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La veille de son entrée officielle en Bourse, la société Land'Or a ouvert ses portes aux médias. Visite guidée de la fromagerie de Bir Jedid à Khelidia (au sud de Tunis) au bon goût du terroir.

Par Zohra Abid

 Mercredi après-midi, la visite a commencé avec l'habituel mot de bienvenue du fondateur et Pdg Hatem Denguezli. Elle s'est poursuivie par une tournée dans l'univers de la fromagerie, spécialité de l'entreprise qui vient d'avoir le visa d'introduction au marché alternatif de la cote de la Bourse de Tunis. Et pour garder le goût dans la bouche, les invités du jour ont été conviés à un buffet de salés sucrés, où le fromage était presque dans tous les plats et verrines.

Hatem Denguezli et ses collaborateurs.

Un fromage de caractère

Pendant toute la visite, le Pdg de Land'Or a tenu à rester entouré de ses collaborateurs dont Hichem Ayed, Makrem Lassoued, Hichem Ben Rejeb, Ridha Chouria, Souad, Samira et les autres, qui portent à bout de bras cette société, la leur aussi, dont ils espèrent qu'elle se distingue par la qualité de ses produits qui se fraient désormais une place à l'internationale.

N'oublions pas, en passant, les 620 employés de Land'Or (dont 60% de femmes) qui fabriquent une variété de fromage distribuée dans la plupart des commerces, à l'exception de Monoprix et Géant, appartenant à des concurrents.

Hatem Denguezli a des ambitions pour son entreprise.

«Ici, les femmes parviennent à se tailler une place de choix. Nous avons des femmes de caractère, que leur doit la société», a dit à Kapitalis Hatem Denguezli, un enfant de Torbet El Bey (la Médina de Tunis), qui aime raconter aux visiteurs des petites histoires lui tenant à cœur sur son père et son grand-père, qui «étaient dans les céréales». Sur le mur de l'un des bureaux, on retrouve les photos de ces deux hommes accrochées et bien mises en valeur. «Je leur dois tout», dit-il.

L'hygiène passe avant tout

Avant l'entrée dans la zone de fabrication, chaque visiteur a mis une coiffe, une blouse et des couvre-chaussures. «Ce sont des mesures d'hygiène, et ça s'impose», explique Ridha Chouria, directeur administratif et financier de la maison.

Les dépôts Land'Or aux normes strictes d'hygiène.

Les centaines d'ouvriers le font automatiquement aux vestiaires, tous les jours et dès 3 heures du matin. «Ils n'ont le droit à avoir sur eux ni montres, ni bracelets, ni épingles à cheveux», ajoute M. Chouria. Bon à savoir. Ici, on ne badine pas avec l'hygiène.

15H30, on commence la visite. M. Denguezli, qui vient de débourser 15 millions de dinars (MD) pour son entrée en Bourse, espère lever des fonds stables dans le but de restructurer et de financer la croissance de sa société. Il cherche aussi à doter son entreprise et ses produits d'un peu plus de visibilité, afin qu'avec le temps, Land'Or finisse par récolter les fruits de tout cet investissement.

Une variété de fromages Land'Or pour tous les besoins des cuisinières.

Nous franchissons la porte d'une sorte de hangar. Où la couleur rouge prime et où ça sent le neuf. Ici, il fait 18°. Il semble que c'est la température idéale pour le stockage. Le bâtiment est doté de deux interminables couloirs pleins à craquer de cartons de la marque. «70 tonnes de produits bougent dans ces deux couloirs de l'entrepôt, considéré comme unique en son genre au Maghreb», précise le Pdg avec un brin de fierté.

Interdit de filmer et de prendre en photos

A quelques mètres de là, c'est top secret. 1.500m2, c'est l'entrepôt doté, selon le Pdg, d'équipements ultramodernes. Des portes codées et des murs qui cachent des secrets de fabrication. Une chambre à la «Fromagerie», à l'«Entrepôt fondu», à la «Mise en cire»...

Hatem Denguezli conduit la visite de l'usine de Khelidia.

Samira Bel Haj Khlifa, directrice de la production, relaie à son patron. Car, ici, c'est elle la maitresse de la maison et tout passe par elle. «Le lait est 100% tunisien. On cherche le lait haut de gamme, artisanal, surtout pour le gruyère», explique le petit bout de femme. «Rien que pour la qualité du gruyère, on a la pression de faire bien, à point», renchérit le Pdg de Land'Or.

La cave aux fromages

«Le kg à 25 dinars, ce n'est pas donné et ce n'est pas pour toutes les bourses. Pas du tout accessible. Le lait est cher, la TVA à 18% alors qu'en Europe, la TVA n'est que de 6%. Chez nous, le gruyère est vraiment un produit du luxe», ajoute, navré, le maître des lieux.

Hatem Denguezli devant le portrait de son grand-père: "Je lui dois tout".

Samira, la fromagère, a sous ses ordres 25 ouvriers dont 6 femmes. Elle doit les mener à la baguette, car, selon elle, on ne joue ni avec la qualité ni avec l'hygiène.

Presque 16 heures, on est arrivé au moment du nettoyage et de stérilisation. Défense d'entrer. «Là-bas, c'est la réception du lait, là, la filtration, ici la pasteurisation, le lait passe par là jusqu'aux cuvettes. Ici, le liquide... Ici, le solide», explique Samira. Entre-temps, les ouvriers continuent de stériliser les coins et recoins des lieux ainsi que les équipements.

Samira nous parle des additifs, des moules différents, du rond, du carré, du pressage, du gruyère, encore du gruyère, de la bactériologie bien déterminée et autres considérations techniques dont ne saisit pas tout le sens. Elle nous parle même des produits de stérilisation qui doivent correspondre aux normes internationales et qui coûtent les yeux de la tête à la société. Mais il le faut... Et on l'a croit.

Une pensée à la maman et à toutes les fromagères

Nous sommes devant la salle Saumure. En face, une chambre pour la Ricotta, la fameuse ricotta italienne : «C'est seulement 10% de matière grasse, ma mère adore la Ricotta italienne, elle est un peu dure, pas comme la nôtre, mais le goût est très bon. En tout cas ma mère en raffole», raconte le Pdg avec un petit sourire.

Les fromages Land'Or.

On traverse un petit couloir qui conduit dans une immense salle. Ici, c'est le travail à la chaine. Nos hôtes parlent d'ultrafrais, de dépôt général, de stérilisation à 140°, de machines italiennes, modernes, les meilleures au monde et qui coûtent une fortune.

«L'unité coûte un milliard (de millimes, Ndlr). Toutes ces machines fonctionnent 24h/24h. Dimanche est réservé à l'entretien», a tenu à dire le Pdg. Et d'expliquer que ça vaut le coût. «Pour un seul triangle Land'Or, il faut 14 grammes, pas un gramme de plus. Ça semble banal, mais il est si important. Le triangle est rempli de liquide qui passe par le tuyau et c'est la machine qui fait le reste. Au fur et à mesure le liquide se solidifie et devient moelleux».

La visite prend fin. Mais le patron a voulu faire escale dans l'administration où il n'y a rien à cacher. «Les industriels et les commerciaux occupent le même étage en open espace. C'est plus facile pour le travail», selon le patron de Land'Or. Il s'agit bien d'un plan à l'américaine. «Nous préférons l'open espace, c'est transparent, et c'est aussi convivial», conclut M. Denguezli.