Le Conseil d'administration du Fonds monétaire international (FMI) a approuvé, dans la soirée d'hier, le prêt stand-by de 1,74 milliard de dollars en faveur de la Tunisie afin de soutenir la transition dans le pays et booster la croissance.
Par Marwan Chahla
Le FMI joint le geste généreux à la parole, avec un décaissement immédiat de 150,2 millions de dollars. Cependant, cette main tendue du FMI est assortie de conditions très astreignantes auxquelles le pays devra se plier, pour mériter la confiance de Christine Lagarde, la DG de l'institution financière internationale.
Un prêt assorti de conditions
Réuni dans la journée d'hier à Washington, le conseil d'administration du FMI, qui représente 188 Etats-membres, a donné son feu vert à ce programme d'assistance financière de 24 mois à la Tunisie d'un montant global de 1,74 milliard de dollars (environ 2,87 milliards de dinars tunisiens, DT).
Le Fonds a également précisé qu'il mettait à la disposition immédiate des autorités tunisiennes un décaissement de 150,2 millions de dollars (environ 247,83 millions DT).
Ce prêt de précaution du FMI est assorti des conditions suivantes: une période de décaissement étalée sur deux ans, un taux d'intérêt de 1,08% par an, une période de grâce de 3 ans et une période de remboursement de 5 ans.
Conformément aux pratiques du FMI, les prochaines tranches d'aide ne seront versées qu'à condition que la Tunisie respecte le programme de réformes économiques élaboré avec le Fonds, pour la période 2013-2015, afin de «stabiliser» l'économie du pays. Au total, il s'agit de 8 révisions qui comprennent notamment des réformes sur le plan budgétaire et celui de la croissance inclusive.
«La Tunisie connaît une reprise économique modérée au moment où elle est confrontée à une conjoncture internationale difficile et où elle poursuit sa transition politique», a déclaré Nemat Shafik, la directrice générale adjointe du FMI, citée dans le communiqué du Fonds.
Minée par l'instabilité politique, les conflits sociaux à répétition et la timidité des investissements, la croissance tunisienne n'a pas été capable de prendre à bras le corps le chômage endémique qui se situe à environ 17% de la population active, de générer suffisamment d'emplois pour calmer la grogne sociale ou rassurer le consommateur sur son pouvoir d'achat et l'avenir de l'économie.
Une croissance attendue de 4% en 2013
Le mois dernier, l'agence de notation internationale Moody's Investors Service avait abaissé la note souveraine de la Tunisie de Ba1 à Ba2, justifiant ce rating par l'incertitude politique qui règne dans le pays, la fragilité des banques publiques sous-capitalisées et les fortes pressions externes subies par la balance des paiements.
Selon les prévisions du FMI, après la récession en 2011, le produit intérieur brut (PIB) tunisien devrait accélérer son rebond entamé en 2012 avec une croissance attendue de 4% pour cette année.
Le gouvernement d'Ali Lârayedh, notamment le ministre des Finances Elyes Fakhfakh, devra expliquer et convaincre que le remède d'appeler le FMI à la rescousse ne va pas être, par ses conditions très contraignantes, plus terrible que le mal causé par la crise elle-même.
Dans le cas grec, pour ne citer qu'un exemple récent, les directives du FMI n'ont pas été des plus judicieuses... le moins que l'on puisse dire. Pourvu que la Tunisie sache mieux en tirer profit et ne pas s'endetter davantage pour rien.