Le forum économique de Davos a refusé de classer la Tunisie dans la liste de la compétitivité de 144 pays. Une alerte supplémentaire pour le gouvernement de Hamadi Jebali.
Par Benoît Delmas*
Le nom de Davos est devenu mondialement connu depuis que le gotha de la politique et de l’économie se réunit une fois l’an dans cette luxueuse station de ski située dans le canton de Genève en Suisse.
Un signal fort envoyé à la «troïka»
L’institution publie chaque année un classement des pays, jugés selon leurs compétitivités. 144 pays sont jaugés selon seize facteurs. Parmi eux: la bonne gouvernance, le fonctionnement de son administration, l’état des infrastructures, du marché bancaire, de l’environnement macroéconomique…
Classé 40e en 2010/2011, la Tunisie a donc disparu du classement. Un signal fort envoyé à la «troïka», la coalition au pouvoir dominée par le parti islamiste Ennahdha.
En ne classant pas la Tunisie, Davos lui évite une sérieuse déconvenue, une chute vertigineuse au sein du classement. Ce qui aurait pour effet immédiat de refroidir les investisseurs. En mettant entre parenthèses la Tunisie, les économistes de Davos mettent en avant l’effet du printemps arabe qui bouleverse un pays. Toutefois, l’Egypte est classée.
Diplomatiquement, ce rapport explique que les changements structurels ne permettent pas de comparer la Tunisie de 2010/2011 et celle de 2011/2012.
La multiplication des signaux d’alarme
Davos ne fait qu’amplifier les déclarations du Fonds monétaire international (Fmi), des agences de notations et autres organismes internationaux qui mettent en garde les parties au pouvoir quant à l’absence de réformes structurelles et de visibilité économique.
L’absence de réformes, le manque de lisibilité de l’action gouvernementale sont deux cruels marqueurs pour les investisseurs et bailleurs de fonds étrangers. Les signataires de ce rapport espèrent pouvoir «réintégrer» la Tunisie dans le prochain classement.
A balayer d’un revers de la main les opinions d’organismes indépendants, le chef du gouvernement Hamadi Jebali commet une erreur d’appréciation majeure. La Tunisie ne vit pas dans une bulle. Elle dépend des économies des autres pays. Et tous ne sont pas des ennemis. Reconnaître ses faiblesses est souvent un signe d’intelligence. Et le début d’une saine réactivité : car il faut mettre en route des programmes sérieux de restructuration et de relance économique pour espérer voir la Tunisie retrouver ses positions antérieures dans les classements internationaux et une meilleure visibilité aux yeux des opérateurs économiques.
* Journaliste français basé à Tunis.