«Trois opérateurs à couteaux tirés»: le titre est certes très vendeur, mais l’enquête dresse un état des lieux assez fidèle de la concurrence que se livrent les trois opérateurs tunisiens de télécoms.
A la lecture de cette enquête réalisée par ‘‘Jeune Afrique’’, on sort avec une idée assez mitigée: en vérité, ni Tunisie Telecom, bien qu’adossé à l’avance que lui procure forcément son statut d’opérateur historique, ni Tunisiana qui revendique un leadership dans le mobile (57 % de part de marché, soit 5,8 millions d’abonnés), ni a fortiori Orange Tunisie, la filiale locale du géant français, dernier venu dans la bataille, et qui dispose d’un atout majeur, une licence 3G (haut débit mobile) en monopole jusqu’à mai 2011…, aucun des trois opérateurs n’a aujourd’hui la visibilité nécessaire quant à son avenir dans un marché assez étroit et dont on ne cesse de repousser le seuil de saturation.
Vers un partage raisonnable
La bataille, qui semble se jouer sur des segments de marché eux aussi assez étroits, ne connaîtrait finalement d’issue qu’à la faveur d’un partage raisonnable de ces segments entre les trois opérateurs. Ce qui laisse à l’Etat, via l’autorité de régulation et le Conseil de la concurrence, un rôle prépondérant. Faut-il s’en féliciter?
Source: Jeune Afrique.
La cession des parts d’Orascom Telecom Holding dans capital de Tunisiana à Wataniya (qui appartient au qatari Qtel) et l’entrée annoncée, dans ce même capital, d’un important opérateur local, Zitouna Telecom, un consortium conduit par le groupe Princesse Holding, de Sakher El Materi, risque-t-il de changer la donne?
On peut estimer que ce changement dans l’actionnariat de Tunisiana va renforcer l’opérateur mobile et lui donner de nouveaux moyens lui permettant de préserver ses parts de marché dans ce segment, que lui rabote actuellement Orange Tunisie, et, pourquoi pas, obtenir, lui aussi, une licence 3G. Son directeur général, Yves Gauthier, n’affirme-t-il pas à ‘‘Jeune Afrique’’ que le cœur de son réseau est déjà compatible avec le haut débit mobile ? Mieux: «En six mois nous pouvons être opérationnels», assure-t-il.
De là à parler de couteaux tirés…
Malek Neïli