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Tunisiens et Algériens ont compris qu'ils sont encore plus forts, ensemble, pour redonner des couleurs au secteur de l'artisanat dans les deux pays et s'imposer à l'international. Un accord de partenariat vient d'être signé en ce sens.

Par Zohra Abid

 

Depuis une première rencontre en 2003 entre les responsables et les professionnels du secteur des deux pays, il n'y a rien eu. On a trop parlé de coopération depuis, mais aucune action digne de ce nom n'a suivi, tout est resté sur le papier et rangé dans les tiroirs.

Remettre la machine en marche

Il a donc fallu attendre 10 ans pour que les négociations reprennent afin de mettre en place un programme d'échange d'expériences et de le lancer sans plus attendre.

«Si on va encore trainer, le temps ne joue plus en faveur des deux pays. Ensemble, nous avons tout pour réussir. Nous n'avons plus le droit de retarder les échéances. Nous avons travaillé 3 jours durant, des heures d'affilée, d'arrache-pied et jusqu'à tard dans la nuit pour mettre au point un programme commun à lancer immédiatement», a lancé le directeur général de l'Office national de l'artisanat (Ona) Soufiène Tekaya, vendredi, lors d'une conférence de presse à Denden (Tunis) qui s'est clôturée avec la signature d'un accord de partenariat tuniso-algérien.

M. Tekaya a passé en revue le programme des visites effectuées par la délégation tuniso-algérienne, notamment dans des centres techniques et de création, d'innovation, d'encadrement dans divers métiers et donné une idée générale sur les programmes de partenariat, qui commence dès la signature et se poursuivra jusqu'en 2015.

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Soufiène Tekaya et Ahmed Abdelhédi signent l'accord de coopération bilatérale.

Ahmed Abdelhédi, responsable de l'Office national algérien de l'artisanat (Onaa), qui était accompagné d'une délégation composée de 6 autres responsables du secteur (Chokri Ben Zaârour, Sayed Ali Essabê, Hamida Lazeli, Kamel Eddine Bouâm, Abbes Âqoun et Kassa Âbleche) a relevé l'importance du secteur artisanal dans la vie des deux peuples. Car, selon lui, qui dit artisanat dit tourisme, un important moteur de l'économie et vecteur de création d'emploi.

«Aujourd'hui, il y a une volonté politique de part et d'autre, c'est du concret et on y croit. Cette rencontre est très fructueuse. Elle vient tout juste après celle de la délégation tunisienne, effectuée les 11 et 12 mai dernier, où nous avons mis tout un plan de travail», a dit Ahmed Abdelhédi. Et d'ajouter: «Nous sommes plus que jamais décidés et pressés et nous n'avons plus le choix. Nous avons établi tout un programme notamment sur la matière première, la circulation dans le marché et nous avons parlé en toute franchise, en toute transparence des points négatifs et positifs». Le responsable algérien a, en outre, promis de faire le suivi sur le terrain et de mettre de la pression sur l'administration et sur les décideurs «pour que le secteur soit mieux exploité et que ses problèmes soient rapidement résolus.»

«Comme il y a le chômage, qui pèse lourd en Tunisie comme en Algérie, nous avons pensé à une équipe commune qui s'occupera de la protection des motifs et des modèles, une autre chargée de la lutte contre la contrefaçon et une autre pour la lutte contre la contrebande à nos frontières... Nous devons donner des ailes au secteur et mettre le paquet», a encore dit M. Abdelhédi.

Mettre le paquet, tout de suite

Les deux délégations sont convaincues que le partenariat entre les deux pays se fait tout naturellement. «Nous avons tellement des ressemblances dans nos cultures, dans nos traditions, dans notre savoir-faire, et il ne nous manque qu'une feuille de route et un programme pour consolider l'échange», a ajouté l'hôte algérien.

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Les responsables tuniso-algériens de l'artisanat en conclave à Tunis. 

Selon Soufiène Tekaya, développer le secteur est une priorité. «Nous devons compter les nouvelles techniques. Nous avons des grandes écoles et des compétences pour la formation. Nous comptons sur notre savoir-faire et il nous manque seulement un petit coup de pouce pour rebondir. Avec nos voisins, nous ciblons déjà 40 millions de consommateurs», a-t-il renchéri.

M. Abdelhedi mise, de son côté, sur un marché encore plus large. «En commençant par mettre des normes, en luttant ensemble contre l'importation sauvage et en mettant de l'ordre dans le secteur. Puis viennent les banques de solidarité qui doivent mettre aussi la main dans la pâte pour aider les artisans et pour que les PME s'épanouissent. Si on veut vraiment nous imposer, nous n'avons pas le droit à dormir sur nos lauriers. Même si le monde est en crise, nous pouvons nous en sortir à condition d'être solidaires. A deux, nous constituons une force qui peut avoir du poids dans les grandes foires internationales comme celles des USA, du Brésil, d'Europe», a ajouté le directeur général de l'Ona algérien. Et de rappeler que l'artisanat n'a pas été «négligé ni en Inde, ni au Brésil ni en Chine. Et c'est ainsi que ces pays ont réussi. Nous devons suivre leurs pas, nous imposer et marquer des points surtout que notre terroir est si riche. Il faut seulement savoir comment l'exploiter, comment le mettre dans l'air du temps».

L'artisanat se prend un bol de jouvence

Miser sur les produits naturels, ne rien importer, veiller sur ce qui ne nuit pas à la santé ni à l'environnement, améliorer, innover, motiver... tels sont les maitres mots des travaux des deux délégations. Qui comptent booster le secteur dans leurs pays respectifs, un secteur souvent négligé par les politiques mais qui offre des emplois pour les plus jeunes et nourrit des dizaines de milliers de familles.

«En 2003, il n'y avait que 130.000 artisans en Algérie. La moyenne d'âge est de 55 ans. Aujourd'hui, ils sont 550.000, qui vivent de l'artisanat avec une moyenne d'âge de 40 ans. La population des artisans rajeunit. Il faut en tenir compte», a rappelé M. Abdelhédi, qui a insisté sur les systèmes informatiques pouvant aider à remettre au goût du jour les produits, les mettre en valeur et les vendre intelligemment.

«Dorénavant, nous allons nous rencontrer tous les 20 jours. La machine est en marche dès aujourd'hui. Les échanges de nos compétences vont démarrer dès septembre», a promis M. Abdelhédi. Croisons les doigts...