Les écarts entre garçons et filles face à l’emploi et au chômage au Moyen Orient et en Afrique du Nord sont imputables, d’après l’Ocde, à de «fortes divisions» culturelles, sociales et économiques entre sexes.


 

Le taux de chômage des jeunes est de 30,8% au Moyen Orient et de 30,3% en Afrique du Nord, plus élevés que dans n’importe quelle autre région du monde. Déjà confrontés à de grandes difficultés à l’entrée du marché de l’emploi, les jeunes ont été davantage fragilisés par la crise économique.

D’après une récente enquête de l’Organisation pour la croissance et le développement économique (Ocde), tant leur taux de participation au marché du travail – passé de 54,7 à 50,8% en dix ans (1998-2008) – que le rapport emploi des jeunes/population ont baissé, durant la même période, de 47,9 à 44,7% pour ce dernier.

80,7 millions de jeunes sans emploi
chômageLa crise économique a produit «la plus large cohorte de jeunes chômeurs» à ce jour. De ce fait, leur taux de chômage a cru entre 2007 et 2009 de 7,8 millions – portant le total à 80,7 millions de jeunes à la recherche d’un emploi –, alors que, durant la décennie précédant la crise, le nombre de jeunes chômeurs ne progressait «que» de 192.000 par an.
Plus de 20% des jeunes demandeurs d’emploi au Moyen-Orient et en Afrique du Nord ont été incapables de trouver un emploi en 2008. Mais dans cette partie du monde, le problème est plus grave pour les filles que pour les garçons.
En 2008, seulement 21,5 et 22,9% des jeunes filles au Moyen Orient et en Afrique du Nord participaient au marché de l’emploi, «malgré de grands progrès dans l’éducation des filles», souligne le rapport du Bureau international du travail (Bit).

Un «double fardeau»
Normalement, «l’élévation du niveau de la réussite éducationnelle accroît le coût d’opportunité de l’inactivité et améliore l’accès aux opportunités d’emploi», rappelle la même source. Sauf en Afrique du Nord et au Moyen Orient où cette relation de causalité ne fonctionne pas pour les jeunes filles.
De plus en plus élevés, les écarts entre garçons et filles face à l’emploi et, partant, au chômage, plus élevés que dans n’importe quelle autre région du monde, sont imputables d’après le rapport de l’Ocde à de «fortes divisions» culturelles, sociales et économiques entre sexes.
Ce qui fait dire aux auteurs du rapport que ces filles portent un «double fardeau», celui de leur sexe et de leur jeunesse. Boycottées en quelque sorte par les employeurs qui donnent la priorité aux chercheurs d’emploi mâles, les jeunes filles se tournent vers le secteur public dans l’espoir de s’y faire recruter.

L. M.