L'avenir de la société pharmaceutique tunisienne Opalia Pharma est désormais scellé à celui de Recordati, groupe pharmaceutique italien de renom qui poursuit son expansion à travers le monde. L'évènement mérite d'être célébré.

Par Zohra Abid

Car, ce n'est pas tous les jours qu'une société tunisienne s'associe à une entreprise géante pour fabriquer ses produits. «Il s'agit d'un événement important et qui mérite d'être fêté», a confié à Kapitalis Dr Alya El Hedda, fondatrice et directrice générale d'Opalia Pharma.

Recordati s'empare des 90% d'Opalia Pharma

Jeudi 30 janvier, une cérémonie a eu lieu à l'Acropolium de Carthage, autour d'un buffet dînatoire pour célébrer l'entrée de Recordati dans le capital de Opalia Pharma. C'était en présence de Raimondo Do Cardona, ambassadeur d'Italie en Tunisie, d'un parterre de pharmaciens, chercheurs, amis et amis des amis. Le tout Tunis (ou presque) de la recherche scientifique était au rendez-vous.

Andrea Recordati (à droite) avec l'ambassadeur d'Italie.

Mais avant de passer aux boissons, salés et sucrés, les responsables d'Opalia Pharma et du groupe Recordati ont fait un speech pour parler de leurs parcours respectifs, du partenariat économique et scientifique qu'ils viennent de sceller et du chemin qu'ils comptent faire ensemble.

«La cession des parts a eu lieu il y a 6 mois. L'entreprise Recordati a racheté 90% des parts de notre société spécialisée dans l'industrie des génériques pour 35 millions d'euros. Mais je reste encore associée», a précisé Alya El Hedda à Kapitalis.

Selon cette pharmacienne, originaire de Sousse, ayant fait ses études à la faculté de Chatenay-Malabry (France), la société Opalia Pharma, qui a démarré, il y a 25 ans, et a réussi, grâce au dynamisme de son équipe, à hisser le niveau de la technologie et de la recherche pharmaceutique en Tunisie.

Alya El-Hedda fière des réalisations d'Opalia Pharma en 25 ans d'existence.

Le choix du groupe italien n'était pas un hasard

«Nous avons préféré vendre les parts au groupe Recordati, qui a une notoriété internationale, et non à un fonds d'investissement. Ce groupe partage avec nous la même vision et le même engagement», a précisé Dr El Hedda.

Le groupe italien «nous a choisi aussi, pour le management, l'expertise et la compétence de notre équipe. Il a, en fait, racheté notre savoir-faire», a renchéri la pharmacienne, avec une pointe de fierté.

Le chiffre d'affaires d'Opalia Pharma, dont les laboratoires sont situés à Kalaât El Andalous, au nord de la capitale, a atteint 40 millions de dinars en 2013. «La société a démarré avec seulement 4 personnes. Elle emploie aujourd'hui 400 entre chercheurs, pharmaciens, médecins, qui ont, pour la plupart, fait des études dans les meilleurs établissements européens. Nous sommes et nous resterons au service de la médecine et de la santé publique avec des valeurs sociétales», a indiqué Mme El Hedda. «Grâce au nouvel associé, Opalia Pharma, déjà présente en Afrique, va briller notamment dans les pays du Golfe. Et pas seulement», a-t-elle enchaîné.

Du savoir-faire tunisien à exporter

Revenant sur cette acquisition d'Opalia Pharma, Andrea Recordati a précisé qu'il s'agit d'une nouvelle étape dans la stratégie de l'entreprise familiale, qui cherche à accroitre ses activités dans les marchés émergents. Le groupe italien compte désormais sur l'excellente équipe tunisienne pour aller de l'avant et développer, à la fois, le segment de la recherche et celui des affaires.

Alya El-Hedda:  «La société a démarré avec seulement 4 personnes. Elle emploie aujourd'hui 400 entre chercheurs, pharmaciens, médecins.»

«Oui, nous sommes fiers du chemin parcouru en 25 ans. Mais nous sommes ambitieux et c'est pour cette raison que nous avons conclu un accord avec le groupe mondial pour notamment apprendre de lui et mieux se développer», a renchéri la fondatrice d'Opalia Pharma.

Andrea Recordati, l'héritier d'une famille d'industriels pharmaceutiques a indiqué que la maison, fondée en 1926 à Milan, est cotée depuis plusieurs années à la bourse. Et qu'au fil des ans, le groupe poursuit son expansion à travers le monde. Et surtout en Europe.

M. Recordati a passé en revue notamment les succès de Recordati, qui emploie aujourd'hui 3.300 personnes et jouit d'une bonne presse partout où il s'implante.

Le chef d'entreprise italien n'a pas omis de rappeler que le groupe a lancé ''The Arrigo Prize Recordati'', un prix d'une valeur de 100.000 euros, attribué tous les 2 ans pour la recherche scientifique. En émettant l'espoir de voir un jour un Tunisien recevoir ce prix.