Le secteur de l'énergie et des mines en Tunisie mérite d'avoir un ministère qui optimisera les ressources existantes et développera de nouvelles au profit de son économie actuelle et de ses générations futures.
Par Wided Ben Driss*
Le secteur de l'énergie et des mines est sous la responsabilité du ministère de l'Industrie qui se compose d'environ 10 directions générales. Il est géré par deux directions : la direction générale de l'énergie (Dge) et la direction générale des mines (Dgm).
Au diapason des nouvelles technologies
L'activité pétrolière est gouverné par la Dge (autorité concédante représentant l'Etat) en collaboration avec l'Entreprise tunisienne d'activités pétrolières (Etap), partenaire avec les opérateurs et assurant le rôle de la branche technique de l'Etat. Il est à rappeler que l'actuel gouvernement, élargi tel qu'il est, ne comporte même pas de secrétaire d'Etat chargé de l'énergie alors que d'autres ministères sont dotés de plusieurs secrétaires d'Etat sans compter les conseillers.
Il n'est pas correct de marginaliser le secteur de l'énergie sous prétexte que la Tunisie possède de faibles ressources d'hydrocarbures en comparaison avec nos voisins l'Algérie et la Libye, grands producteurs de gaz et de pétrole.
L'énergie est un secteur stratégique en Tunisie.
C'est dans l'intérêt de notre pays d'avoir un ministère de l'énergie et des mines qui se concentrera sur ces domaines, suivra de près l'activité des opérateurs, sera au diapason des nouvelles technologies, assurera le déroulement des activités (prospection-exploration-exploitation) suivant les standards (réglementaires, législatifs et techniques).
Un ministère de l'énergie et des mines en Tunisie encouragera la recherche dans ces domaines en créant et en soutenant des pôles technologiques qui activeront la collaboration avec les universités ce qui donnera des diplômés hautement qualifiés et de l'expertise à vendre.
La fausse polémique sur le gaz de schiste
Remettons à présent les pieds sur terre et revenons à la polémique au sujet du gaz de schiste qui a commencé, début septembre, par les déclarations du ministre de l'Industrie à la presse. Depuis, le ministère de l'Industrie a émis plusieurs déclarations contradictoires et superficielles qui n'ont pas réussi à convaincre ni les experts ni les citoyens simples. La question qui se pose est la suivante: pourquoi un ministère n'apporte pas les arguments nécessaires pour convaincre et clôturer un tel sujet technique?
La divergence persiste malgré que le sujet ait été longuement débattu dans tous les médias par des membres du gouvernement, des experts en énergie et en environnement, des politiciens et des associations. Est-ce que les Tunisiens sont devenus des adeptes des discussions sans fin? Et pourtant, quand il s'agit de sujet scientifique, il y a des certitudes, d'où des réponses claires sur ce qui est déjà expérimenté et des hypothèses sur les points incertains!
Un article a été déjà publié sur Kapitalis sur ce sujet, le 10 septembre, et j'épargne les lecteurs aujourd'hui le retour sur les détails mais je réitère les points suivants:
- une nouvelle loi des hydrocarbures non conventionnels (gaz et huile dans des roches mères argileuses) devra être éditée car la loi actuelle sur les hydrocarbures réglemente l'exploration et la production des hydrocarbures conventionnels (huile et gaz dans des roches réservoirs);
- l'exploitation du gaz de schiste est une technique qui date d'environ un siècle et la Tunisie a le droit de commencer à l'expérimenter dans le désert du sud afin de tester le potentiel des roches mères (Tannezuft présente dans le bassin de Ghadames). Ces zones ne sont pas habitées et là où les répercussions sur l'environnement peuvent être minimisées. Mais il est risqué d'entamer des expériences dans la zone de Kairouan, Sousse, El Jem et Sfax Nord!
Mine de phosphate à Redeyeb .
Maitriser les techniques de l'exploration et de la production
La Tunisie a certes besoin de développer et de maitriser les techniques de l'exploration et de la production des hydrocarbures conventionnels et non conventionnels, sans oublier l'exploitation de l'énergie solaire, éolienne et la valorisation des ressources minières englobant le phosphate, les métaux et les minéraux. Chacune de ces spécialités est un domaine à part qui requiert de la recherche scientifique, de l'exploration de nouvelles ressources, du developement afin d'améliorer les procédées d'extraction et optimiser la productivité.
Le secteur de l'énergie et des mines en Tunisie mérite d'avoir un ministère qui optimisera les ressources existantes et développera de nouvelles au profit de notre économie actuelle et des générations futures.
* Exploration manager.