Inauguration du nouveau site industriel d’un groupe international pour un investissement de 16 millions de dinars… en l’absence, fort remarquée, des responsables tunisiens!
Par : Samantha Ben-Rehouma
Macopharma, spécialisée dans la transfusion, la perfusion, les masques de protection respiratoire et la biotechnologie, n’a pas à «sang faire» tant elle s’en met plein les poches…
Les produits de Macopharma, vendus dans plus de 70 pays, font un CA de 165 millions d’euros dont les 2/3 réalisés à l’export et sortent de cinq sites de production: 3 en France, 1 en Pologne et 1 autre en Tunisie où l’inauguration du nouveau site dans la zone industrielle de Chotrana, au nord de Tunis, vient d’être célébré en grande pompes…
Une véritable success story
Tout commence en décembre 2004, à La Soukra, où Macopharma implante une unité qui, à la cadence de 30 millions par an pour la perfusion et la transfusion, va produire environ 95% des montages nécessaires à toute la production en France et en Pologne.
En 2010, lorsque Patrick Delattre prend ses fonctions de directeur général pour la Tunisie, le site est certifié ISO 9001.
Ronald de Lagrange Chancel dévoile la plaque de Maco à Choutrana.
En 2011, l’unité, étant saturée et ne permettant plus de garantir la livraison et la croissance des quantités à fabriquer, va alors s’agrandir… Oui mais voilà, nous sommes à la veille du 14 janvier, et se pose la question: «Construire ou partir»?
L’inauguration de l’usine (surface bâtie de 6.200m2 sur 1.1500m2) le 11 septembre 2012 (Hé oui y en a marre du politiquement correct!) répond on ne peut mieux à cette question et illustre bien le bon sens de Macopharma car non seulement, ses dirigeants n’ont laissé personne (parmi les employés) sur le carreau mais ils ont renforcé leur position en faisant du site le seul à produire des poches stérilisées.
Macopharma se targue d’être la seule entreprise au monde à proposer une traçabilité complète des poches à sang. Chaque produit intègre un numéro individuel gravé à l’extérieur d’une poche soudée et emballée individuellement.
Suivez le guide!
Durant le point de presse (une première pour Macopharma !) le Pdg Ronald de Lagrange Chancel, venu spécialement pour l’occasion, a tenu un discours émouvant. Il a évoqué ses souvenirs en Tunisie: sa coopération avec la Steg, la Société nationale des chemins de fer de Tunisie (Sncft) et la Compagnie des phosphates de Gafsa (Cpg), où «j’ai connu feu Tahar Amira, un véritable ami dont les conseils m’ont beaucoup servis. Voilà pourquoi le choix de la Tunisie était une évidence. Je boucle pour ainsi dire la boucle en rendant à mon tour service à ce merveilleux pays!», conclut le Pdg de Macopharma… Quel bel hommage… en ces temps d’obscurantisme «exa-barbé»! Et j’ajouterai: «Tunisie, ses expatriés qui y ont vécu le moins qui en parlent mieux!», pour paraphraser un fameux slogan publicitaire…
L'équipe gagnante de Macopharma tout sourire.
Après cette conférence, Anis Abdennadher, pharmacien responsable à Macopharma, a convié les journalistes – emmitouflés dans des combinaisons stériles comme dans un film de Woody Allen – à visiter l’intérieur du site. Dans une ambiance de fou rire du côté journaliste – sûrement due à la pression des chambres blanches stériles – et d’excitation du côté employé – le personnel avait eu son après-midi de libre pour pouvoir assister à l’inauguration –, Anis Abdennadher nous a expliqué le processus pour l’élaboration des poches stériles qui seront exportées vers le Moyen-Orient, l’Afrique du Nord, l’Europe Orientale et la Turquie…
A horizon 2014, le site aura pour objectif de fabriquer 37 millions de montages et 5 millions de kits de transfusion en doublant ses effectifs… Une manne pour la Tunisie car Macopharma compte bien ouvrir la porte aux sous-traitants afin que ces derniers viennent aussi s’implanter… Que demande le gouvernement? Oops… Que demande le peuple?
Les absents ont toujours tort!
Lorsqu’une société aussi importante que Macopharma confirme sa volonté de s’agrandir (géographiquement et en effectifs) en investissant pas moins de 8 millions d’euros (l’équivalent de 16 millions de dinars), on s’attend (même en rêve!) à ce que les représentants du gouvernement viennent féliciter cette initiative… Or, puisque nous vivons dans un pays «moush normal», tellement le savoir-vivre transpire et sort des pores de nos provisoires élus, qui – trop occupés à conduire leur Mercedes – en oublient souvent le protocole et les bonnes manières!
Patrick de Lattre et l'appel de l'olivier: tout un symbole.
En effet, les ministres des Affaires sociales, de l’Industrie ainsi que le maire de Tunis, qui avaient confirmé leur présence après avoir reçu leurs invitations, non seulement ne sont pas venus, mais n’ont guère daigné envoyer quelque émissaire que ce soit… Peut-être qu’une mise sous perf’ leur serait salutaire?
En dépit de ce manquement à l’étiquette, la joie et la convivialité ont marqué cette journée. Tous les symboles de bon augure se sont donnés rendez-vous pour cette inauguration ô combien réussie: la pluie, «el tabel», l’olivier planté par Patrick de Lattre, et même le mouton égorgé! Sous une immense tente, après la projection du film relatant l’évolution du site de Chotrana, employeurs, employés, investisseurs, journalistes, amis…, se sont attablés pour un déjeuner gargantuesque… sans aucune distinction de classes – assez rare dans les entreprises, vous m’avouerez!