La rupture des commandes du grand constructeur automobile italien Fiat contraint Leoni Tunisie Groupe à transférer les employés de son usine d’Ezzahra vers son site-mère de Messadine.

Par Nacer Ould Mammar


 

La crise mondiale actuelle, notamment dans le secteur de l’automobile, touche de plein fouet le leader mondial et sa filiale tunisienne Leoni Tunisie Groupe, spécialisé dans le câblage automobile.

En effet, après avoir connu un chaud épisode l’année dernière dans son usine de Mateur (nord-est), c’est au tour de l’unité d’Ezzahra, dans la banlieue sud de Tunis, de connaître aujourd’hui une grave crise de production.

Non seulement le site tourne désormais avec le 1/3 de sa capacité totale, mais son client unique refuse de continuer la production à Leoni Ezzahra. Il menace même, en cas de refus de sa demande, de délocaliser toute activité de l’usine de Leoni en Roumanie.

Une situation délicate qui a poussé, mardi, les responsables à s’expliquer sur les raisons du transfert volontaire de ses employés du site d’Ezzahra vers ceux de Mateur et de Sousse.

Un point de presse a été tenu, mercredi, au siège social du groupe à Sousse afin d’expliquer la nouvelle stratégie de Leoni Tunisie Groupe en toute transparence pour éviter de mauvaises interprétations comme c’était le cas lors de la crise de  l’usine de Mateur.

Risque de délocalisation de l’usine en Roumanie

Mohamed Larbi Rouis, Pdg de Leoni Tunisie, entouré de ses collaborateurs.

Mohamed Larbi Rouis, Pdg de Leoni Tunisie Groupe, a d’emblée expliqué les raisons qui poussent sa société à procéder au transfert des 600 employés du site d’Ezzahra vers Mateur et Messadine et ce, pour l’intérêt du travail. Selon lui, ce transfert volontaire et nécessaire vise à préserver les postes d’emploi pour le personnel d’Ezzahra. «Leoni Tunisie Group, conscient de sa responsabilité sociale et en tant qu’entreprise citoyenne voit le transfert volontaire des salariés d’Ezzahra comme une solution inévitable pour préserver les 600 postes de travail et ne pas voir délocaliser l’activité en Europe de l’Est», a-t-il déclaré.

La direction de Leoni, a-t-il ajouté, a cherché par tous les moyens «d’autres solutions mais les spécificités techniques de l’usine d’Ezzahra font que la production n’est possible que pour son unique client italien qui subit lui-même, comme beaucoup d’autres industriels européens, les conséquences de la crise économique mondiale dans le domaine de l’automobile et qui ne peut plus supporter les coût de revient devenu assez élevé au niveau de l’usine d’Ezzahra».

M. Rouis a aussi affirmé que la baisse de volume des commandes ne fait qu’aggraver les résultats financiers du site; d’où l’impact sur les résultats financiers sur tout le groupe en Tunisie.

Le transfert des employés pour sauver des emplois

Même si le transfert des 600 employés semble être irrévocable en fonction même du choix de ces derniers, «la porte du dialogue reste ouverte et la direction de Leoni est prête à écouter toute proposition des employés concernés par le transfert mais aussi des syndicalistes de l’Ugtt», a laissé entendre M. Wissem Boujemaâ, directeur des ressources humaines.

Et si le transfert des employés de l’usine d’Ezzahra vers Sousse et Mateur était tout simplement le prélude à la fermeture pure et simple de ce site? M. Rouis persiste et signe: «ce transfert fait suite au manque des commandes du client Fiat au 1/3. Il y a, donc, une perte quotidienne assez conséquente et on n’a pas d’autres choix que de transférer cette activité au sein d’autres branches en Tunisie que vers les sites Leoni à l’étranger telle que ceux basés en Roumanie».

Les confrères pendant la conférence de presse.

Où en sont les relations entre la direction et les travailleurs de l’usine Mateur? M. Boujemaâ a assuré que «les choses sont rentrées dans l’ordre et les relations entre les deux parties sont cordiales».

Quid de la baisse de production dans le site de Mateur suite à la crise de Peugeot-Citroën avec l’Etat français? «Oui, il y a réellement une baisse de production», admet M. Boujemaâ notant que Leoni «va essayer de gérer cette situation. Pour l’instant, nous sommes en train discuter avec Business Unit Psa pour voir quel autre site va toucher la réduction de production».

Le cas de Soumaya Jebali, la fille du Premier ministre

En réponse à la question d’un confrère de la radio Express FM sur le fait que la fille de Hamadi Jbali, Premier ministre du gouvernement provisoire, Soumaya Jebali, figure parmi les cadres de Leoni, le Pdg de la société a précisé que l’intéressée a été recrutée depuis 2004 au sein du département ressources humaines. Elle est diplômée de l’Ihec Carthage et de nationalité tunisienne. Son père, poursuit-il, «était à l’époque incarcéré. Cette personne a évolué dans sa carrière avant d’être nommée, en 2010, directrice des ressources humaines pour remplacer un Français sur les deux sites de Mateur. Puis en 2012, elle a été nommée au même poste chez nous à Messadine».

En d’autres termes, il serait donc injuste – et, surtout, un peu tard – de reprocher à l’entreprise, huit ans après, un recrutement de complaisance.