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Lettre inédite à un «provisoire» appelé Moncef Marzouki

Dans ce texte daté du 21 mars 2013, resté inédit, l’auteur rappelle pourquoi lui et sa famille ont rejeté la décoration que l’ancien président provisoire Moncef Marzouki avait destiné, à titre posthume, au Dr Ahmed Ben Miled, militant nationaliste, fondateur du Parti communiste tunisien (PCT) et médecin des pauvres. Certains rappels sont très utiles pour combattre l’amnésie à laquelle certains humains sont souvent enclins.

Par Farouk Ben Miled *

Désolé monsieur le provisoire ! Vous vous trompez d’adresse, non je ne viendrais pas chercher la décoration posthume destinée au Docteur Ahmed Ben Miled. Dixit famille.

Votre farce est grossière, mais heureusement provisoire.

D’abord, Père était contre les médailles, surtout de la part de quelqu’un dont la seule intention est de se faire valoir, se refaire une virginité, si tant est qu’il en ait eu une, rattraper ses gaffes à répétition, se montrer à la télévision accompagné de loubards miliciens, bras armés d’un parti – secte rétrograde, mi-gourous mi-trafiquants en tous genres et maintenant monnayés comme chaire à canon pour la Syrie.

Après avoir blousé les vivants, maintenant il tente de se servir des morts, qui eux ne lui demandent rien, de plus le jour d’une fête qui nous est chère, bafouée par le gouvernement, elle qui partout ailleurs se vit avec fierté et panache.

Mais peu importe pour nos trois provisoires, ils n’ont en cure. C’est qu’à cette indépendance ils n’y sont pour rien.

D’ailleurs comment Ahmed Ben Miled aurait-il accepté ce «machin» de la part de quelqu’un qui, d’après la rumeur publique, émargerait chez des chameliers et qui secrètement a permis l’extradition de Baghdadi Mahmoudi (ancien Premier ministre libyen sous le règne de Kadhafi, NDLR) à des milices terroristes. Pour un ancien président de la Ligue tunisienne des droits de l’homme (LTDH), cela s’appelle un crime dont vous êtes l’auteur, ce n’est vraiment pas beau .

Votre breloque, que vous avez sans doute faite bénir par notre gourou national, n’est pas à la hauteur d’un homme qui a approché Gandhi, connu Ho Chi Minh et Pietro Nenni, fréquenté Frédéric Joliot Curie, côtoyé Charles Nicolle, et a été un des très proches de Abdelaziz Thaâlbi pendant plus d’une décennie, après avoir été dans les années 20 membre fondateur du Parti communiste tunisien (PCT).

Mais aussi il a été constructeur d’école pour les plus démunis, proche du peuple , et traversé les bombes américaines pendant la guerre pour sauver des centaines de vies tunisiennes, ce qui n’est pas votre cas.

C’est qu’il y a des distances qu’il faudrait apprendre à respecter.

Quant au prétexte de l’oubli, il est fallacieux, parce que ce n’est pas une vague médaille remisée au fond d’un tiroir, qui fera la lumière pour «ces oubliés» mais, les noms de rues passantes où des millions de piétons les croiseront à longueur de journée afin qu’ils restent gravés dans la mémoire collective.

Mais aussi et surtout en réécrivant notre histoire, où leurs noms apparaîtront sur les livres scolaires de nos enfants, cette histoire déjà si falsifiée.

Et d’ailleurs Monsieur le Provisoire, pourquoi cette liste si restreinte, pourquoi les noms de Habib Chelbi, Hassen Saadaoui, Bchira Ben Mrad, Amor Ben Gafsia, Nébiha Ben Miled, Cherifa Saadaoui, Chedli El Khalladi, Taouhida Ben Cheikh, Gladys et Georges Adda, Robert Louzon, et bien d’autres encore dont votre méconnaissance en est témoin. Eux qui ont consacré leurs vies à leur pays, et Dieu sait dans quelles conditions !

Mais c’est que vous êtes loin de partager l’abnégation de ces patriotes, vous ainsi que beaucoup d’autres, qui étaient planqués ailleurs, et qui assistiez maintenant sans broncher, peut être même avec complicité à la destruction d’un pays de plus en plus bipolarisé.

Monsieur le Provisoire, franchement, en dehors de votre passage agité à la LTDH, votre «boulitique bouliticienne» fait un peu désordre, sans oublier votre rapprochement douteux de Zozo.

Calcul sordide, calcul sordide, calcul sordide !!!!

C’est que notre rancœur est à la mesure de notre désillusion.

Mais rassurez-vous , vous n’êtes pas le seul, parole d’un membre fondateur de la Ligue tunisienne des droits de l’homme.

* Architecte DPLG.

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