Nouvellement nommée au poste de directrice exécutive du Fonds Vert pour le Climat (FVC), Hela Cheikhrouhou est revenue sur son action au département Energie et Environnement de la BAD ainsi que sur les challenges qui l'attendent au FVC.
Par Seif Eddine Yahia
Lors du point presse organisé le mardi dernier au siège de la Banque africaine de développement (BAD), la Tunisienne Hela Cheikhrouhou a tenu à nous présenter l'institution qu'elle dirigera dans les jours qui viennent ainsi que la continuité qu'il peut y avoir entre cette nouvelle mission et celle qu'elle exerçait en tant que directrice du département Energie, Environnement et Changement Climatique à la BAD.
La BAD et l'énergie en Afrique
La BAD est une institution multilatérale de développement notée d'un triple A en matière de financement économique (par les 4 principales agences de notation : Moody's, Fitch, Standard & Poor's et Japan Credit Rating).
Pour l'énergie, la BAD doit répondre à trois mandats: développer les énergies, et principalement les énergies propres, en Afrique. Elle doit aussi permettre au continent africain d'atténuer les effets du changement climatique et de s'adapter à ce même changement climatique qu'il subit sans l'avoir causé.
Enfin, la BAD développe de meilleures pratiques en matière d'énergie. L'organisme a ainsi été à l'origine de projets de grande envergure tant dans les énergies renouvelables au Maroc que dans la géothermie au Kenya ou que dans la reforestation en République Démocratique du Congo.
La BAD a actuellement 67 projets d'énergie en cours de réalisation et 76 projets en préparation. Cela ne représente toutefois «qu'une goutte d'eau face aux besoins du continent en énergie», comme tenait à la rappeler Mme Cheikhrouhou.
Une nouvelle institution face à l'urgence climatique
La communauté internationale a jugé nécessaire de ne plus limiter le combat contre le changement climatique à une mosaïque d'actions régionales sans portée générale et sans synergie.
Une grande partie des pays membres des Nations Unies a donc souhaité financer une lutte globale pour l'environnement et le climat. C'est de cette volonté, affichée dès 2008, qu'est né le Fonds Vert pour le Climat (FVC).
En devenant le principal intermédiaire, le FVC deviendra un accélérateur et un levier dans la mise en place de projets répondant à l'urgence climatique actuelle.
Cette nouvelle institution, émanation du sommet de Copenhague, a pour objectif de devenir l'intermédiaire principal pour le financement d'investissements à long terme permettant d'intensifier la lutte contre le changement climatique. En devenant le principal intermédiaire, le FVC deviendra ainsi un accélérateur et un levier dans la mise en place de projets répondant à l'urgence climatique actuelle. Le but affiché par le Fonds étant d'éviter aux nouveaux projets les lenteurs administratives rencontrées par ailleurs, et de gagner en flexibilité.
Cette institution, reconnue par près de 200 pays, sera basée en Corée du Sud et dirigée par un collège de 24 Etats représentant pour moitié les pays développés, et pour moitié les pays en développement. Les décisions seront uniquement prises sur la base d'un consensus de l'ensemble de ces 24 pays.
Fin juin, les noms des membres de l'équipe exécutive, ainsi que celui de la directrice exécutive, Hela Cheikhrouhou, ont été dévoilés.
D'ici quelques semaines, une nouvelle réunion des dirigeants exécutifs de la BAD est prévue afin de déterminer la budgétisation et l'organigramme des tâches les plus adéquates pour rendre l'institution parfaitement fonctionnelle le plus rapidement possible (idéalement en 2014)
Comme le rappelait Hela Cheikhrouhou, l'existence d'une institution telle que le FVC se révèle chaque jour un peu plus urgente puisqu'une étude a récemment montré que nous nous dirigions à grands pas vers un réchauffement de 4°C à l'horizon 2050. De quoi détruire une grande partie de la biodiversité et compromettre rapidement l'existence de l'espèce humaine.