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Dans une interview publiée sur le site du Deutsches Zentrum für Luft-und Raumfahrt (Dlr), le Centre aérospatial allemand, le professeur Chiheb Bouden, directeur de l’Ecole nationale d’ingénieurs de Tunisie (Enit), évoque les perspectives de développement des énergies renouvelables en Tunisie. Propos recueillis par Dorothée Bürkle.


Que pense-t-on de Desertec en Tunisie?
Prof Chiheb Bouden:
C’est un projet important pour la Tunisie. Parce que la Tunisie ne produit pas de pétrole, nous importons de l’énergie. Le prix de l’énergie est en hausse. A l’avenir, nous devrons chercher des formes alternatives de production d’énergie. La mis en place du projet Desertec serait une bonne occasion pour nous, d’abord parce que nous pourrons ainsi produire de l’énergie, et ensuite parce que nous pourrons aussi être connectés au réseau européen de l’énergie. C’est aussi un moyen pour le pays d’assurer sa sécurité énergétique. Troisièmement, ce serait une bonne opportunité pour réaliser un transfert de technologie et nous permettre à terme de développer nos propres usines. On pourrait également produire des composants des systèmes. Bien sûr, nous ne pourrons pas produire des systèmes complets en Tunisie, mais cela vaudrait la peine de commencer à en produire des pièces en Tunisie, car cela pourrait réduire le prix global de ces systèmes.

Qu’est-ce qui est le plus important selon vous: produire de l’électricité pour votre marché local ou l’exporter?
Nous devons trouver un bon compromis. Nous devons commencer à produire de l’électricité et fixer ensuite des taux, un pour la consommation locale et un autre pour l’exportation. Nous devrions probablement avoir un réseau qui nous permettrait d’équilibrer nos besoins. Il doit donc y avoir un échange, plutôt qu’une simple opération de vente d’électricité.

Votre pays peut-il fournir des experts pour construire des usines?
Nous avons beaucoup de bonnes universités, avec beaucoup de diplômés qui sont à la recherche d’emplois stimulants et de haute qualification. Ces universités peuvent aider à introduire le concept Desertec. Elles peuvent offrir de nouveaux programmes consacrés à l’enseignement de cette technologie.

Ne craignez-vous pas que les entreprises étrangères ramènent leurs propres experts?
Je ne le crois pas. La Tunisie est un pays ouvert. Nous avons beaucoup d’entreprises et d’investisseurs européens ici. A l’expérience, ces entreprises emploient beaucoup les experts tunisiens. Au début, elles commencent avec du personnel européen qui forme des employés locaux. De ce point de vue, je n’ai aucune crainte parce que le niveau de l’éducation en Tunisie est plutôt bon.

Vous avez été impliqué dans le projet enerMENA dès le début. Quelle a été  votre expérience jusqu’à maintenant?
Positive. J’enseigne l’énergie solaire depuis les années 1980, mais je n’ai jamais enseigné l’énergie solaire à concentration parce qu’il n’y avait pas d’application pour cette technique en Tunisie. Cela a changé maintenant, nous avons besoin de personnes ayant une expérience, au Nord et au Sud. Nous avons besoin aussi  d’interagir à la fois parce que nous avons des difficultés et pouvons beaucoup  apprendre les uns des autres.

Traduit par I. B.