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Les turbulences économiques qui ont suivi la révolution n'ont pas épargné l'artisanat. Les professionnels tentent de relancer leur secteur à travers des campagnes de sensibilisation.

Par Yüsra N. M'hiri

A l'occasion du «Mois du tapis et des tissages», qui se déroule du 1er au 31 mars, l'Office national de l'artisanat (Ona) et la Fédération nationale de l'artisanat (Fena) ont tenu une conférence de presse, mercredi, au siège de l'Utica, pour présenter les différents événements marquant ce mois et appeler le gouvernement à se pencher sérieusement sur leur secteur pour que le patrimoine tunisien soit sauvegardé et qu'il puisse être retransmis aux générations futures.

Les menaces du commerce parallèle

Salah Amamou, président de la Fena, tire la sonnette d'alarme. «Depuis la révolution du 14 janvier 2011, nous sommes vraiment dans une situation difficile, surtout que la contrebande des produits artisanaux devient envahissante et menace la survie des artisans», explique-t-il.

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De gauche à droite: Zine Taamalli, Salah Amamou et Hamza El-Fil.

Malgré les nombreuses alertes lancées sur les dangers sanitaires que représentent les produits de contrefaçon introduits illégalement en Tunisie, le commerce parallèle se banalise et les produits de l'artisanat tunisien, qui sont plus chers, sont abandonnés.

«La qualité des produits contrefaits laisse à désirer, mais le plus grave, ce sont les dangers qu'ils représentent pour la santé des utilisateurs», insiste M. Amamou, qui n'a de cesse de souligner «l'impact négatif de la contrefaçon sur certains produits de l'artisanat tunisien, qui sont menacés de disparition si nous ne faisons rien pour les protéger».

Il y a donc une utilité à revoir le statut de l'Ona, afin qu'il puisse tenir son rôle dans le système de production et de distribution des produits d'artisanat dans les meilleures conditions possibles et aplanir les difficultés auxquelles font face 350.000 artisans. Ces derniers espèrent, d'ailleurs, être rattachés au ministère du Tourisme, puisque les deux secteurs sont intimement liés, et non à celui du Commerce, comme c'est le cas aujourd'hui.

«Depuis la révolution, la baisse des activités touristiques nous a directement impactés. Il serait donc intéressant que nous travaillions directement avec le ministère du Tourisme pour essayer, ensemble, de relancer les deux secteurs», ajoute M. Amamou, qui fait confiance à Amel Karboul, la ministre du Tourisme, pour recréer cette complémentarité nécessaire.

L'artisanat connaît de grandes difficultés au niveau de la main-d'œuvre et de la distribution des produits. Il y a un manque d'engouement pour la formation et le travail dans ce domaine. «Au-delà de la passion, les gens travaillent pour gagner leur vie. Or, s'il n'y a pas de retour sur investissement, ils finissent par abandonner et c'est légitime», souligne, de son côté, Hamza El-Fil, directeur général de l'Ona.

Zine Taamalli, président de la Chambre nationale du tapis et du tissage, membre de la Fena, insiste, de son côté, sur les conséquences des réformes demandées sur la vie des citoyens. «Les actions de promotion aideront les producteurs de tapis et tissages à écouler leurs produits. Et comme il s'agit de personnes qui habitent dans des régions défavorisées, on contribuera ainsi au développement de ces régions», souligne-t-il.

Haro sur les habits afghans

Les conférenciers ont émis le souhait de voir rétablir la journée de l'habit national et traditionnel, disparue après la chute du régime de Ben Ali, initiateur de cette tradition. Ils ont appelé aussi à organiser des événements culturels importants autour du patrimoine artisanal, afin d'imprégner les jeunes des us et coutumes de leurs ancêtres.

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Rétablir la journée de l'habit national et traditionnel.

«Il y a aujourd'hui une mode en vogue, celle des habits afghans. Ces habits ne sont pas les nôtres. Il faut donc remettre les choses à leur place et faire de la journée de l'habit traditionnel une grande manifestation pour valoriser nos traditions, pas celles importées depuis la révolution», explique Salah Amamou. Il ajoute: «L'histoire, la culture et le patrimoine de la Tunisie sont riches, protégeons-les!»

A l'occasion du Salon national de l'artisanat, qui se tiendra du 24 avril au 5 mai, des concours seront mis en place pour valoriser le travail des artisans, notamment les artisanes qui tissent les tapis. Celles-ci vont concourir pour 3 prix leur permettant de gagner une somme d'argent qui leur servira à améliorer leur atelier de confection.

L'Ona et la Fena espèrent également être soutenues par les médias. «Il serait agréable de voir plus de journalistes à nos conférences, et les médias couvrir nos événements culturels. Cela valorisera le secteur et contribuera certainement à son expansion», conclut M. Amamou.