Hausse «raisonnable» de l’âge du départ à la retraite, maintien du système de répartition actuel, révision du mode de calcul des pensions, hausse des cotisations des employés et des employeurs et prise en compte de la pénibilité de certains métiers…
Telles sont les principales recommandations de l’étude du Bureau international du travail (Bit) sur la réforme des régimes des retraites en Tunisie.
Réduire le trou de la sécu
Cette étude, réalisée à la demande du ministère des Affaires sociales, souligne que la hausse préconisée de l’âge de départ à la retraite doit prendre en compte les projections des indicateurs sociodémographiques à long terme, notamment l’augmentation constante de l’espérance de vie et le vieillissement progressif de la population tunisienne.
Il convient ici de rappeler que le projet de réforme élaboré par le gouvernement prévoit le report de l’âge légal du départ à la retraite à 62 ans à partir de 2012, puis à 65 ans dans une étape ultérieure, qui reste à déterminer.
En augmentant les années de cotisation et en diminution celles de la jouissance de la pension, le report préconisé va permettre d’améliorer les ratios financiers des deux principales caisses de sécurité sociale, entrées depuis 2006 dans une phase de déficit entre les recettes et les dépenses du régime général.
Par ailleurs, le maintien du système de répartition préserve la solidarité entre les générations et évite les fluctuations qu’induirait l’adoption du système par capitalisation, en vigueur dans le monde anglo-saxon, qui est très sensible aux aléas de la conjoncture et aux mouvements des marchés financiers.
Ugtt-Utica : même combat?
Si elles permettent de renflouer les caisses de sécurité sociale, la révision du système de calcul des pensions et la hausse les cotisations des employés et des employeurs, solutions préconisées par le Bit et déjà retenues par le gouvernement, risquent de susciter quelque résistance de la part de l’Union générale tunisienne du travail (Ugtt, syndicat ouvrier) et de l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat (Utica, patronat). La première craint pour le pouvoir d’achat des travailleurs, qui serait ainsi diminué, alors que la seconde appréhende une augmentation du coût de production des entreprises nationales, au moment où celle-ci font face à deux défis majeurs: la concurrence internationale et le développement du commerce parallèle, dont la part dans le commerce national est estimée à 20% par l’Utica.
Cependant, le gouvernement devant présenter bientôt une version finale de son projet de réforme, le débat est donc loin d’être clos.
Y. M.