Le bras de fer opposant l’Ugtt à la société Meublatex prend une nouvelle tournure. La direction de la filiale du groupe Néji M’hiri accuse la centrale syndicale de politiser un litige portant sur des revendications sociales.

Par Wahid Chedly


C’est une véritable guerre d’usure  qui se déroule depuis plus d’un mois entre l’Union générale tunisienne du travail (Ugtt) et l’entreprise spécialisée dans l’ameublement Meublatex.

Réagissant à l’appel de l’organisation syndicale à observer une grève générale d’un jour dans la région de Sousse en signe de solidarité avec les employés licenciés de Meublatex, la direction l’entreprise propriété de l’homme d’affaires Néji M’hiri a haussé le ton, en accusant la plus importante organisation syndicale en Tunisie de politiser un simple conflit social.

Un accord de trois points

«L’Ugtt tente par tous les moyens de politiser un litige d’ordre social portant sur les revendications purement professionnelles des salariés du groupe Meublatex», a affirmé Khaled Bouguerra, conseiller juridique de l’entreprise,  dont le siège central est basé à Sousse.


Néji M'hiri, patron de Meublatex et de la chaîne d'hôtels El Mouradi.

S’exprimant au cours d’une conférence de presse tenue mercredi à Tunis, M. Bouguerra a déploré le fait que la partie syndical ait tenté de  «remonter les employés de la société et l’opinion publique contre le fondateur de la société en usant de slogans politiques et en  qualifiant Néji M’hiri de capitaliste ou encore de néolibéral».

M. Bouguerra rappelle que tout a commencé quand la direction de l’entreprise spécialisée dans la fabrication et la commercialisation des meubles a été invitée par l’inspection du travail à tenir une réunion, le 21 mai, avec des représentants   de la fédération des métiers et des services relevant de l’Ugtt sans que l’ordre du jour ne lui soit communiqué. «Durant cette réunion, nous nous sommes mis d’accord avec la partie syndicale sur trois points, en l’occurrence le déblocage d’une indemnité de transport, le respect de la durée légale des contrats de travail et l’amélioration de la sécurité professionnelle. Aucun accord n’a été trouvé, cependant, sur la rémunération des heures supplémentaires et les tenues  de travail qui ne constituaient pas des revendications tout à fait légitimes à nos yeux si l’on se réfère à la convention collective régissant le secteur», a-t-il souligné. Et d’ajouter: «Depuis, le dialogue ne s’est jamais interrompu comme en attestent les réunions tenues les 26 mai et le 3 juin. Le syndicat de l’entreprise a, toutefois, choisi de se livrer à une escalade et de politiser l’affaire. Des responsables syndicaux sont allés même jusqu’à crier haut et fort lors des rassemblements syndicaux que Néji M’hiri été un allié de l’ancien régime et de l’actuel gouvernement».

Mort «naturelle» d’un salarié

M. Bouguerra a également fait savoir que le syndicat de l’enterprise qui avait, entre-temps, déposé un préavis de grève de trois jours (du 18 au 20 juin), a refusé le recours à l’arbitrage de l’inspection générale du travail ou à une consultation juridique sur les revendications objets du litige entre les deux parties, lors d’une réunion tenue le 15 juin au siège de l’inspection du travail de Sousse. Il a aussi noté que des «slogans politiques n’ayant aucun rapport avec les revendications des salariés» ont été scandés durant la grève de trois jours.


Point de vente de Meublatex à El Manar1.

Selon lui, ces slogans «étaient dirigés contre la personne du fondateur du groupe Meublatex qui a été taxé de chercher à se réfugier sous le parapluie de l’actuel parti au pouvoir».

Le conseiller juridique de Meublatex a, sur un autre plan, démenti le décès d’un ouvrier de la société après avoir appris la nouvelle de son licenciement. «La mort de cet ouvrier a été naturelle et n’a rien à voir avec un quelconque licenciement. Cet ouvrier n’a pas été d’ailleurs licencié. Je défie l’Ugtt de publier l’avis de licenciement du défunt», a-t-il déclaré.

M. Bouguerra a, par ailleurs, récusé les accusations selon lesquelles la direction de Meublatex a fait des pressions sur les employés pour qu’ils quittent l’Ugtt, révélant qu’«un grand nombre d’employés ont exprimé, spontanément, leur volonté de retirer la confiance de la représentation syndicale qui, d’après eux, s’est éloignée de sa mission purement syndicale».

D’autre part, Soufiène Tlili, un autre conseiller juridique de Meublatex, a rappelé que les employés de cette filiale du groupe Néji M’hiri, ont bénéficié de deux augmentations salariales exceptionnelles en février et en novembre 2011, outre les promotions accordés à quelque 1.500 salariés.

Il a également indiqué, dans ce même chapitre, que les salariés de l’entreprise bénéficient aussi de plusieurs avantages sociaux comme les repas subventionnés, les frais de soins peu onéreux et des crédits à des taux préférentiels grâce à des conventions conclues avec d’autres banques et  d’autres prestataires de services.