L’une des conséquences de la crise économique actuelle est la guerre des monnaies, qui vise à déséquilibrer une certaine monnaie. D’autres menaces se profilent cependant à l’horizon. Noureddine Ben Mansour
L’exemple de la Chine est le plus frappant. Ce pays achète, continuellement, de grandes sommes des dollars. L’objectif est de faire monter cette monnaie et de faire baisser le yuan.
Grâce à ses réserves de change, la Chine est encore en mesure de faire baisser le dollar et de mener encore plus loin cette action stratégique pour les produits chinois.
Le début de la confrontation sino-américaine
C’est une stratégie bien ciblée dans le temps ayant des tactiques dualistes, c’est-à-dire une stratégie qui vise le produit chinois et le produit étranger en même temps. Rendre le yuan sous-évalué rendra les produits chinois plus compétitifs et renforcera leur demande. C’est une nouvelle stratégie d’exportation qui augmentera l’exportation des produits chinois et diminuera l’importation des produits étrangers. Il s’agit d’une stratégie de destruction associative – puisqu’elle détruit pour créer une situation meilleure – ou, autrement dit, de dévaluation compétitive.
Les Etats-Unis sont les plus touchés par cette politique monétaire chinoise, surtout qu’ils sont bien endettés auprès de la Chine et souffrent d’un important déficit commercial avec ce géant asiatique qui rafle toute action commerciale qui lui se présente.
La Chine détenait, en 2008, environ 15% de la dette publique des Etats-Unis, un pays qui se prend pour le plus riche de la planète. Pays pseudo communiste, la Chine détient plus de 800 milliards de dollars de réserves monétaires sans oublier les 800 milliards de dollars en bons du trésor américain.
Pour éviter une situation plus grave, la Réserve fédérale américaine s’est lancée dans l’achat et le rachat d’une grande quantité de bons du trésor américains. L’objectif: diminuer les dettes américaines et faire circuler le maximum de dollars aux Etats-Unis.
Cette confrontation sino-américaine aura sûrement d’autres aspects, qui pourront être plus catastrophique, et l’attaque de la Corée du Nord contre la Corée du Sud, déclenchée le 23 novembre, n’est peut-être qu’un début.
Comment réagira l’Union européenne?
La question que les spécialistes posent est la suivante: de quoi sera faite la position européenne? L’objectif de la création de l’euro est de faire obstacle à la guerre des monnaies, comme celle que l’on voit actuellement entre les Chinois et les Américains. Maintenir un taux d’inflation le plus bas possible est une des premières priorités de la politique monétaire européenne.
Cette vérité a poussé la chancelière allemande Angela Merkel à affirmer que tout ceci est une forme de protectionnisme, mais elle a oublié de dire que ce «protectionnisme» est la conséquence de la crise économique actuelle.
Les pays industrialisés convergent leurs efforts vers un patriotisme économique qui se traduit par une protection de leurs consommateurs et de leurs contribuables. Il faut souligner pourtant que les pauvres et les pays défavorisés pourraient se trouver dans une inconfortable position et le prix à payer est fort pour une crise à laquelle ils n’ont pas pris part.
Et les pays en développement dans tout ça?
Le Fonds monétaire international (Fmi) devrait s’engager autrement dans la prise de décision. Il doit donner la possibilité aux pays en développement de contribuer équitablement à la recherche de la solution et que leurs voix soient entendues et considérées par les superpuissances. Le Fmi doit engager une réforme portant sur la surveillance des marchés mondiaux et la réponse efficace aux crises qui s’y déclenchent. La représentativité et le caractère participatif de la direction de l’organisation devraient être changés d’une manière qui donne l’égalité à toutes les nations. La responsabilité des décisions stratégiques les plus importantes devrait être transférée du Conseil d’administration à un conseil plus représentatif et doté d’un pouvoir politique plus prononcé; qui remplacerait notamment le Comité international monétaire et financier (Cimf) qui ne dispose aujourd’hui que d’un rôle purement consultatif.
Ces suggestions ne sont pas nouvelles. Il est temps d’entendre les voix des nations en développement, car leur ignorance aggraverait l’économie mondiale. Ignorer c’est en fait reporter les problèmes à une date ultérieure qui pourrait être conséquente et grave, car les grands phénomènes se forment à partir des petits phénomènes.
L’une des importantes conséquences de la deuxième guerre mondiale est la réforme du système financier international. Les accords de Bretton Woods (juillet 44) signés par les alliés ont permis à mettre en place le Fmi et la Banque mondiale. Le système monétaire de Bretton Woods a été arrêté par le président Nixon : le taux de changes fixes y a été remplacé par des taux de change flottants.
L’histoire des événements économiques ou politiques est presque la même avec une petite différence qui se situe au niveau des gens qui les créent.