Au cœur du 2e Orange Mobility Forum, tenu jeudi à Tunis, le thème de la mobilité citoyenne, un thème actuel, porteur et très prometteur dans un pays qui ambitionne de construire une démocratie participative.
Par Zohra Abid
Acteurs des télécommunications et représentants d’associations et de la société civile ont répondu à l’invitation d’Orange Tunisie, qui s’est donné pour mission d’être au service du citoyen en l’accompagnant notamment dans sa vie de tous les jours et lui facilitant l’accès aux informations.
Thierry Marigny.
Mobilité citoyenne et démocratie
Si le 1er Orange Mobility Forum, en décembre 2011, était dédiée à l’emploi, le 2e a été consacré à la mobilité citoyenne. Il y a plus qu’une continuité dans la démarche des organisateurs: une cohérence et une volonté d’aller plus loin dans l’exploration des possibilités inouïes qu’offre la mobilité.
Au programme du colloque, des intervenants venus notamment de France, de la Belgique, d’Allemagne et bien évidemment de la Tunisie. A chacun son discours, son expérience qui pourraient être adaptés et adoptés…
Dans son discours de bienvenue, le directeur général d’Orange Tunisie Thierry Marigny a donné le ton, en mettant en lumière le rôle des nouvelles technologies en Tunisie, notamment pendant la révolution et dans les élections transparentes tenues le 23 octobre qui, selon lui, ont largement contribué au développement du concept de la citoyenneté.
Thierry Marigny et ses invités, notamment Mongi Marzoug et Ali Ghodhbani, Pdg de Tunisie Telecom.
D’après M. Marigny, le concept de la citoyenneté a permis au Tunisien de se frayer une place au soleil. Après avoir rappelé qu’Orange Tunisie «a adhéré, dès le départ, au pacte mondial de l’Onu en tant qu’entreprise responsable, dans son travail de tous les jours», il a ajouté qu’Orange Tunisie a apporté (et continue à apporter) son soutien à la culture, à l’éducation en aidant notamment l’enfance en difficulté et en favorisant l’innovation et la solidarité numérique.
Le responsable a fait, au passage, un clin d’œil aux jeunes développeurs d’applications qui sont encouragés par son entreprise. Avant de souligner les perspectives prometteuses du secteur des télécoms, porteur de valeurs et d’emplois pour les nouvelles générations. L’opérateur a, d’ailleurs, déjà organisé une série de colloques et de cycles de formation dans les établissements scolaires et universitaires dans différentes régions et il se projette aussi dans une plus grande professionnalisation.
M. Marigny a mis en exergue aussi l’importance de la question de la transparence gouvernementale ou gouvernance ouverte (Open Gov), et de l’accès libre aux données (open data) dans le cadre d’une participation effective du citoyen à la gestion et à la construction du pays.
«Le numérique au cœur de la solidarité»
Pierre Perez, chargé de mission à la Délégation aux Usages de l'Internet (France).
Après avoir félicité l’initiative d’Orange Tunisie, Mongi Marzouk, ministre des Technologies de l’information et de la communication, a admis, de son côté, que le gouvernement et l’administration ne peuvent que s’adapter à cette nouvelle stratégie de gouvernance participative, devenue le must de la démocratie. Et il a invité les investisseurs, développeurs, médias et tout le monde de la communication à adhérer à l’Open Gov, source fiable de données.
Mireille Levan, secrétaire générale de la fondation du groupe Orange France a, de son côté, mis en exergue l’objectif fondamental de la société mère, forte de ses 24 ans d’existence et «24 ans d’engagements, dit-elle, et qui ne recule devant rien pour soutenir les projets de l’éducation ou de la santé, tout en restant sensible aux causes des handicapés sensoriels et autres comme les autistes, malentendants, mal voyants». Il est évident de «se rapprocher de notre cœur de métier, utiliser les nouveaux outils numériques pour faire avancer la solidarité et utiliser les nouveaux outils numériques pour améliorer le quotidien du citoyen, et créer surtout de la solidarité entre les citoyens du monde», ajoute Mme Levan.
Des projets qui germent
Thierry Marigny plaide pour le partage citoyen.
Le Français Pierre Perez, chargé de mission à la Délégation aux Usages de l’Internet (Dui, France) a mis sous les projecteurs le Proxima Mobile, premier portail européen de services d’Internet sur les terminaux mobiles. Une expérience qui «reste, selon lui, un label d’Etat. Car le portail regroupe plus de 100 services et applications mobiles destinées aux citoyens (notamment dans les musées et hôtels…) et téléchargeables gratuitement». Et d’ajouter que «faire avancer l’art de la mobilité, ça donne des idées aux jeunes et ça ouvre l’appétit de nouvelles opportunités. A preuve, l’application Comuto, devenue première plateforme européenne de covoiturage sur mobile grâce à un million et plus d’utilisateurs réguliers».
Pour sa part, le Belge, Bart Van Loon, fondateur du projet citoyen Data Tank, président de la société IT offshore ZeroPoint.IT et membre actif de l’Open Knowledge Fondation Belgium, a passé en revue l’évolution de la communication entre les individus. «Les applications brillantes dans la tête d’un développeur doivent être partagées. Il faut toujours mettre en application les idées, en les partageant et les exploitant et ça pourrait faire gagner de l’argent». Beaucoup d’argent parfois, quand l’application est partagée par un grand nombre.
De l’écosystème mobile
Le Tunisien Mondher Laâbidi, qui travaille sur le projet City Camps Tunisia en coordination avec la Banque mondiale est revenu, quant à lui, à la question de l’Open Gov, en soulignant l’exigence de l’ouverture des données de l’Etat pour instaurer la transparence. Dans ce cadre, City Camps Tunisia se veut vecteur de communication entre les citoyens et les services municipaux dans le but d’améliorer les services publics et la transparence des institutions locales.
Mireille Levan du Groupe Orange France.
L’Allemand Philipp Kandal, fondateur et directeur technique de Skobbler, société de développement spécialisée en OpenStreetMap (1,75 million de clients dans le monde) a listé les réussites des applications intelligentes de localisation basées sur la technologie cartographique avancée. Un exemple de réussite à suivre. Et à adapter.
Dans un angle plutôt régional, le Franco-Tunisien, Samih Abid, avocat, enseignant à l’Université de Nice-Sophia Antipolis et membre du groupe de travail OpenGovTn, a présenté l’expérience de son association fraîchement constituée de représentants de la société civile et de quelques députés, et qui est très active dans le mobile au service du citoyen.
Ines Hammami, autre Franco-Tunisienne, ingénieur et maître de conférences en systèmes d’information spécialisée dans la notion de données publiques et citoyennes et membre du groupe OpenGovTn, a mis en relief, de son côté, l’importance de l’ère numérique citoyenne, surtout dans l’instauration de la démocratie en faisant intervenir le citoyen dans la constituante et vice-versa, dans une sorte de responsabilité partagée.
Cette idée du partage est, on l’a compris, au cœur même de cette nouvelle ère de la mobilité utile, efficace, ludique et porteuse d’une nouvelle organisation sociétale. Qu’Orange Tunisie, en tant qu’opérateur global, ne ménage aucun effort pour promouvoir dans cette nouvelle Tunisie qui s’érige jour après jour.