Ceux qui approchent Batam, de près ou de loin, s’exposent-ils à ce qui ressemble de plus en plus à une malédiction ou un syndrome de la marque? On est tenté de le croire au regard de ce qui est en train d’arriver à Mohamed Makni, l’un des deux –avant derniers – repreneurs du groupe fondé dans les années quatre-vingts dix par les frères Ben Ayed.


Croyant avoir décelé dans ce qui restait de Batam – sa société-mère, Héla Batam d’électroménager – une bonne opportunité de consolider son réseau commercial et, par la même, son outil industriel, il avait investi, avec son partenaire Samir Dhieb, plus de 7 millions de dinars dans sa reprise.
Toutefois, en raison notamment de divergences avec les représentants du personnel, l’opération tourne vite au cauchemar. Ce qui oblige le tandem à rétrocéder l’entreprise rachetée fin 2009, soit deux ans après en avoir fait l’acquisition.
Mais pour Mohamed Makni cet épisode ne passe sans conséquence. En effet, ce businessman est aujourd’hui dans une mauvaise passe, exposé au risque de cession par voie judiciaire – à l’initiative de deux banques de la place, la Société tunisienne de banque (Stb) et Attijari Bank - d’une partie de son patrimoine pour rembourser des crédits contractés en partie, semble-t-il, pour financer sa part du «ticket» Batam, et qui s’élèvent à plus de 14 millions de dinars.
Est-ce pour se donner les moyens de s’acquitter de ces obligations que Mohamed Makni a, au cours des dernières semaines, vendu trois de ses entreprises: Technolux, Technolux Services et Global Commercial ?

Les précédentes «victimes»
D’autres industriels et commerçants de l’électroménager ont souffert, comme Mohamed Makni, de leur implication dans Batam ou dans des relations commerciales ou industrielles avec lui. On citera les groupes Abs (Atef Ben Sliman), El Athir (Mohsen Allani), Alliance (Tarek Chérif), etc. Les frères Bayahi, derniers repreneurs en date de Batam, qu’ils ont racheté à Mohamed Makni et Samir Dhieb, sont-ils conscients du risque qu’ils encourent? Très certainement.
Réussiront-ils dans ce pari à haut risque où d’autres ont laissé plus que des plumes? Leur réussite passée et présente plaide pour eux. Les frères Ben Ayed leur devront, en quelque sorte, une fière chandelle s’ils parviennent à la rééditer
en sauvant le peu qui reste de l’éphémère empire Batam.

N. B. A.