La croissance économique en Tunisie, qui a été perturbée par la révolution de janvier 2011, a enregistré une baisse d'environ de 2,4% par an en dinar constant, soit 9,7% sur les 10 derniers trimestres.
C'est ce qui ressort de la dernière étude publiée par le Centre tunisien d'intelligence et de veille économique (CTIVIE) relevant de l'Institut arabe des chefs d'entreprise (IACE) sur ''Les effets des perturbations post révolution sur la croissance économique''.
Les perturbations ont profondément affecté la vie économique
L'étude indique aussi que les activités du secteur des services marchands ont connu, durant la même période, la plus importante baisse du rythme de croissance, variant de 26,7% à 0,7%.
«La révolution a, en effet, engendré dans le pays à de multiples perturbations affectant profondément la vie économique et sociale des Tunisiens. Cela s'est traduit par des revendications à tous les niveaux, elles mêmes ayant conduit à des troubles et des agitations de la vie des entreprises et de l'administration», note l'étude. Qui ajoute: «A ce jour, ces perturbations continuent à se manifester à un rythme nettement moins soutenu même si on admet volontiers qu'il n'y a pas encore un retour à la normale.»
Les perturbations enregistrées durant les 30 derniers mois se traduisent par des effets sociaux et économiques jugés négatifs par la majorité des analystes «dans le sens que le rythme de croissance a connu une baisse au niveau de tous les secteurs par rapport à leur rythme d'avant révolution.»
En ce qui concerne la croissance économique, l'analyse des résultats des écarts entre le potentiel et le réel montre que l'écart moyen est de 9,7 % sur les 10 trimestres considérés, ce qui correspond environ à un effet mesuré par une baisse d'environ de 2,4% par année en dinar constant. La baisse peut devenir plus importante si l'on exprime l'écart en dinar courant.
Services marchands: le secteur le plus affecté
Les résultats obtenus prouvent que 6 sous-secteurs parmi les 7 considérés par l'étude (commerce, hôtellerie et restauration, services financiers, transport, poste et télécommunication, entretien et réparation et services marchands) ont été affectés par un écart irrégulier, tantôt haussier tantôt baissier de leur croissance, avec toutefois un écart positif moyen sur toutes les périodes, ce qui correspond à un effet vers la baisse du rythme d'activités sur les 10 trimestres post révolution.
Pour les 3 sous-secteur entretien et réparation, services financiers et services marchands, les effets à la baisse de la croissance sont assez faibles, avec respectivement 0,7%, 1,3 % et 6,7% sur une période de 10 trimestres post-révolution.
Pour les sous secteurs services 'hôtellerie et restauration', 'transports' et 'postes et télécommunication', les baisses de rythme sont plus élevées avec respectivement 9,2%, 10,5% et 12,5%.
Avec une baisse de 26.7%, le septième sous-secteur correspondant à l'activité commerciale enregistre un écart à la fois important et systématiquement positif le long des 10 trimestres, ce qui correspond à une croissance plus faible que la croissance potentielle de 2,67% par trimestre. De ce fait, ce secteur apparait comme le secteur le plus affecté par la baisse du niveau d'activité caractérisant la période post révolution avec une baisse annuelle d'environ 10,8% de la valeur ajoutée en prix constant.
«Cette baisse générale du rythme de croissance est, comme il est précisé par les diverses notes relatant la conjoncture de la Tunisie, le fait de la chute de la demande suite à l'érosion du pouvoir d'achat des consommateurs découlant de la hausse des prix de vente des divers produits et services durant les deux dernières années, à la baisse du niveau de la production, aux restrictions monétaires et financières qu'a connu notre pays, à l'absence d'une réelle volonté d'investissement privé, etc.», souligne l'étude du CTIVIE.
Le secteur de Commerce a été affecté, par ailleurs, par le resserrement du crédit, la concurrence déloyale impulsée par le commerce parallèle, les délais de paiement de la part des clients, etc.
I. B.