La Tunisie est, avec l’Italie, l’Espagne, le Maroc et la Libye, parmi les principaux centres d’exploitation des coraux en Méditerranée. Or, une proposition conjointe des Etats-Unis et de l’Union européenne, visant à réguler les exportations de coraux rouges et roses, a été présentée à la conférence de la Convention sur le commerce international des espèces sauvages menacées (CITES), qui s’achève jeudi à Doha, au Qatar.

Il s’agissait d’inscrire la famille des coralliidae (ou Corallium) de grand fond, 31 espèces au total, à l’Annexe II de la CITES, afin d’imposer aux exportateurs et aux importateurs de contrôler les conditions de leur exploitation. La proposition soumise au vote dimanche, a finalement été repoussée, par 64 voix contre 59. Ce qui donne encore un répit aux artisans et commerçants de corail de chez nous, notamment dans la région de Tabarka dont cette ressource constitue l’emblème.
Ce «succès», les principaux pays (pêcheurs et/ou exploitants), dont la Tunisie, y sont parvenus en mettant en avant les conclusions de la FAO, l’Agence des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, qui a affirmé qu’il n’y avait pas de déclin de l’espèce.
Le Japon, le Maroc et la Libye notamment ont aussi insisté sur le revenu que les coraux apportent à de nombreuses communautés côtières dans les zones d’exploitation: «C’est facile d’inscrire des espèces à la CITES, sans penser aux répercussions économiques», a accusé en séance le délégué libyen, décidément très actif lors de la réunion de Doha qui s’achèvera jeudi.
Il convient de préciser qu’en Tunisie, la pêche du corail rouge est officiellement interdite. Mais cela n’empêche pas les marchands de se la procurer sur le marché. Sa grande valeur commerciale – le corail se vend plus de 800 euros le kilogramme, mais certaines branches peuvent atteindre jusqu’à 15 000 euros pièce – en fait une cible de choix des spéculateurs, notamment italiens, dont le pays est le principal centre de production.

Imed Bahri