La nouvelle stratégie nationale pour l’emploi devra être annoncée fin décembre. Ses objectifs sont connus, mais ses chances de réussite, dans le contexte de crise actuel, restent très aléatoires.

Par Maya L.

Les problèmes du chômage et de la précarité de l’emploi touchent aujourd’hui la plupart des catégories sociodémographiques en Tunisie. Une telle situation est le fruit d’accumulation de mauvaises stratégies socio-économiques et l’interventionnisme excessif d’un Etat régulateur, accessoirement népotique et corrompu, surtout depuis les deux dernières décennies.  

Pas de solution miracle à court terme

Force est de constater que sur le court terme, il est quasi impossible, n’en déplaise aux prêcheurs populistes, d’apporter des solutions miracles qui seraient de nature à assainir le blocage structurel sur le marché du travail ou à apporter des modifications profondes aux dysfonctionnements constatés.

Des diplômés chômeurs demendent l'insertion dans la vie professionnelle

Ceci étant, la stratégie nationale pour l’emploi, en cours d’élaboration, sous l’égide du ministère de la Formation professionnelle et de l’Emploi (Mfpe) devrait être une traduction technique des termes de référence stratégiques et des recommandations issues du Congrès national pour l’emploi organisé par le Mfep les 28, 29 et 30 juin 2012.

Durant ce congres, les outputs des consultations régionales, les actes des débats avec les membres de l’Assemblée nationale constituante (Anc) et les rapports des cercles de réflexion avec des experts, des universitaires et des représentants des chômeurs ont été débattus et discutés pour en tirer les principaux axes d’orientation et les différentes recommandations.

L’objectif était d’élargir le débat aux différents intervenants (Utica, Ugtt), opérateurs, intervenants, Ong et représentants de la société civile et par conséquent d’avoir les ingrédients nécessaires à l’élaboration d’une stratégie pour l’emploi réunissant le consentement de toutes les parties prenantes. Cela constitue, une condition sine qua none de l’éventuelle mise en place et de l’application de ladite stratégie et donc d’hypothétiques résultats positifs en vue atteindre les objectifs fixés.

Des jeunes en quête de travail dans un bureau d'emploi de Tunis

Le Mfpe s’est engagé, à l’occasion du Congrès national pour l’emploi, à annoncer sa stratégie finale vers la fin décembre 2012. Cette stratégie sera élaborée par un comité d’experts en collaboration avec les différentes parties concernées, y compris les bailleurs de fonds. Cette stratégie nationale pour l’emploi s’étendra sur une période de quatre ans. Celle-ci commencera dès le début de l’année 2014 jusqu’à la fin de l’année 2017.

Il est à noter que le programme d’urgence constitue inéluctablement un complément essentiel de la démarche stratégique dans la mesure où les actions urgentes contribuent à favoriser les conditions de mise en œuvre des mesures stratégiques.

Le diagnostic de la situation de l’emploi et du marché du travail en Tunisie révèle que l’emploi englobe des problèmes quantitatifs et qualitatifs. Non seulement le nombre des chômeurs demeure élevé, mais aussi la généralisation de la précarité du travail, des discriminations et des violations des droits fondamentaux du travail persistent encore au sein de certaines structures.

Peut-on réduite le taux de chômage de 6 à 8 points?

Pour ce faire, le Mfpe entend, à travers sa Stratégie nationale pour l’emploi, atteindre trois grands objectifs à savoir:

- une réduction significative du taux de chômage global afin de le ramener à des niveaux de 6% ou 8% d’ici les quatre prochaines années ;

- favoriser la création d’emploi, respectant entre autres les intérêts des deux parties : employeur/employé (un travail productif et décent) ;

- répartir de façon plus égalitaire les emplois en fonction des besoins et des potentialités des régions;

- réduire les disparités entre les catégories socioprofessionnelles en mettant l’accent sur celles considérées comme les plus vulnérables, c’est-à-dire les jeunes diplômés et non diplômés, les femmes et les seniors en situation de chômage de longue durée.

Sit-in de chômeurs devant le siège de la Cpg à Tunis

Cependant, cela semble être, encore une fois, des objectifs assez vagues et assez difficiles à atteindre, étant donné les mauvaises perspectives en termes de croissance à court et moyen termes, si on se base sur les récentes études des institutions internationales et non sur les chiffres nationaux, sur-gonflés et totalement incohérents, eu égard au contexte économique actuel, dues d’une part à la frilosité des investisseurs locaux et étrangers, à l’instabilité politique et à l’intensification de l’insécurité et d’autre part, à l’absence de vision claire en termes de politique économique, et le flou total quant à l’adoption d’un nouveau modèle de contrat social.

Cela représente autant d’obstacles, qui feront que cette feuille de route, sera et restera une énième stratégie qui pourrait n’accoucher d’aucun résultat palpable.