Dans un document adressé aux médias, Jean-François Limantour, spécialiste du secteur textile tunisien, déplore ce qu’il appelle un «Rapid-Poste qui semble être tout sauf rapide». Des spécialités entières se voient menacées.

Par Aya Chedi


Apportant son témoignage comme étant président du Tunisian Textile Intelligence Group (Ttig), celui qui est aussi président du Cercle euro-méditerranéen des dirigeants textile-habillement (Cedith) indique qu’au cours de ces dernières semaines, «les problèmes d’acheminement du courrier express entre la Tunisie et l’Europe se sont multipliés, provoquant l’exaspération des sociétés clientes à tel point qu’elles menacent purement et simplement de rompre, pour ce motif, leurs relations commerciales avec les producteurs tunisiens, au profit de pays comme le Maroc».

De conséquences négatives sur les exportations et l'emploi

Cette situation «est gravissime, indique encore le spécialiste, car elle met en cause la crédibilité économique de la Tunisie sur la scène internationale et par voie de conséquence les exportations et l’emploi de plusieurs secteurs industriels au premier rang desquels celui du textile-habillement, une activité clé pour les équilibres socio-économiques du pays».

Face à la concurrence asiatique, européenne et… méditerranéenne, les entreprises tunisiennes doivent plus que jamais répondre de manière compétitive aux impératifs des marchés d’exportation et jouer à fond la carte du circuit court et ultra-court, et pour cela, être très performantes en termes de délais, de réactivité et de ponctualité. Ainsi, par exemple, pouvoir répondre dans les 48 heures aux demandes d’envois d’échantillons et de prototypes formulées par les distributeurs européens. A défaut, elles seront irrémédiablement «rayées de la carte»!


Jean-François Limantour.

Cette exigence devient malheureusement de plus en plus difficile à satisfaire «du fait de l’inertie coupable de certains services publics comme Rapid-Poste dont, en réalité, l’incurie plombe dangereusement la compétitivité d’un secteur qui, pourtant, ne ménage aucun effort de modernisation et d’adaptation aux défis de la mondialisation des échanges», indique-t-il aussi.

Entrave au développement économique de la Tunisie

En conséquence, le Ttig «demande que des mesures immédiates et énergiques soient prises afin que Rapid-Poste assure enfin correctement le service public qu’il est sensé fournir, et exhorte les autorités tunisiennes à mettre fin à la situation de monopole des services postaux et les ouvrent à la concurrence, à l’exemple de la plupart des pays du monde». Le Ttig réaffirme que «les dysfonctionnements constatés des services publics entravent le développement économique de la Tunisie, découragent les investissements internationaux et pénalisent l’emploi», et estime qu’il est de la pleine responsabilité des autorités nationales de garantir aux entreprises l’existence d’un environnement compétitif adéquat.

Le Ttig est une association composée d’industriels tunisiens et français, de distributeurs, d’experts, de dirigeants d’organisations professionnelles et de salons, d’entreprises de technologie ainsi que d’organismes consulaires et de formation. Basé à Paris, le Ttig se donne pour missions de renforcer les échanges et les investissements textiles et habillement entre la Tunisie et l’Union Européenne, dont notamment la France.