Les avantages de l’intégration maghrébine pour la Tunisie sont manifestes: activités économiques multipliées, compétitivité accrue, utilisation plus efficace des ressources et impulsion pour la croissance et le développement.

Par Maher Gordah


La Banque africaine de développement (AfDB), dans sa dernière publication, intitulée: «Libérer le potentiel de l’Afrique du Nord grâce à l’intégration régionale», a mis en évidence le rôle primordial que jouera une hypothétique constitution d’un véritable espace de libre échange en Afrique du Nord pour développer les marchés et créer de nouvelles opportunités pour la croissance, la création d’emplois et l’amélioration des conditions de vie.

La région au monde la moins intégrée économiquement

En effet, l’intégration régionale peut créer des économies plus dynamiques, compétitives et diversifiées, et attirer et récompenser de nouvelles sources de crédits d’investissement.

L’intégration régionale présente un très grand intérêt pour l’Afrique du Nord, région abritant plus de 170 millions d’habitants, ayant beaucoup profité de son intégration en particulier avec l’Europe, mais qui n’a pas encore pleinement tiré parti de la coopération au sein de la région.

Malgré les solides liens historiques, religieux et linguistiques qui les unissent, les pays de l’Afrique du Nord demeurent encore aujourd’hui faiblement intégrés. Le coût économique de cette faible intégration a été évalué à environ 2 à 3% du Pib.

 

Un ensemble que tout unit et qui peine à se constituer

Notons qu’à la suite des grands bouleversements politiques et économiques qu’a connu la Tunisie et la Libye et compte tenu de la crise prévisible qui éclatera sur la rive nord de la Méditerranée, la quête de nouvelles opportunités économiques revêt une importance accrue. Le moment est donc particulièrement propice pour voir comment les opportunités souvent négligées d’une intégration régionale plus étroite en Afrique du Nord peuvent aider ces pays à se développer. Il est à espérer que l’analyse de ces opportunités suscitera un riche débat sur les politiques de développement, alors que de nouveaux gouvernements se mettent en place et que de nouveaux contrats sociaux se créent.

Toutefois, l’intégration régionale n’en est qu’à ses balbutiements en Afrique du Nord. Avec un commerce intrarégional représentant moins de 4% de l’ensemble des échanges, la région est, dans le monde, la moins intégrée économiquement. De tout temps, l’intégration entre les pays d’Afrique du Nord a été limitée par la politique intrarégionale, conjuguée à d’importants intérêts bilatéraux privilégiant l’intégration avec l’Europe et, plus récemment, une offensive en direction de l’Afrique subsaharienne.

Quels seraient les avantages pour la Tunisie?

Tout d’abord, les opportunités ne manquent pas, mais il faut les exploiter. La Tunisie, à l’instar du Maroc et de l’Égypte dispose d’une main d’œuvre qualifiée (ingénieurs, techniciens et informaticiens, etc.) et d’un secteur privé en plein essor avec des besoins de financement considérables, tandis que la Libye et l’Algérie affichent des excédents de capitaux et constituent un marché de plus en plus important pour les biens et services de la région, notamment ceux produits en Tunisie.

Des secteurs comme les services financiers, les technologies de l’information et l’industrie manufacturière représentent déjà une bonne part de la croissance du Pib de l’Afrique du Nord et tireraient fortement avantage de l’accès aux marchés et aux réservoirs de main-d’oeuvre régionaux.

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La sécurité alimentaire en serait accrue si des produits alimentaires abondants dans une partie de la région, en particulier en provenance de la Tunisie, pouvaient être facilement acheminés vers d’autres zones confrontées à des pénuries (Algérie et Libye).

Le développement d’un marché intégré de l’énergie pourrait également contribuer à libérer le potentiel de la région en comblant ses lacunes, en répondant à ses besoins et en l’arrimant à un marché méditerranéen intégré de l’énergie.

En tirant parti des forces d’un pays pour compenser les insuffisances du voisin, l’intégration régionale crée les conditions permettant aux participants de mieux préserver et exploiter leur patrimoine commun de ressources naturelles.

Les avantages de l’intégration régionale en Afrique du Nord et notamment pour une petite économie comme celle de la Tunisie semblent manifestes: activités économiques multipliées, compétitivité accrue, utilisation plus efficace des ressources et impulsion pour la croissance et le développement qui pourraient découler de l’intensification des échanges d’idées, de services, de biens, de financements et de personnes.