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Karim Ben Kahla, directeur de l’Iscae, répond ici à Faouzi Messeoud, gérant de FMSoft, dans le cadre de la polémique suscité par ce dernier à propos des conditions de partenariat entre l’université et l’entreprise.


 

L’université tunisienne a une obligation et un besoin vital: travailler et coopérer avec les acteurs de son environnement. C’est une question de vie ou de mort, et ces termes ne sont pas forts. Mais avec quels acteurs de cet environnement? Ne risque-t-elle pas d’être taxée de privilégier un acteur plutôt qu’un autre?

Mécénat et exploitation médiatique
L’exploitation médiatique du mécénat pourrait laisser entendre que l’organisme public, l’université en l’occurrence, aurait privilégié une marque au détriment d’une autre.
Si ce genre de raccourcis venait à se banaliser et à se diffuser, il n’y aurait plus d’ouverture sur l’environnement puisque la moindre conférence, le moindre exemple en cours, ou proposition de stages, ou participation à un conseil scientifique, etc., pourrait donner lieu à l’accusation de jouer le jeu d’une entreprise plutôt que d’une autre.
Alors que nos structures universitaires ont besoin de l’aide et de la contribution de l’ensemble de la société (et notamment des acteurs économiques), la majorité des entreprises tunisiennes ne savent pas faire du mécénat et n’ont pas de politique en matière de responsabilité sociétale. Elles laissent ce champ à la concurrence étrangère qui devient ainsi plus «patriote» que nos propres entreprises et qui, de temps en temps, sait venir en aide à nos structures universitaires.
Quand elles abordent l’espace universitaire, la plupart des entreprises tunisiennes n’y voient qu’un espace publicitaire et oublient de s’engager activement dans la formation de nos (leurs) enfants et étudiants.
Très rares sont les entreprises tunisiennes qui rentrent en contact avec des établissements universitaires pour les aider, leur proposer des stages, des moyens ou même apporter une petite contribution.

Le devoir des entreprises envers l’université
Il ne faudrait donc pas en vouloir aux universités ni encore moins à ces entreprises étrangères qui savent se rendre utiles à leur environnement (notamment universitaire), l’afficher et le dire tout haut.
Que la concurrence se fasse sur la capacité des entreprises à faire du mécénat et à déployer des formes de responsabilités et d’engagement publiques en faveur de nos établissements universitaires, cela serait une excellente chose et permettrait d’amorcer une dynamique gagnant-gagnant entre nos établissements universitaires et nos entreprises patriotes.
Pour l’instant, nous prenons tous ceux qui se présentent à nous et qui veulent bien nous aider à mieux former nos étudiants. Si on ne (re)connaît pas le mécénat et qu’on n’a jamais pensé proposé quoi que ce soit aux établissements universitaires (ni recrutement, ni stage, ni rien du tout), ce n’est pas la peine (et cela serait même très injuste et dangereux pour la dynamique d’ouverture de notre université sur son environnement) d’accuser des responsables qui acceptent l’aide (même quelque peu intéressée) de certaines entreprises qui savent afficher leur responsabilité sociétale, faire du mécénat et se rendre utiles à nos universités.
Autrement dit, il est inacceptable  (et irresponsable) que des personnes qui ne savent pas, ne veulent pas ou n’ont jamais pensé établir des coopérations sérieuses avec l’université viennent tuer dans l’œuf un début de coopération en la taxant de «partenariat douteux» qui serait basé sur une «complaisance suspecte»!!
Venez discuter de ce problème avec nos étudiants au lieu de colporter des affirmations et des accusations (même indirectes) qui nuisent à la réputation des universitaires et, plus grave encore, aux tentatives de construire quelque chose entre l’université tunisienne et son environnement.

Karim Ben Kahla, directeur de l’Iscae

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