Après une première participation jugée positive au salon Texmed 2010, l’entreprise hollandaise DutchSpirit s’apprête à lancer des lignes de vêtements recyclés en partenariat avec la société tunisienne Jasmine Mode. L’industrie textile se met au vert...


Une rencontre de partenariat tuniso-hollandais dans le secteur textile-habillement s’est tenue, le 5 novembre, à l’occasion de la visite en Tunisie d’une mission néerlandaise de l’entreprise de mode et de création DutchSpirit.
La rencontre, organisée par l’ambassade des Pays-Bas en Tunisie, en collaboration avec le Commissariat général du salon Texmed, s’est déroulée au Centre de promotion des exportations (Cepex), à Tunis.
Un défilé consacré à la 1ère collection de vêtements féminins réalisée par les deux partenaires DutchSpirit et Jasmine Mode a été organisé, dans la soirée, dans un hôtel de Gammarth.
La marque hollandaise DutchSpirit s’intéresse aujourd’hui à la valorisation des textiles usagés avec un intérêt particulier pour le recyclage des jeans. Elle s’apprête, en effet, à lancer une nouvelle collection de jeans et de vêtements recyclés en collaboration avec la société tunisienne Yasmine Mode.

Vêtements en tissus de coton recyclés
Son directeur général, Erik Toenhake, et son designer, Rien Otto, ont confirmé à Kapitalis leur intérêt pour des opérations de partenariats et de co-traitance avec des entreprises tunisiennes pour la réalisation de collections de prêts à porter, ainsi que pour le filage et le tissage de fibres de coton recyclés.
Leur projet de recyclage de jeans et tissus usagés prend de plus en plus d’envergure grâce à la collaboration de l’Université Erasmus de Rotterdam et de la ville d’Almere, qui ont pris part à la mission hollandaise.


Eric Toenhake (à droite).
Pourquoi cet intérêt pour la Tunisie? «C’est un pays où les industries textiles se développent rapidement et montent en gamme et en technicité», explique Erik Toenhake, directeur général de DutchSpirit, dans un entretien à Kapitalis. «C’est aussi un pays qui accorde un intérêt pour le développement durable et où les conditions des travailleurs sont relativement bonnes et les lois du travail mieux respectées que dans d’autres sites industriels low cost, comme la Chine par exemple. Ceci est important, car les consommateurs en Europe et particulièrement aux Pays-Bas sont de plus en plus regardants sur les conditions de fabrication des vêtements qu’ils portent», ajoute M. Toenhake.
La Tunisie offre aussi, selon lui, l’avantage d’accueillir tous les segments de l’industrie textile: du tissage à la confection, en passant par la teinture, le lavage, etc. Les produits des usines tunisiennes allient également le bon coût et la bonne qualité, qu’il s’agit désormais de conjuguer au souci de l’environnement.
DutchSpirit s’apprête donc à produire ses collections en Tunisie et en exporter une bonne partie aux Pays-Bas, et à d’autres pays.

Intérêt pour l’alfa des steppes tunisiennes
«Avec la hausse considérable des prix du coton sur le marché mondial, le recyclage des jeans, c’est-à-dire la réutilisation des fibres de coton déchiquetées pour en faire de nouveau un tissu, en passant par les étapes de filage et de tissage, s’impose comme une solution à la fois économique et écologique», explique, de son côté, Rien Otto.
Le désigner de DutchSpirit se dit d’autant plus conforté dans sa démarche que «le marché hollandais est de plus en plus demandeur en produits ‘‘eco friendly’’, respectueux de l’environnement». D’ailleurs, son entreprise travaille sur la création de tissus à partir de fibres tirées d’autres plantes comme l’eucalyptus et le hêtre. Une recherche est même en cours pour essayer de tirer des fibres de l’alfa, une plante spécifique des vastes steppes du centre et sud tunisiens. Cette recherche est basée sur une étude tunisienne réalisée à Monastir.


Défilé de la collection DutchSpirit-Jasmine Mode

«On a fait connaissance il y a seulement quelques mois», raconte Hassen Boussaada, directeur général de Jasmine Mode, entreprise tunisienne spécialisée dans la confection haute couture. Créée en 1999 et basée à Kassar Saïd, à l’ouest de Tunis, Jasmine Mode sous-traite pour de grandes marques internationales, comme Prada, Max Mara ou Dolce&Gabbana. «Les responsables de DutchSpirit nous ont contactés lors du Textmed 2010. Ils ont vu nos créations, visité nos ateliers et pris connaissance de notre savoir-faire. Quelques semaines plus tard, notre collaboration a démarré. Nous avons créé une collection commune. La première livraison est prévue en février 2011», poursuit M. Boussaada. Il ajoute: «Nous avons atteint un certain seuil de qualité. Le concept de vêtements ‘‘eco friendly’’ à base de tissus recyclés nous a beaucoup séduits. C’est très important pour l’image même de l’industrie textile, souvent d’ailleurs associée à la pollution.»


Hassen Boussaada et Rien Otto

«Les responsables de Jasmine Mode ont vite saisi l’intérêt de notre démarche. Ils ne sont pas de simples sous-traitants. Ils investissent avec nous», explique Rien Otto. Une entreprise mixte sera d’ailleurs créée. «Ce sera fifty-fifty», assure-t-il. Tout en étant confiant quant à l’avenir du concept DutchSpirit. «Il y a deux ans, nous avons réalisé un jean recyclé. Le coût était élevé et la qualité assez mauvaise. Maintenant, nous maîtrisons beaucoup mieux le processus. Nous allons avoir bientôt, à la fois, le bon coût et la bonne qualité», conclut-il.

R. K.

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