Malgré une régression de leurs activités en Tunisie en 2011, les entreprises exportatrices allemandes installées en Tunisie restent optimistes sur les perspectives d’évolution de leurs affaires en 2012.

Par Samantha Ben-Rehouma


 

L’entrepreneuriat social est un mouvement de fond international, en plein essor. Partout dans le monde, des dizaines de milliers d’entrepreneurs sociaux démontrent au quotidien qu’il est possible de réconcilier efficacité économique et utilité sociale, sens et performance.

Plus d’un an après la révolution, une enquête a été menée pour connaître la situation des entreprises exportatrices allemandes, et ce, afin de pouvoir  identifier les tenants et les aboutissants actuels.

Une enquête menée par secteurs et par taille

En tant qu’interlocuteur privilégié des Chambres de commerce et de l’industrie (Cci) et des organisations professionnelles dans les deux pays, la Chambre de commerce tuniso-allemande (Ahk Tunisie) a pour objectif principal de promouvoir et de développer durablement les relations commerciales et industrielles ainsi que les services entre partenaires tunisiens et allemands.

L’enquête annuelle, qui a été faite, repose sur un questionnaire adressé à 139 entreprises exportatrices à capital ou à participation allemande au capital. Le pourcentage de régression s’élève ainsi à 51%. Les chiffres indiqués se rapportent à ce pourcentage de régression.

Parmi les entreprises qui ont pris part au questionnaire de cette année, l’industrie électrotechnique représente le groupe le plus important avec 39,4% et 35,2% pour le secteur du textile, d’autres secteurs industriels comme celui de la chimie et du plastique représentent quant à eux 25,4%.

L’enquête avec ses 69% de participation démontre que ce sont essentiellement les petites et moyennes entreprises qui sont représentées en Tunisie: le personnel (36,6% des sociétés) ayant participé au sondage ne dépasse pas les 100 collaborateurs, d’autre part 32,4% des entreprises à participation allemande au capital en Tunisie emploient entre 100 et 300 personnes. Les sociétés de 300 à 500 employés sont à 16,9% et les plus grandes sociétés (plus de 500 collaborateurs) représentent 14,1% des entreprises exportatrices ayant participées à l’enquête.

La situation est grave mais pas désespérée

55% des sociétés exportatrices qualifient l’évolution des affaires comme positive (28,2% de «bonne» et 26,8% de «plutôt satisfaisante»). En ce qui concerne la répartition sectorielle, les appréciations positives (de bonne à plutôt satisfaisante) varient selon le secteur d’activité: 67.8% pour l’électrotechnique et 32%, pour le secteur du textile.

Après l’année 2010, où l’on avait noté une nette amélioration de la situation économique, une baisse des exportations a été enregistrée en 2011. Aujourd’hui, certaines entreprises voient leur chiffre d’affaires passer de la hausse (66% en 2010) à la baisse avec 55% pour 2011.

Même situation pour les effectifs des entreprises (quel que soit le secteur d’activité) qui sont passés de 62% à seulement 39,5% aujourd’hui. Pour 35,2% des sociétés, les effectifs restaient stables (32% en 2010) et 25,4% des entreprises indiquent une compression des effectifs par rapport à l’année précédente avec seulement 6% pour 2010!

Les dirigeants de l'Ahk Tunisie. Ph. Samantha.

«High expectations» tout de même

Les perspectives concernant l’évolution des affaires pour 2012 restent optimistes : presque la moitié (47,9% et 44% pour 2011) des entreprises participant à l’enquête envisagent une augmentation de leur exportation. 22,5% des entreprises interviewées (24% pour 2011) s’attendent à une diminution de leur chiffre d’affaires à l’exportation et 21,1% ne voient pas d’éventuel changement par rapport à 2011.

Et si l’on prend en compte la distribution sectorielle, les prévisions de l’industrie électrotechnique s’annoncent pour le moins encourageantes: 64,3% s’attendent à une augmentation des exportations dans le textile. En ce qui concerne le secteur électrotechnique (avec plus de 60,7% des entreprises), il entrevoit une augmentation des investissements (+45% par rapport à 2011) même si l’on annonce un recul des investissements de 3,6% par rapport à 2011, qui enregistrait 11%.

Si la proximité géographique de l’Europe ainsi que les avantages fiscaux pour les entreprises exportatrices restent des points forts pour la Tunisie en tant que site d’investissement, force est de constater – et c’est là que le bât blesse – les  limites d’emploi dans le secteur public et l’étroitesse du secteur privé formel qui n’offre que peu d’opportunités d’embauche.

Plusieurs facteurs ont concouru à accentuer ce phénomène dans le pays, notamment l’instabilité politique, le ralentissement de la croissance économique et la faiblesse des politiques adaptées aux préoccupations des jeunes. En cela, l’asthénie des politiques, l’inadéquation entre la formation et les besoins de l’économie tunisienne ont contribué à exacerber le chômage et le sous-emploi de la nouvelle génération.

Et comme dirait le Pr. Noam Chomsky «en Tunisie, il y a eu une victoire partielle des forces populaires, qui ont chassé le dictateur qui a tenté de réinstaller un gouvernement similaire au sien. Où cela mènera-t-il à présent ? C’est difficile à dire…»

Les entreprises allemandes, pour leur part, ne semblent pas très affectées par le climat de doute qui règne aujourd’hui dans le pays. Elles gardent le cap, en espérant des lendemains meilleurs.