Suite au refus de la Banque centrale de Tunisie (Bct) d'accorder l'agrément au consortium Royal Luxembourg Soparfi pour l'acquisition de 13% du capital de la Banque de Tunisie, Kapitalis s'est entretenu avec Marc Theisen, son avocat et administrateur.
Entretien conduit par Wajdi Khalifa, correspondant à Bruxelles
Selon la Bct, la demande introduite par le consortium Royal Luxembourg Soparfi ne satisfait pas aux conditions prévues par l'article 8 de la loi 2001-65 relatives aux établissements de crédit. Le consortium n'est donc plus retenu en tant qu'adjudicataire provisoire pour défaut de finalisation de l'opération et c'est le candidat Banque fédérative du Crédit mutuel (Bfcm) qui devient automatiquement adjudicataire provisoire, après avoir proposé une augmentation de son offre initiale qui devient donc équivalente à celle du consortium luxembourgeois.
Kapitalis: Comment expliquez-vous ce revirement de la Bct?
Marc Theisen: Les pays du Maghreb présentent à nos yeux un potentiel de développement très important et où il est intéressant de trouver des synergies qui soient profitables d'un côté et de l'autre. Le fait d'entrer dans le capital d'une banque constituait pour nous une belle opportunité de développement dans cette région. Mais pour investir dans un pays, il faut connaitre les mentalités des gens qui y habitent et il y a peut-être eu dans cette opération un manque de dialogue de notre part.
Selon nous, tout est venu un peu trop vite, même si on peut comprendre l'attitude des autorités tunisiennes qui désiraient agir extrêmement rapidement. Mais il faut garder à l'esprit qu'il s'agit d'une opération très importante avec un montant supérieur à 100 millions d'euros. Il faut donc permettre aux actionnaires d'être prêts pour une mise à disposition de toutes les garanties exigées par la Bct. A titre personnel, j'ai déjà participé à des opérations similaires et normalement celles-ci prennent entre 6 mois à une année, mais ici le délai proposé était trop court!
Dans cette opération l'actionnariat du groupe n'était donc pas en mesure de répondre à toutes les exigences dans un délai aussi court, à savoir quelques jours. Même si je répète que les exigences de la Bct sont tout-à-fait légitimes mais nous aurions aimé avoir un peu plus de temps pour mettre sur pied toutes les garanties nécessaires. Nous imaginons avec la Tunisie un partenariat sur la base d'un win-win avec une opération profitable tant pour le pays que pour nous.
On a beaucoup parlé à Tunis de l'opacité qui entoure la Royal Luxembourg Soparfi et ses actionnaires. Comment expliquez-vous ces suspicions?
J'ai beaucoup entendu parler dans la presse de holding, or ici nous avons une structure tout-à-fait transparente à savoir une Soparfi (société à participation financière, Ndlr). Il ne s'agit donc ni de holding ni de fonds. Ici, au Luxembourg, nous sommes habitués à ces structures qui existent par milliers, mais peut-être qu'au Maghreb, vous n'êtes pas habitué à ce système. Je peux vous assurer qu'il s'agit d'une structure active dans un contexte tout-à-fait régulier et qui analyse en toute transparence les opportunités qui se présentent sur les marchés internationaux.
Pour le reste, je suis avocat et je suis tenu au secret professionnel, mais vis-à-vis des autorités, du ministère des Finances tunisien notamment, nous devons de toute façon tout mettre sur la table et tout est donc clair à ce niveau là.
Quels sont les éventuels projets futurs du consortium luxembourgeois en Tunisie?
Cette opération n'a pas marché, nous le regrettons même si nous comprenons la position de la Bct. Nous allons maintenant nous repositionner et nous allons partir à la recherche de nouvelles opportunités. Pour les projets en Tunisie nous avons planifié une réunion avec les actionnaires, en janvier prochain, pour tirer les conséquences de l'échec de cette opération et analyser les synergies possibles dans la région du Maghreb.