Face à une Europe qui a du mal à retrouver son dynamisme d’avant la crise, la Tunisie a intérêt à impulser ses échanges avec les pays émergents d’Asie, d’Amérique latine et, surtout, d’Afrique subsaharienne, où la reprise économique se poursuit à un rythme soutenu.


Face au spectacle inquiétant qu’offre aujourd’hui la France, avec ses interminables grèves et ses processions de manifestants prêts à en découdre, la Tunisie serait bien inspirée, en effet, d’accélérer le processus de diversification de ses échanges économiques, jusque là dépendants (à près de 70%) de l’Europe, et particulièrement de la France, son premier fournisseur, premier client, premier marché touristique, premier pays émetteur d’investissements extérieurs, et de fonds de Tunisiens résidents à l’étranger, etc.
L’Afrique subsaharienne est l’un des gisements de croissance à venir, surtout pour un pays pré-émergent comme la Tunisie, à la recherche de nouveaux débouchés pour ses produits et services assez compétitifs.
C’est ce que ne cessent de clamer nos analystes économiques. Et que beaucoup de nos opérateurs économiques ont compris, en se lançant dans des opérations d’exploration dans des pays comme le Gabon, la Côte d’Ivoire, le Togo, le Burkina Faso ou le Sénégal. Ceux de nos opérateurs, qui sont déjà installés dans ces pays depuis plusieurs années et qui y possèdent des réseaux actifs, tireront le meilleur bénéfice des dynamiques en cours dans le continent noir.

Les satisfécits du Fmi
Selon les prévisions du Fonds monétaire international (Fmi), l’Afrique subsaharienne, qui a fait montre d’une certaine résilience pendant toute la récession mondiale (2008-2009), est entrée dans une phase de reprise économique qui se poursuit à un rythme soutenu. Selon ces prévisions, contenues dans une étude de la série ‘‘Perspectives économiques régionales’’ parue en octobre («Afrique subsaharienne, Résilience et risques»), le taux de croissance économique de cette région devrait atteindre 5% en 2010 et 5,5% en 2011 (contre 4,1 % en 2010 et 5,1 % en 2011 pour la région du Moyen Orient et Afrique du Nord).
Les experts du Fmi, jadis prompts à stigmatiser les méthodes de gouvernance en vigueur en Afrique subsaharienne (corruption, concussion, bureaucratie, tribalisme, etc.), se montrent aujourd’hui plus indulgents et même avenants à l’égard des dirigeants sub-sahariens: «La résilience dont a fait preuve la région pendant toute la crise financière mondiale s’explique en grande partie par l’application de politiques économiques bien conçues», notent-ils.

Croissance régulière, inflation faible, solde budgétaire viable…

Et ils expliquent: «À la veille des chocs mondiaux de la période 2007-2009, la situation économique de la plupart des pays de la région était bonne: croissance régulière, inflation faible, solde budgétaire viable, réserves de change en hausse et dette publique en baisse. Lorsque les chocs sont survenus, ces pays ont pu manier avec adresse leurs politiques budgétaires et monétaires pour atténuer les effets négatifs du bouleversement soudain du commerce, des prix et des flux de financement mondiaux».
Comme une bonne nouvelle ne vient jamais seule, en 2010 et 2011, la croissance devrait être généralisée à toute la région: demande intérieure vigoureuse, hausse des revenus réels, rythme soutenu de l’investissement privé et public, développement des exportations vers les marchés dynamiques d’Asie…
Même si la crise financière mondiale a laissé des traces, que révèlent certains indicateurs macroéconomiques (hausse du chômage, détérioration des soldes budgétaires, crédits à la traîne…), et que des risques continuent de peser sur l’équilibre de leurs finances publiques, les pays subsahariens vont se maintenir dans une courbe de croissance économique. Ce qui, à long terme, va aider à améliorer les services publics et les infrastructures, à renforcer les systèmes financiers et à maintenir un climat propice à l’activité économique. De quoi confirmer les prémices d’engouement pour l’Afrique subsaharienne que l’on observe depuis peu un peu partout dans le monde.

I. B.