Tommaso Bonanata, gérant du fonds Julius Baer Multistock Northern Africa, croit au potentiel de croissance de l’Afrique du Nord et parie essentiellement sur les «marchés frontières», notamment celui de la Tunisie.
Dans un entretien au quotidien ‘‘Le Temps de Genève’’ (Suisse), publié le 4 septembre sous le titre «L’état d’une économie frontière se voit dans son système financier», M. Bonanata constate que les fonds cherchant à investir en Afrique limitent généralement leur choix à l’Afrique du Sud, le marché le plus liquide du continent. Or, selon lui, l’Afrique du Nord et ses «marchés frontières», notamment la Tunisie, le Maroc et l’Egypte, présentent un fort potentiel de croissance.
Les «marchés frontières»
Mais d’abord, qu’entend-t-il par «marchés frontières»? Réponse de M. Bonanata: «Ce sont des marchés où les volumes de transactions sont encore assez faibles», mais qui «risquent d’augmenter à l’avenir au point de transformer, peut-être, ces places en marchés émergents».
M. Bonanata distingue trois types de marchés: les développés (Etats-Unis, Europe, Japon…), les émergents (Russie, Chine, Afrique du Sud…) et les marchés frontières dont font partie la Tunisie, le Maroc et même l’Egypte, où les transactions journalières à la Bourse s’élèvent à 200 millions de dollars, contre environ 2 milliards dans un pays émergent comme la Turquie.
M. Bonanata fait remarquer que la plupart des fonds qui investissent en Afrique du Nord placent habituellement leur argent sur des titres du Moyen-Orient. Ce qui n’est pas le cas du fonds qu’il gère. Julius Baer Multistock Northern Africa est en effet un produit de niche, il met l’accent sur les pays nord-africains. Pourquoi ce choix? Réponse de M. Bonanata: «Ce sont des pays dont la croissance a bien résisté à la crise financière, avec des taux souvent proches de 5%, à l’instar de la Tunisie en 2009. Cela s’explique par une demande interne toujours plus vigoureuse, au niveau de la consommation aussi bien que de la construction. Malgré le ralentissement des investissements directs étrangers, ces pays connaissent un véritable développement de la classe moyenne qui est le moteur de cette croissance de la demande domestique. A cela il faut ajouter une stabilité politique que de nombreux pays d’Afrique subsaharienne sont encore loin d’atteindre.»
Tunisie, 3ème portefeuille de Julius Baer
Société d’investissement à capital variable basée en Suisse, Julius Baer Multistock Northern Africa est active sur la place de Tunis. Au 31 décembre 2009, ses actifs nets s’élevaient à 44.844.067 €, dont 4.534.905€ investis dans notre pays (10,10%). Dans son portefeuille tunisien, on trouve Amen Bank (1.06%), Amen Bank /New Iss. (0.09%), Banque de l’Habitat (0.86%), Banque de Tunisie (0.65%), Biat (1.41%), Cil (1.10%), Poulina Group Holding (1.74%), Société tunisienne de l’air (0.55%), Tunisie Leasing/Iss. (0.15%), Tunisie Leasing SA (0.74%) et Tunisie profilés aluminium (1.75%).
L’Egypte reste cependant son principal marché (31.89%), où Orascom Telecom Holding demeure sa principale position, suivie du Canada (10.97%). La Tunisie vient en 3ème position (10,10%).
I. Bahri