Le torchon continue de brûler entre l’Union générale tunisienne du travail (Ugtt) et le patron de la société Meublatex, l’homme d’affaires Néji M’hiri.

Par Wahid Chedly


La centrale syndicale, qui se prévaut de plus de 500.000 affiliés, a réfuté jeudi les accusations de politisation d’un conflit social qui lui avaient été adressées par les responsables de Meublatex. «Nous n’avons fait que défendre les droits légitimes des salariés de cette entreprise par des moyens conformes aux textes de loi régissant les activités revendicatives auxquelles peuvent recourir les syndicats ouvriers», a affirmé Belgacem Ayari, secrétaire général adjoint de l’Ugtt chargé du secteur privé lors d’une conférence de presse. Et d’ajouter: «ces accusations de politisation de l’action syndicales adressés régulièrement à l’Ugtt prêtent à rire. Car si on voulait faire de la politique, on aurait mieux fait de choisir un plus grand groupe ou un secteur d’activités employant des dizaines de milliers de salariés».

Du parapluie «mauve» de Ben Ali au parapluie «vert islam»

Estimant que Néji M’hiri est un «ennemi de longue date de l’action syndicale», M. Ayari a également estimé que c’est plutôt le patron du groupe Meublatex qui tente de politiser le conflit social en déclarant que l’Ugtt cherche  faire tomber le gouvernement actuel. «Cet homme d’affaires est à la tête d’une fortune d’origine douteuse qu’il a accumulé grâce à ses relations avec le clan Ben Ali. Il a d’ailleurs profité de cette proximité avec l’ancien régime pour obtenir des crédits sans intérêts et d’autres avantages», a-t-il déclaré.


Néji M'hiri, capitaliste, proche de Ben Ali, Nahdhaoui, et quoi encore?

Le responsable syndical a, d’autre part, noté que le fondateur de Meublatex  «profite désormais du parapluie du nouveau régime et plus particulièrement du parti islamiste Ennahdha pour continuer à bafouer les droits des employés en toute impunité».

Rappelant que la direction de Meublatex a refusé toute négociation avec les représentants du syndicat de base l’entreprise, M. Ayari a mis en garde l’homme d’affaires, qui a osé défier la puissante machine de l’Ugtt: «Vous allez regretter et payer cher ses attaques contre l’organisation qui a été  de tous les combats pour les libertés depuis sa fondation en 1948». Et de souligner les revendications des travailleurs concernaient notamment les tenues de travail et le paiement des heures supplémentaires.


Belgacem Ayari: l'Ugtt n'entend pas s'en faire compter.

Pour sa part, Mustapha Metaouâ, secrétaire général de l’Union régionale du travail de Sousse, a fait savoir que la suspension des activités de l’entreprise suite à une grève de trois jours observée par les salariés du 18 au 20 juin dernier constitue une «mesure illégale», accusant les autorités de fermer les yeux sur cette infraction. Il a également exigé la réintégration «sans délais, ni conditions préalables» des salariés licenciés pour leurs activités syndicales et à la libération immédiate de onze autres salariés arrêtés par les forces de l’ordre pour les mêmes motifs.