Le désengagement de Shell de la Tunisie s’effectuera «dans la continuité et préservera les intérêts de tout le monde» a affirmé jeudi à Tunis Xavier Le Mintier, vice-président de Shell Oil Products Africa. L’enseigne Shell ne disparaîtra donc pas. Ni ses produits.
Lors d’une rencontre avec les médias, laquelle a été précédée par des entretiens avec des membres du gouvernement tunisien, M. Le Mintier a annoncé «qu’il s’agit plutôt d’une cession d’actifs», au terme de laquelle Shell deviendra minoritaire.
Soulignant que la démarche entreprise par Shell «fait partie d’une stratégie globale qui vise à se retirer de quelques pays et de quelques activités pour se recentrer sur d’autres », Le Mintier a tenu à apaiser la tension au sein de ses employés en affirmant que la cession de la majorité de ses actions «n’est qu’un changement dans la continuité».
«Nous avons exigé, a-t-il déclaré, un acheteur potentiel, c’est-à-dire le même pour tous les pays et que les situations contractuelles avec les employés, les fournisseurs et les gouvernements soient respectées».
Pourquoi Vitol?
Le responsable de Shell a aussi indiqué que les négociations «se poursuivent avec un seul acquéreur potentiel, la société de courtage de pétrole Vitol et son partenaire Helios».
«Nous avons chois Vitol parce que nous nous connaissons très bien. Plusieurs d’anciens cadres de Shell sont aujourd’hui à Vitol», ajoute M. Le Mintier.
Le Groupe Vitol a pour sa part confirmé qu’il est en négociation exclusive avec Shell pour l’acquisition potentielle de capitaux dans leurs activités en aval dans 19 pays d’Afrique. L’acquisition potentielle de capitaux par Vitol se fera en partenariat avec ses associés d’Helios, une société majeure d'investissement se concentrant sur l’Afrique et l’une des rares sociétés d’investissement en fonds propres panafricaines indépendantes à être fondée et gérée par des Africains.
Les négociations portent sur les activités en aval de Shell: commerce de détail, carburants commerciaux, lubrifiants, gaz de pétrole liquéfié (Gpl), bitume, aviation et marine au Maroc, en Tunisie, en Egypte (à l’exception des lubrifiants), en Côte d’Ivoire, au Burkina Faso, au Ghana , au Togo, au Sénégal, au Mali, Guinée, au Cap Vert, au Kenya, en Ouganda, en Tanzanie, au Botswana (hors Gpl), en Namibie, au Madagascar, à l’île Maurice et à la Réunion.
Vente du business, pas de la marque
Shell conserve ainsi non seulement un actionnariat dans l’entreprise mais aussi la marque Shell et les produits Shell. En Tunisie, ajoute Le Mintier, seule la marque Butagaz (une marque française) ne sera pas transférée vers Shell.
Ceci dit, tous ces changements sont soumis à la condition que les pourparlers avec Vitol aboutissent, précise Le Mintier. Ces pourparlers ont démarré début du mois de juillet et devraient être clôturées la fin de l’année. Au cas où un accord sera atteint, il faudra six à douze mois pour qu’il entre en vigueur, selon lui.
«On ne vendra pas à n’importe quelles conditions, avertit cependant Le Mintier, car nous ne sommes pas dans une situation de détresse».
Le Mintier a évité d’évoquer les détails de ces négociations et le montant approximatif de l’opération. Pour ce qui est de la colère des employés, nourrie par une campagne médiatique «surprenante» selon Le Mintier, c’est un cas particulier à la Tunisie pour ce responsable de Shell. «Seule la Tunisie a connu un contentieux compliqué notamment au niveau du projet humain », a déclaré Le Mintier. «Et ça m’a étonné».
Malgré cette volonté d’apaisement, les employésde Shell Tunisie menacent toujours de faire la grève.
«Ça n’a rien à voir avec la procédure de vente de la société», répond Noufel Issa, directeur général Shell Tunisie. «C’est une affaire qui a trait aux négociations sociales qui démarreront bientôt», ajoute-t-il.
Shell Tunisie c’est 516 emplois directs, 155 stations de services, une part de marché de 25.5% (sur les stations de services), de 30% sur les lubrifiants et de 30% sur le Gpl.
M. T.