La Banque Zitouna, spécialisée dans la finance islamique, a ouvert deux nouvelles agences: sa 33e à Bizerte (nord), le 1er mars, et sa 34e, une semaine après, à Gabès (sud-est).
Par Zohra Abid
Forte de la demande croissante des clients en matière de finance islamique, la Banque Zitouna compte, en 2013 et 2014, accroitre le nombre de ses agences (au rythme de 13 chaque année) et atteindre ainsi, à l'orée de 2017, 100 agences couvrant toutes les régions du pays, a annoncé Taoufik Lachhab, son directeur général, lors de la cérémonie officielle et de la conférence organisées à l'occasion de l'ouverture de la nouvelle agence de Bizerte.
Les banques islamiques ont toutes été épargnées de la crise économique mondiale de 2008.
Une conférence à Bizerte
Selon M. Lachhab, les banques islamiques ont existé dans le monde depuis 4 ou 5 siècles, avec des hauts et des bas, mais elles n'ont connu une vraie croissance qu'au cours des dernières décennies. Mieux encore, alors que les banques classiques ont beaucoup souffert et certaines, et pas des moindres, ont du mettre la clé sous le paillasson, les banques islamiques, qui sont protégés des contrecoups de la spéculation, «ont toutes été épargnées de la crise économique mondiale de 2008», a tenu à rappeler M. Lachhab, qui s'adressait à un parterre de cadres, d'hommes d'affaires et de simples citoyens venus s'informer sur les spécificités et les offres de la Banque Zitouna, créée en 2009 mais qui a démarré officiellement ses activités en mai 2010.
«L'expérience d'une banque islamique en bonne et due forme a démarré vers 1947 au Pakistan avec Banque Zakat, mais qui n'a pas vraiment réussi. Car il y avait la guerre et les ressources étaient faibles. D'autres expériences ont suivi plus tard mais qui ont fait, elles aussi long feu», a expliqué M. Lachhab, comme pour marquer le chemin semé d'embûches que la finance islamique a dû parcourir avant de retrouver enfin sa voie, son identité et ses méthodes spécifiques. Car l'environnement n'était pas propice et «l'expérience de la Banque du Delta en Egypte, qui a duré un ou deux ans, n'était pas très encourageante», explique le banquier. Il ajoute: «Cela n'a cependant pas empêché d'autres banques islamiques de voir le jour, vers les années 1980 et 1990, notamment au Bahreïn, ou comme le Groupe Al Baraka, en Arabie saoudite... aujourd'hui en forte croissance. Mais les pays qui comptent le plus de banques islamiques, aujourd'hui, ce sont l'Iran, le Soudan et le Pakistan».
Pause prière du maghrib avant la reprise de la conférence.
Une banque commerciale mais à vocation citoyenne
«Aujourd'hui, il y a un épanouissement industriel et financier et le secteur de la finance islamique s'est beaucoup développé. 190 banques islamiques ont vu le jour jusqu'à présent, alors qu'il ne se passe pas un mois aux USA sans qu'une banque classique ferme ses portes», rappelle encore le banquier qui est, on l'a compris, un fervent défenseur de son métier.
Les raisons de ce succès, selon lui, résident dans le fait que «les banques islamiques n'accordent pas des crédits personnels, mais achètent ou louent des biens mobiliers ou immobiliers au nom de ses clients et les risques sont minimes».
Revenant sur la création de la première banque islamique à 100% tunisienne, en 2009, par Sakher El-Materi, gendre de l'ancien président, M. Lachhab a tenu à préciser que «les intérêts de la banque ont été fondés sur ceux de certaines personnes, mais, depuis la révolution, les parts sont revenues de plein droit au peuple et le portefeuille de l'établissement a été entièrement assaini.» En d'autres termes, la parenthèse El-Materi a été définitivement fermée.
Même si elle n'accorde pas de prêts et ne pratique pas les taux d'intérêt, la banque islamique reste une banque commerciale et obéit aux textes régissant l'activité bancaire dans le pays. Mais la Banque Zitouna est aussi, selon M. Lachhab, «une banque citoyenne dont le principal objectif, c'est de contribuer à l'essor de l'économie... en offrant notamment aux particuliers, aux professionnels et aux entreprises une panoplie de produits et de services conformes aux principes de la finance islamique».
Mohamed Lachhab : «Désormais, les habitants de Gabès ne seront pas contraints à faire le déplacement à Sfax ou à Djerba pour une simple opération bancaire»
Accompagnement du client et services personnalisés
Selon toujours M. Lachhab, la banque accompagne «les entreprises dans la gestion de la trésorerie en proposant des solutions d'exploitation, de financement ainsi que de traitement des opérations commerciales».
A ce propos, la Banque Zitouna cherche à participer activement à la modernisation du système bancaire et au financement national, notamment dans son créneau en pleine expansion, et à contribuer au développement économique et social du pays, qui traverse une phase délicate de son histoire et regarde vers l'avenir avec un mélange d'appréhension et d'espoir. Sa contribution consiste dans l'accompagnement de ses clients dans la mise en route de leurs projets, en les conseillant dans le placement de leur financement dans les PME et leur fournissant un service personnalisé.
Après Bizerte, une nouvelle agence de la Banque Zitouna a été inaugurée, le 8 mars, à Gabès. Lors de la cérémonie de l'ouverture, les responsables ont tenu à rappeler la forte croissance de la demande de la finance islamique dans les régions intérieures. «Désormais, les habitants de Gabès ne seront pas contraints à faire le déplacement à Sfax ou à Djerba pour une simple opération bancaire», dira M. Lachhab, en promettant davantage de proximité, de produits innovants et de services personnalisés.