Le Rapport sur l’investissement dans le monde 2012, rendu public jeudi à Genève, indique que l’investissement direct étranger (Ide) en Tunisie a baissé de 24% entre 2010 et 2011, passant de 1,51 à 1,14 milliard de dollars (MM$).
Par Imed Bahri
Le World Investment Report 2012, document de référence réalisé depuis 1991 par la Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement (Cnuced), est sous-titré cette année «Vers une nouvelle génération de politiques d’investissements».
Il sera présenté, lundi 9 juillet, au siège de l’Agence de promotion de l’investissement extérieur (Fipa). Kapitalis en présente, en exclusivité, les grandes lignes concernant la Tunisie et les pays d’Afrique du Nord.
Repli des Ide en Tunisie et en Egypte
Entre 2010 et 2011, notre pays a vu les investissements directs étrangers baisser de 24%, passant 1,51 à 1,14 MM$. C’est l’apport annuel le plus faible depuis 2005. Les Ide en Tunisie sont, en effet, passés d’une moyenne annuelle de 1,9 MM$ entre 2005 et 2007, à 2,76 MM$ en 2008, 1,69 MM$ en 2009, 1,51 MM$ en 2010 et 1,14 MM$ en 2011.
Durant la même période, les Ide au Maroc sont restés assez stables. Elles ont même enregistré une légère hausse malgré la crise économique mondiale, passant de 2,30 MM$ de moyenne annuelle entre 2005-2007 à 2,49 MM$ en 2008, 1,95 MM$ en 2009, 1,57 MM$ en 2010 et 2,52 MM$ en 2011, soit plus que le double de la Tunisie. C’est, on l’a compris, le fruit de la stabilité, qui manque tant aujourd’hui à notre pays.
La chute des Ide en Egypte, pays qui a vécu une révolution similaire à celle de la Tunisie, est encre plus spectaculaire que dans notre pays, puisque la moyenne annuelle des Ide aux pays des Pharaons est passée de 10,81 MM$ entre 2005 et 2007, à 9,50 MM$ en 2008, 6,71 MM$ en 2009, 6,39MM$ en 2010 et… 0,48 MM$ en 2011, une chute on ne peut plus brutale soulignée par le rapport du Cnuced.
Le Maroc champion d’Afrique du Nord
Tout en affirmant que les Ide à destination de l’Afrique du Nord ont baissé de moitié en 2011, le World Investment Report 2012 souligne que le Maroc a enregistré la plus forte hausse des pays de la région, alors que l’Egypte a enregistré, la même année, un flux d’Ide négatif (+ de désinvestissements que d’investissements).
En 2011, le Maroc a, d’ailleurs, représenté 33% des flux des Ide à destination d’Afrique du Nord (contre 10% en 2010) et 6% des Ide à destination du continent africain.
En ce qui concerne l’évolution comparative des stocks d’Ide, le Maroc arrive également en tête avec 46,30 MM$ et s’accapare 39% des Ide destinés à la région, suivi de la Tunisie avec 31,41 MM$ (27%), de l’Algérie avec 21,78 MM$ (18%), de la Libye (14%) et de la Mauritanie (2%).
Autre indicateur important souligné par le rapport de la Cnuced: la part des projets Greenfield au Maroc demeure prépondérante (4,34 MM$) comparée aux Fusions et Acquisition (0,27 MM$). Et le Maroc représente 56,46% des projets Greenfield d’Afrique du Nord en 2011, suivi de la Tunisie (20,80%), de l’Algérie (14,65%), de la Libye (4,45%) et de la Mauritanie (3,63%).
Ralentissement en 2012, et reprise à partir de 2013
Sur le plan mondial, les flux d’Ide entrant en 2011 ont dépassé la moyenne annuelle d’avant-crise, passant de 1.473 MM$ de moyenne annuelle entre 2005-2007, à 1.976 MM$ en 2007, 1.791 MM$ en 2008, 1.198 MM$ en 2009, 1.309 MM$ en 2010, et 1.524 MM$ en 2011.
Le rapport note également que les flux d’Ide entrants dans le monde ont augmenté de 16% en 2011, malgré le contexte de crise économique international.
Les pays en développement ont reçu 684 MM$ (+11%), représentant 45% du total des Ide. Quant aux pays développés, ils ont attiré, en 2011, après 3 années de baisse, une augmentation de 21%.
Cependant, les Ide mondiaux risquent de ralentir en 2012, mais les prévisions pour 2013 et 2014 font ressortir une hausse continue. Les Ide devraient se stabiliser autour de 1.600 MM$ en 2013, monter à 1.800 MM$ en 2013 et 1.900 MM$ en 2014, sauf en cas de crise macro-économique majeure.
Une nouvelle génération de politiques
Le monde a besoin d’une nouvelle génération de politiques qui place la croissance inclusive et le développement durable au cœur des efforts pour attirer et tirer parti de l’Ide, déclare le Word Investment Report 2012. Une telle approche représente un défi majeur pour les décideurs politiques nationaux et internationaux, note-t-il également. Avant de proposer des orientations aux décideurs politiques dans leurs efforts pour promouvoir le développement durable. La pièce maîtresse en est l’Investment Policy Framework for Sustainable Development (Ipfsd) ou «Cadre pour une politique d’investissement au service du développement durable».
Une «nouvelle génération» de politiques d’investissement vise à répondre aux préoccupations spécifiques liées au développement durable aux niveaux tant national qu’international. Au niveau national, ces défis incluent l’intégration des politiques d’investissement dans des stratégies de développement plus large, l’incorporation des objectifs de développement durable dans la législation nationale, et l’amélioration de l’efficacité des politiques liées à l’investissement. Au niveau international, dit le rapport, il existe un besoin de renforcer la dimension de développement durable des accords internationaux sur l’investissement (Aii) de manière à mieux équilibrer les droits et obligations des États et des investisseurs, et à mieux gérer la complexité actuelle de l’univers des Aiis, dont le nombre continue de s’accroître dans le monde.
Guide pour une nouvelle ère
Le nouveau cadre pour les politiques d’investissement propose des orientations aux autorités nationales sur la manière d’affronter ces défis en matière de conception et de mise en œuvre de leur politique. Ce cadre consiste en:
• un ensemble de 11 principes fondamentaux pour la formulation de politiques d’investissement et fondés sur l’objectif clé de promouvoir l’investissement comme moteur de la croissance inclusive et du développement durable;
• des lignes directrices détaillées pour les politiques nationales de l’investissement aux niveaux stratégiques, réglementaires et administratifs;
• une aide spécifique aux décideurs politiques sous la forme d’options pour la conception et la mise en œuvre d’Aii, avec une attention particulière portée au renforcement de la dimension de croissance durable de ces accords.
Ces composants-clés reflètent le principe que la promotion de l’investissement, pour parvenir à des résultats appréciables en matière de développement durable et générer davantage d’investissements de qualité, doit être accompagnée – sinon précédée – par l’établissement de cadres réglementaire et institutionnel appropriés et efficaces, soutient le rapport.
La Cnuced exprime l’espoir que ce nouveau cadre puisse également servir de référence aux décideurs politiques dans des domaines aussi divers que le commerce, la concurrence, l’industrie, l’environnement et d’autres domaines où l’investissement joue un rôle important et où la cohérence dans l’élaboration des politiques est cruciale. Bien qu’il ne cherche pas à proposer des solutions uniformes pour tous, il peut jouer le rôle de point de convergence pour la coopération internationale sur les questions d’investissement.
«Nos principes fondamentaux pour une politique d’investissement plus durable constituent une réponse directe au mandat que les Etats membres nous ont donné à la récente conférence Cnuced XIII, tenue à Doha, au Qatar, en avril de cette année», commente le secrétaire général de la Cnuced, Supachai Panitchpakdi. «Je suis convaincu que notre cadre pour une politique d’investissement au service du développement durable sera pris en compte sans réserve par les décideurs politiques du monde entier, tout particulièrement dans les pays en développement».
(Avec communiqué)