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En Tunisie comme ailleurs en Afrique du Nord, le développement de l'Internet haut débit a besoin d'un environnement entièrement concurrentiel, où c'est le marché, et non pas le gouvernement, qui décide du nombre des opérateurs.

Par Yassine Yousfi

 

Le nouveau rapport du la Banque mondiale intitulé ''Les réseaux haut débit dans la région Mena: pour une accélération de l'internet haut débit'' présente une évaluation de la connexion à Internet haut débit dans la région du Moyen Orient et d'Afrique du Nord (Mena).

L'étude identifie les principaux obstacles qui ralentissent la croissance de l'internet haut débit dans les pays arabes et apporte des recommandations pour accélérer les investissements dans ce domaine.

Connecter les marchés et faciliter l'accès au savoir

«Le développement du haut débit peut considérablement augmenter la production et l'exploitation du contenu numérique dans la région, rendant le savoir et les connaissances accessibles», indique le rapport. D'autant, ajoute-t-il, que «le haut débit permet, aussi, l'intégration des entreprises et des entrepreneurs dans la région et la multiplication des opportunités professionnelles, en connectant les marchés locaux aux pourvoyeurs d'emplois internationaux».

Le Rapport Mondial sur les Technologies de l'Information, paru en 2013, indique que les pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG), dont le Qatar, les Émirats arabes Unis et l'Arabie saoudite, ont considérablement amélioré leur performance globale traduite par un important investissement dans le secteur des TIC, vecteur de diversification et de transformation de leurs économies.

En revanche, toujours d'après le rapport, les pays d'Afrique du Nord ont soit ralenti ou, dans le meilleur des cas, juste maintenu les efforts entrepris jusque-là pour s'appuyer sur les TIC dans leur processus de transformation économique et sociale vers des activités davantage fondées sur la connaissance et des sociétés plus ouvertes.

Le haut débit en phase d'émergence

«Dans les pays de la région Mena, les prix du haut débit fixe représentent 3,6% du revenu mensuel moyen par habitant, alors que les prix du haut débit mobile se situent à 7,7% de ce même revenu. Djibouti, la Syrie et le Yémen sont significativement au-dessus du niveau des 5%. Les pays du Nord d'Afrique (notamment la Tunisie) ont également atteint ce niveau qui rend possible le décollage rapide du haut débit», rapporte l'étude.

Reste que l'analyse du pouvoir d'achat indique qu'en Tunisie «les 20% les plus pauvres de la population doivent consacrer plus de 40% de leur revenu disponible pour s'offrir le haut débit, fixe ou mobile.» Ce qui constitue, à non point douter, un frein au développement de l'Internet haut débit

L'étude rapporte également que la plupart des marchés du haut débit fixe dans la région Mena sont «insuffisamment développés, étant encore en phase d'émergence». En effet, «à la fin de 2012, les taux de pénétration du haut débit fixe n'ont pas dépassé les 25% dans plus de la moitié des pays de la région (y compris la Tunisie), contre un seul pays se situant au-dessus de 70%.»

Toujours d'après le rapport, on constate que la faiblesse derrière ces taux se traduit par les prix relativement élevés du haut débit. «En Algérie, comme en Tunisie, le haut débit fixe présente des taux de pénétration à des prix relativement élevés. Pour l'Algérie, cela s'explique par l'absence de haut débit mobile dans le pays. En Tunisie, le développement du haut débit fixe à des prix élevés peut s'expliquer par la même raison, car les services 3G n'ont été introduits qu'assez récemment (2010) et que leur pénétration est encore relativement limitée.»

C'est le marché qui décide et non le gouvernement

L'examen de la situation fait ressortir que, dans 10 des 19 pays de la région Mena, les marchés du haut débit fixe et mobile se trouvent dans leur phase d'émergence. Le déploiement de l'infrastructure et le développement de la concurrence sont donc les principaux défis auxquels font face ces pays.

Le rapport constate également que sur les 19 pays de la région Mena, 10 ont le statut d'émergent sur les marchés du haut débit fixe et mobile (dont ceux d'Afrique du Nord), contre 8 en phase de croissance et un seul en phase de maturité (Bahreïn).

«Les seuls pays à avoir introduit des licences 4G sont Oman, l'Arabie Saoudite et les Émirats arabes Unis. Un des éléments clés de la transition du 3G vers le 4G est la disponibilité de terminaux haut débit mobile», indique le rapport.

«Dans la région MENA, seuls le Bahreïn et la Jordanie ont mis en place une politique de libéralisation intégrale du secteur, tous les autres pays ne comptant qu'un nombre limité d'opérateurs titulaires de licences», rapporte encore la Banque Mondiale. Tout en précisant qu'«en Tunisie, par exemple, le gouvernement est obligé, de par la loi, de s'inscrire dans un processus d'appel d'offre concurrentiel, chaque fois qu'il décide d'octroyer une nouvelle licence de télécommunication». Or, «dans un environnement entièrement concurrentiel, c'est le marché, et non pas le gouvernement, qui décide du nombre des opérateurs».

Pour lire le rapport.