accords agadir
Les accords d’Agadir on offert des opportunités pour le développement des industries textile et automobile en Tunisie, au Maroc, en Egypte et au Maroc. Des obstacles empêchent cependant une meilleure exploitation de ces opportunités …


Selon Enpi-Info, les accords d’Agadir ont permis une augmentation de 45% des échanges commerciaux entre les pays concernés, entre 2007 et 2008. Mais c’est l’Egypte qui semble avoir les meilleures performances, avec une augmentation de 115% de ses exportations et de 131% de ses importations avec ses trois partenaires.
Dans les échanges à l’intérieur de la zone, la Tunisie se distingue dans le secteur des chaussures et les produits finis à base de cuir et l’Égypte dans celui du cuir et de la tannerie, affirme encore Enpi-Info.

Cap sur le textile et l’automobile
Dans un article intitulé: ‘‘Textile et automobile, ‘‘le charbon et l’acier’’ des Accords d’Agadir?’’, le site Eurojar présente les opportunités des accords d’Agadir et les obstacles restant à surmonter pour mieux exploiter les potentiels d’échanges dont dispose la région.  
Réunissant le Maroc, la Tunisie, l’Égypte et la Jordanie, ces accords de libre échange les accords d’Agadir ont pris pour base initiale les domaines du textile et de l’automobile. Le développement du commerce sud-sud et sud-nord sont visés par ces deux secteurs stratégiques.
«Ce sont des secteurs-clefs pour chacun des quatre pays des Accords d’Agadir. Ils occupent beaucoup d’emplois et ils sont stratégiquement importants en termes d’activité industrielle et d’exportation.» C’est ainsi qu’explique Jean-François Limantour, Conseiller de l’Unité Technique d’Agadir (Atu), le choix du textile et de l’automobile comme premiers domaines auxquels s’appliquent ces accords, en cours d’élargissement aux domaines du cuir et du transport.
Entrés en vigueur en 2007, les Accords d’Agadir se mettent en place lentement. «Jusqu’à présent, les échanges et la coopération entre les quatre pays sont faibles», reconnait M. Limantour, également Président du Cercle Euroméditerranéen des Dirigeants Textile-Habillement. «Il y a diverses raisons à cela, entre autres le fait qu’il s’agisse d’un accord qui a été récemment mis en œuvre. Il a fallu plusieurs années pour que les règlements douaniers soient mis en service.»

Un démarrage difficile
C’est un fait, les avantages et opportunités commerciales qu’offrent les Accords sont souvent inconnus des dirigeants commerciaux des quatre pays membres. Certains leaders du textile, par exemple, n’en ont même jamais entendu parler. Franck Zagury dirige Alliance Textile, une société de confection faisant partie de l’Association Marocaine de l’Industrie du Textile et de l’Habillement. Il se dit être en contact étroit avec les autorités économiques marocaines, mais dit n’avoir reçu aucune information à ce sujet.
Pourtant les potentialités existent, car les synergies sectorielles transnationales n’ont pas vraiment cours. La raison, selon M. Zagury, «n’est pas une question de droits de douane… Ils ne viennent pas en prospection au Maroc, et moi, je ne vais pas vers eux.»
Potentiellement intéressé par la production de coton en Égypte, M. Zagury accueille l’idée de coopérations plutôt d’un bon œil: «Tout est ouvert aujourd’hui, c’est une question de fonctionner en bonne intelligence.» Mais il ne cache pas sa crainte que ce soit «un peu utopique parce qu’on n’a pas les uns et les autres, les mêmes vues, les mêmes impératifs et les mêmes besoins.»
La question de la concurrence entre les pays signataires se pose en fait comme le principal frein au rapprochement des économies de la rive sud de la Méditerranée. «On constate des nationalismes assez forts dans chacun des pays, affirme M. Limantour, c'est-à-dire que chacun se croit un petit peu meilleur que l’autre, et ils se considèrent tous comme concurrents les uns des autres. Ce n’est donc pas naturellement qu’ils ont envie de coopérer.»

Priorité à la communication
Bruno de Cenival, de la société BdC Conseil et rédacteur du rapport sur l’automobile, l’avoue bien volontiers: «Les politiques étaient un peu au courant, les industriels très peu. Maintenant, il y a eu des conférences, ils ont reçu un tas de rapports qui ont été diffusés. Je pense qu’il y a une connaissance plus forte. En revanche, ont-ils vraiment conscience de ce que ça pourrait leur apporter? Ça n’est peut-être pas encore complètement le cas…»
Le constat est le même pour M. Limantour: «Les responsables commerciaux sont peut-être plus enclins à coopérer que les politiques dès l’instant où ces industriels et hommes d’affaires ont compris l’intérêt de coopérer et de jouer ensemble la carte de la complémentarité. Ce sont les hommes politiques qui ont décidé mais ce sont les mêmes ou leurs successeurs qui freinent souvent.»
Priorité, donc, pour lutter contre ces réticences, à la pédagogie car, pour M. de Cenival, ce qui intéresse avant tout les partenaires privés, premiers bénéficiaires potentiels de ces Accords, c’est précisément une ouverture structurée. «Ils sont friands de toute source d’information, de tout accompagnement -s’ils en ont besoin- et de toute incitation, qu’elle soit méthodologique ou financière», assure-t-il.
Chacun des pays a en effet entretenu jusqu’ici des rapports particuliers avec l’Europe. Le Maroc et la Tunisie étaient les fers de lance, alors que l’Égypte et la Jordanie étaient pour le textile plus tournés vers le marché américain, liés aux États-Unis par des accords préférentiels. Mais Égyptiens et Jordaniens se sont désormais également rapprochés de l’Union européenne. Il n’y a donc plus de frein aux synergies sur la côte sud de la Méditerranée. Et l’idée commence à faire son chemin.
Pour M. de Cenival, on commence à voir un «très fort impact» qui tient au fait que «les gens se parlent beaucoup plus qu’avant. Au niveau industriel, ils en sont véritablement à chercher des complémentarités au lieu d’être en concurrence pure vis-à-vis du partenaire commun qu’était l’Europe.»

Un enjeu global
L’enjeu est fondamental. La concurrence de blocs régionaux plus ou moins intégrés dépasse aujourd’hui de loin le fait économique national. L’automobile, par exemple est devenue une chance pour les acteurs économiques du sud méditerranéen, acteurs qui sont passés, comme le dit M. de Cenival, «en 5-10 ans du stade des commerçants locaux faisant un peu d’industrie à un besoin de politique industrielle pour l’avenir.» Un positionnement intéressant, donc, mais la concurrence asiatique est devenue une réalité qui nécessite des stratégies plus larges que celles de l’entreprise, et même plus qu’une stratégie économique proprement nationale.
Pour le textile, la chose se révèle également impérieuse, car la Chine représente un danger des plus affirmés. Et à la question ‘les Accords d’Agadir suffiront-ils face à la Chine?’, M. Limantour répond clairement «non, c’est une condition nécessaire mais non suffisante.»
Les Accords d’Agadir ne sont peut-être donc pas destinés à être les prémices d’une union économique sur le mode européen, et ne suffiront peut-être pas à lutter contre des géants économiques. Mais la concurrence globale est un fait avéré et cette étape dans l’ouverture sud-sud va tout de même, pour autant que ses acteurs en jouent le jeu, dans le sens du renforcement capacitaire et de la compétitivité. De plus, avec une dimension Euromed qui est selon M. Limantour «très forte», les Accords d’Agadir pourraient aider sensiblement au renforcement du partenariat stratégique entre les rives nord et sud de la Méditerranée.

 

Source : Enpi-Info, Eurojar