être le gendarme du monde. C’est fini. L’autre enseignement qui, à mon avis, saute aux yeux, c’est que l’Otan ne signifie plus rien. Après la Syrie, aujourd’hui l’Afghanistan, si les Européens n’ont pas compris, c’est qu’ils ne veulent pas comprendre. L’Otan est mort…»

* «Sur le plan géopolitique, la défaite de l’Occident me semble considérable. Nous vivons un événement de portée historique mondiale aussi fort que le fiasco de Suez pour les Français et les Britanniques ou que la chute de Saïgon pour les Américains. Ces heures marquent une déroute de l’Occident et de l’Otan. La chute de Kaboul va accélérer la tendance mondiale actuelle, qui est la domination de la Chine, avec la vassalisation de la Russie à ses côtés.»

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