Réunis, hier, au siège de l'Union tunisienne de l'industrie, du commerce et de l'artisanat (Utica, centrale patronale), les représentants du secteur privé ont appelé d'un commun accord à une résolution rapide de la crise politique actuelle en Tunisie.
Par Seif Eddine Yahia
Les délégués de la quasi-totalité des entreprises du secteur privé tunisien (95% des présents) ont appelé à la création d'un gouvernement de compétences nationales afin de retrouver la sécurité et la stabilité nécessaires au développement de l'économie nationale, et notamment à l'entrée des investissements directs étrangers nécessaires à la création des richesses et des emplois.
Les entreprises déplorent de lourdes pertes
La réunion du lundi a réuni, en plus des représentants de l'Utica, les délégués de la Fédération tunisienne de l'hôtellerie (FTH), de la Fédération tunisienne des agences de voyage (FTAV), dont le secteur a été gravement affecté par la montée de la violence et la recrudescence de la menace terroriste dans le pays, de l'Institut arabe des chefs d'entreprises (IACE) ou encore, entre autres, du Syndicat tunisien des agriculteurs (STA).
Cette association hétéroclite d'acteurs du secteur privé a rappelé que de nombreux secteurs économiques tels que le tourisme ou les finances avaient subi de lourdes pertes suite à l'assassinat du député de l'opposition Mohamed Brahmi et à l'embuscade tendue par des terroristes au Mont Chaambi, qui s'est soldée par 8 morts.
Une Troïka incompétente, et incapable de lutter contre le terrorisme et d'assurer la sécurité dans le pays, passe son temps à enterrer les soldats tombés sur le front de la lutte antiterroriste. Entre-temps, l'économie coule...
Cette baisse d'activité, qui a aggravé la crise économique dans le pays, est en passe de prendre une tournure dramatique si les mesures nécessaires ne sont pas prises afin d'assurer la sécurité du pays et de son économie.
Mme Bouchamaoui parle d'«économie agonisante»
La présidente de l'Utica, Wided Bouchamaoui, a également rappelé, au nom de l'ensemble des participants, que la publication d'un calendrier clair concernant la finalisation de la Constitution et la tenue des prochaines élections est une condition nécessaire à la mise à plat des tensions dans le pays et à la relance de l'activité économique.
Rappelons que depuis plusieurs semaines, la présidente de l'Utica ne cesse de tirer la sonnette d'alarme sur les conséquences économiques et financières de la crise politique que nous vivons actuellement. Il y a quatre jours à peine, dans les colonnes de ''L'Economiste Maghrébin'', la lauréate du titre de meilleure femme chef d'entreprise du monde arabe rappelait que l'économie tunisienne était agonisante alors que les acteurs politiques, trop occupés à défendre leurs intérêts, ne se préoccupent pratiquement pas de questions pourtant essentielles pour l'avenir de la Tunisie.
Lors de cet entretien, Mme Bouchammaoui avait également pointé du doigt les nombreux blocages causés par l'Assemblée nationale constituante (ANC) concernant des dossiers aussi sensibles que le nouveau code des investissements ou la réforme des caisses de compensation.
Illustration: Wided Bouchamaoui et Hichem Elloumi, présidente et vice-président de l'Utica, reçus samedi par le chef du gouvernement provisoire Ali Lârayedh auquel ils transmettent les inquiétudes des opérateurs privés.