Le mouvement Ennahdha continue de placer ses gens dans tous les rouages de l’Etat, lentement mais sûrement, et avec l’insistance d’un éléphant dans un magasin de porcelaine.

 Par Imed Bahri

A Paris, après la très controversée nomination du Nahdhaoui Karim Azouz en tant que consul général, c’est au tour de Tunisair avec l’affectation au poste de représentant général dans la capitale française d’un certain Slah Blidi, qui serait proche du parti islamiste au pouvoir.

Un «bleu» à Paris

C’est, en tout cas, ce qu’affirment certains de ses collègues au sein de la compagnie nationale. Des jaloux? Des mauvaises langues? Peut-être, mais pas seulement, puisque la brusque promotion de M. Blidi n’est pas, pour ainsi dire, incontestable et au-dessus de tout soupçon. Explications…

Cette nomination est particulièrement surprenante dans la mesure où M. Blidi n’a aucune expérience commerciale dans le transport aérien et a été tout au long de sa carrière financier.

Or, personne n’ignore que la France représente le premier marché pour Tunisair en termes de trafic et qu’en plus de la concurrence des autres compagnies qui se disputent les lignes entre les deux pays (Air France, Transavia, Aigle Azur, Air Méditerranée et côté tunisien Syphax Airlines), les négociations avec les tours opérateurs qui assurent les vols charters sont des plus pointues et exigent des compétences avérées dans le domaine commercial.

Renseignement pris, Slah Blidi aurait passé un concours interne et aurait réussi aux épreuves. Une petite enquête que nous avons menée nous a permis d’apprendre que chaque candidat n’ayant jamais travaillé à l’étranger se voyait curieusement bonifié de 5 points supplémentaires au concours.

Malgré cela, et en considérant que le nouveau représentant de Tunisair est apte à diriger une représentation à l’étranger, on se demande pourquoi il a été parachuté directement à Paris, au lieu de l’initier au métier dans un autre pays où les compétences commerciales ne sont pas aussi importantes?

La Gazelle sur les ailes de… la colombe

La réponse est qu’au sein du ministère du Transport, le principal conseiller du ministre Abdelkarim Harouni en matière de transport aérien n’est autre qu’un ex-agent de voyages d’origine tunisienne venu de France apparenté à Ennhadha et qui fait aujourd’hui la pluie et le beau temps dans le secteur.
Dans plusieurs interviews accordées récemment, Rabah Jrad, le Pdg de Tunisair, a reconnu que la compagnie était financièrement «au bord du gouffre». La nomination d’un «bleu» (sans jeu de mot déplacé) à Paris ne va certainement pas arranger les choses pour «la Gazelle» rouge et blanche.